Ami, buvons jusqu'à demain

mat_lartnak

Ca fait un bail qu'on s'est pas vu,

Tu m'as manqué tu sais.

C'est sûrement comme ça qu'ça

va commencer.

On va d'abord sourire bêtement

et puis on va s'embrasser,

s'asseoir au bar,

face au comptoir,

parler d'la vie sans poésie.

Les politesses qui sont d'usages,

la famille, le travail,

où est-ce qu'on en est dans nos credits.

Laisser les choses se décanter,

quelques silences un peu gênés...


Et ...


Quand on aura vidé nos vers

de leur substance, de leur matière.

Qu'on aura pris de la distance

et qu'on fera moins de manière,

portant le bock au bord des lèvres,

on laissera trinquer nos âmes

à toutes ces fièvres qui nous animent,

à la grandeur du macadam.


On parlera du bon vieux temps.

On ressassera de belles histoires,

de ces légendes qui font les gens,

qui font passer le désespoir.


Et on trinquera encore

pour le sourire des dames

et aux yeux qui pétillent,

à tous nos petits drames,

aux années qui s'empilent,

aux gamins qui grandissent

et aux pièces rapportées,

aux blessures qui guérissent,

aux pardons accordés


Et puis aussi à tout le reste :

la connerie, la folie,

la mort, la maladie,

les jours qui s'éternisent,

et ceux qui passent trop vite.

Et ceux qui passent trop vite !

Jusqu'à c'qu'on voit dans nos mirettes

danser la flamme de nos 20 ans.

Ce premier amour aux seins blancs

et tous nos espoirs indécents.


Alors enfin, au petit matin

en s'empoignant la main,

on se l'dira,

on s'le dira putain :

"Tu sais qu'je t'aime!

tu sais qu'je t'aime mon pote!

C'est grâce à toi

qu'j'me sens

droit dans mes bottes”.


Et puis on s'en ira

bras d'ssus, bras d'ssous

sans chercher a savoir

qui soutient l'autre

nous tout c'qu'on veut

C'est du soleil plein les yeux

et du monde au balcon

L'éternité pour horizon

et l'amitié pour oraison


Signaler ce texte