Alfred

Hervé Lénervé

- Alfred, vous venez au bureau en chausson, maintenant ? - j’ai eu les pieds brûlés, moi, monsieur. - Pardon ! - Par le travail.

Un porte-flingue fiévreux demande à un autre porte-flingue, non fiévreux, de récupérer le colis à sa place.

-         T'es marrant, comment je le reconnaîtrai ton Alfred ?

-         Tu verras, il a des Charentaises.

-         Des Charentaises ? A la gare ? En pleine canicule ?

-         Oui, il a toujours des Charentaises ! Je l'ai toujours connu avec des Charentaises. On me dirait qu'il ne veut pas être enterré avec des Charentaises, ce serait une erreur fatale, car ce mec, c'est une paire de Charentaises.

-         Remarques, c'est confortable la Charentaise.

-         Oui ! Et de plus, c'est seyant avec un costume cravate-chapeau-gants et canne, la Charentaise !

-         Ça nous rappelle la campagne bucolique avec les champs où poussent les vaches à lait.

-         Des champs fleuris de vaches, quoi ?

-         Ouais ! Mort aux Vaches !

-         Pour en revenir à Alfred. Concentre-toi sur les Charentaises, ce qu'il y a au-dessus est parfaitement insignifiant. Donc, tu mates les Charentaises. En pleine gare de Lyon, il ne devrait pas y en avoir beaucoup à cette heure-là. En général, elles sortent plus tard, pour sortir le chien à chier.

-         Et s'il y a une autre paire ?

-         Déjà, si c'est une femme, tu l'élimines de la liste.

-         Merde, j'ai laissé mon flingue à la maison.

-         T'inquiète, je vais t'en prêter un.

Maintenant si c'est deux mecs insignifiants, là, tu es dans la merde ! A moins que tu ne leur demandes leurs noms. Le mien c'est Alfred Einstein, le fils d'Albert, mais en débile.

Signaler ce texte