Alors voilà.

Cathy Galliègue

Les 1001 vies des Urgences.

Parfois, un humain touche un autre humain. Il le fait pour soigner, au pire pour traiter, au mieux pour guérir.

Parfois, dans un univers aseptisé où le temps est compté, où les soignants ne font que passer, parfois un lion surgit et raconte des histoires. Maintenir encore un peu la vie. La retenir avec des histoires à dormir debout, des histoires de tous les jours à l'hôpital.

Et l'humain s'accroche aux histoires du Docteur lion, lui dit qu'il a eu raison de vouloir un jour être docteur. Parce les fluides du corps, les abcès, les plaies, la merde, ce n'est pas sale. Rien de l'humain physique ne le dégoute. Notre mécanique parfaite est un tube, il nous le dit le Docteur lion, mais ce tube ne navigue pas au milieu de rien.

Et quand il a soigné les plaies, quand il a vidé un intestin encombré, tout en laissant croire à son patient que son honneur est sauf, quand il a suturé, rassuré, plâtré, quand il a introduit ses mains là où personne ne voudrait les mettre, même s'il s'agissait de sa propre mère, il s'assit au bord du lit et raconte des histoires.

Il est au bord de ses patients, comme on est au bord d'une falaise, il sait que la chute est là mais il retient aussi fort qu'il le peut en racontant la vie. Et puis il laisse glisser la main quand la vie devient plus sordide que la mort, il lâche en disant merci, au revoir.

Si un jour je dois être malade, je voudrais que ce docteur-là, Baptiste Beaulieu, me raconte des histoires, j'en ai pas mal à lui raconter aussi.

Baptiste, ne devenez jamais un vieux con de médecin suffisant et blasé, ok?

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