Addiction
camishka
Il y a quelques jours, quelqu'un m'a dit qu'il était accro à la cigarette. Au début, quand il a commencé à fumer, il en détestait le goût. Maintenant, il ne le sent plus, mais c'est bel et bien ce qu'il recherche en continuant à fumer. Et il a finit en me disant que ce n'était absolument pas rationnel. Mais qu'il y a-t-il de rationnel dans les addictions? C'est comme passer un mois, un an avec un garçon qu'on aime mais qui n'est pas du tout notre genre. C'est loin d'être rationnel, mais l'amour est une forme d'addiction qui ôte tous les défauts à l'objet de l'addiction. Ce qui explique la présence d'un manque lors de la fin d'une relation. Et nous devons sans cesse craindre une rechute.
Comment lutter contre les fantômes du passé de l'être aimé? On est sans cesse dans la peur qu'ils reviennent le hanter avec trop de conviction. La peur non plus n'est pas rationnelle. Rien n'est rationnel quand cela touche de trop près aux émotions. La peur de le perdre. Cette peur du manque qui survient lors du sevrage.
L'addiction est, je pense, l'une des choses les plus irrationnelles qui puissent exister. Elle est créée par le manque entre deux doses. Et on ne peut se passer du manque, ni de l'objet du manque. La pire addiction, sans doute celle de l'amour car elle nous emprisonne, nous plonge dans un état léthargique où la seule chose qui nous importe, la seule chose à laquelle on peut penser est celui qu'on aime.
Mais elle est également la plus belle car on ferait n'importe quoi pour cette personne. On lui offre notre âme en espérant qu'il nous offre la sienne en retour. Belle et destructrice à la fois. De cette addiction nous souffrons le plus, sans raison particulière. Sans doute est-ce à cause de la puissance de l'amour, ajoutée à l'addiction pure et simple?
Aimer c'est souffrir. Souffrir à vouloir en crever, à s'arracher la peau. Souffrir à vouloir souffrir encore plus. Parce que cette souffrance nous rend dépendants. Une souffrance rassurante. Une souffrance qui nous fait tellement de bien. Cela nous prend aux tripes, cela envahit tout notre être. Et cela nous détruit. Lentement, insidieusement. On n'attend plus qu'une chose : l'explosion, le rayonnement de notre esprit malade. La douleur suprême entraînant un plaisir sans pareil. Pouvons-nous désormais prétendre que l'amour est rationnel?
"L'amour est une catastrophe magnifique : savoir que l'on fonce dans un mur mais accélérer quand même" : je trouve que cela résume bien ce que tu dis!
· Il y a environ 10 ans ·Très joli développement, et très belle manière de réfléchir.. Merci!
Petite Plume Volcanique
Merci à toi :) très jolie citation et très à propos :)
· Il y a environ 10 ans ·camishka
formidable. ?Je partage chaque mot de ce développement brillantissime.. J'ai vécu toutes les addictions de l'amour et du jeu. Aucune drogue, aucun nectar, car ne supportant rien de santé fragile. Mais j'ai connu la dépendance à l'écriture en état de dépendance et c'est un grand regret que cette dépendance m'ait quittée. Et il m'en reste bien le manque du manque, et son grand vide qui vient après .
· Il y a environ 10 ans ·elisabetha
Merci beaucoup, je suis ravie que tu aimes mes textes. J'ai "l'avantage" que mes addictions soient cycliques. Elles partent puis reviennent quand mon état d'esprit s'accorde avec elles. Mais celle qui m'attriste le plus par son absence, c'est l'écriture.
· Il y a environ 10 ans ·camishka
donc nous nous comprenons.
· Il y a environ 10 ans ·elisabetha
L'amour est très loin d'être rationnel, c'est clair.
· Il y a environ 10 ans ·dreamcatcher
Et heureusement d'un autre côté. Enfin quelque chose qui n'est pas quantifiable, standardisé ou autre.
· Il y a environ 10 ans ·camishka