Âme-stram-drame

Juliet

Je ressens un relent fluctuant dans la pièce d'à côté
Une atmosphère qui s'imprègne dans les murs de plâtre et traverse mon mur de glace
             Je suis un peu immobile, cristallisé dans mon sentiment
Et dans mes mains blafardes les pages de noires ratures,
ou le journal intime de ce frère qui fut le mien, qu'importe que notre sang le sache ou pas.
                 Il a descendu les escaliers et ne les remontera plus.
Dans la pièce d'à côté,
comme peut-être un peu partout en vérité,
la fenêtre est fermée.
Nulle fuite n'est possible
Et le relent qui emplit mes poumons comme un poison tétanique ne s'échappera pas
                 Au fond de mon cœur mort
j'ai comme une envie de vie.

Et au travers de mes larmes, les aveux se mélangent avec les adieux
Pourquoi parvenir aujourd'hui à lire des pages éclaboussées d'encre noir
tandis que je ne voyais rien dans l'âme d'un blanc presque transparent de ce frère ?
                          Je ne comprends pas, je n'ai jamais compris
Et de mon regard perdu vers le ciel, si bleu que j'ai cru y voir le Paradis de ses yeux,
 le Paradis de ses vœux
Je contemple le vide de ma douleur, la douleur de mon vide
Étais-je trop naïf ou trop orgueilleux de croire mon étreinte lui être éternité ?
Mais c'est l'éternité qui fut son étreinte, anagramme âme-stram-drame

Je ressens un relent fluctuant dans la pièce d'un côté
J'ai mes rêves qui font la grève, ma sève qui se crève et ma verve qui s'achève.
              Si notre sang ne savait pas que nous étions des frères, lui et moi
Je ne sais plus quels liens me rattachaient à lui.
A travers mes larmes de souffrance, un peu comme une arme de défense,
ses mots se brouillent.
Et de lui je ne peux plus rien lire
Tout comme je n'ai jamais su le faire.
               Et toujours ce relent fluctuant dans la pièce d'a côté.
                      Elle est là, celle que je n'ai jamais été capable de voir
         La mort qu'il a attendue, la mort qui l'a attenté
                          Et puis son corps étalé là, trop froid pour le réchauffer             

  • très beau et bien écrit, réellement très émouvant...

    · Il y a environ 14 ans ·
    4gwbjybo orig

    hecate

  • J'ai comme une envie de vie...Toujours si beau!

    · Il y a environ 14 ans ·
    Arbre orig

    pointedenis

  • j'ai bien aimé. Le style, la musicalité, la profondeur du discours, la respiration des mots, et celui qui se sert de sa lyre, me mettent aux anges.

    · Il y a environ 14 ans ·
    Cire orig

    Ciré Ndjim

  • Je précise, ce texte n'est nullement un hommage mais juste une histoire sortie de mon esprit. Si tout ce que j'écris devait venir de ce que je vis, seigneur je n'aurais presque plus qu'à m'en remettre à l'abandon de moi-même.
    (D'autant plus que les narrateurs de mes poèmes/nouvelles sont pratiquement toujours des hommes...)

    · Il y a environ 14 ans ·
    Hizaki6 orig

    Juliet

  • très triste, prenant et j'entends votre respiration et votre coeur battre à chaque phrase.. un bel hommage.. si profond..

    · Il y a environ 14 ans ·
    15592326 141051769716160 1919602287 n

    thelma

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