Amour Propre

Fanny Berrebi

Synopsis

« Une intrigue qui se noue autour d'un sac de culottes sales »

Ici nous avons Mathieu avec un seul T. Là, nous avons Elodie, avec son chat, son blog, facebook et un grand vide.

Mathieu joue à marketer son profil meetic pour le fun. Sur son blog, Elodie raconte qu'elle ne croit plus en l'amour. Tous les deux le font beaucoup, l'amour, mais ils ne le vivent pas de la même manière.

Mathieu et Elodie ne se connaissent pas et ne vont pas se rencontrer pour coucher ensemble, mais leurs fringues voleront quand même, et c'est dans les mains de Mathieu qu'Elodie va laisser son linge sale.

Elle va perdre coup sur coup ses culottes et sa dignité dans les bras de son ex. Tandis que Mathieu ne sait pas encore qu'il devra lui aussi affronter son passé amoureux. Et comme un secret peut en cacher un autre, on s’aperçoit qu’Elodie et Christelle ont quelqu'un en commun… et il ne s’agit pas de Mathieu.

De son côté compterait bien sur ses amis Raphael et Vincent mais ils sont amoureux. Raphael d'un ange et Vincent d'Elsa ... la petite soeur d'Elodie...

Toutes ces anecdotes vont se nouer au fil de statuts facebook coupables, de mails révélateurs, de SMS honteux... où l'on s'aperçoit finalement qu'on lave son linge sale entre amis aussi.

DEBUT

MATinal

Le soleil tente une percée par la fenêtre et transforme l'essai dans ma cornée, marquant un point contre mon cerveau : je ne dors plus, apparemment.

J’ose un œil timide à l’horloge et ... voilà ! 10h. Foutredieu, pourquoi n’ai-je pas fermé les volets ?

10h un samedi, c’est l’aube, l’aurore, potron-minet si vous voulez. D’habitude, utiliser des expressions désuètes me met en joie, mais pour l’heure je suis désespéré. Il faut absolument que je dorme sous peine de devenir fou. Je m’accroche à ma couette et m’enroule comme un nem, ferme les yeux et récite un mantra. « Mathieu, respire et imagine que tu dors »…

4h de sommeil en 3 jours, le boulot, les sorties, internet … et maintenant cet intrus de soleil…

***

Je veux être honnête avec toi lecteur : je ne suis pas le genre de fille à étaler mes états d’âmes en faisant que me plaindre. Mais il faut bien dire les choses et ce blog est fait pour ça.

Quand à 29 ans, tu remplaces le Stilnox par le Côte de Bourg, t’as pas besoin de sortir de Centrale pour savoir que tu es à un an et une prescription de devenir une de ces trentenaires nauséeuses que j’honnis (et non pas Ah que Johnny ! lol).

Mais hier soir j’ai compris quelque chose. Ca s’est imposé tout seul et je l’ai solennellement annoncé à toutes les personnes présentes, autrement dit un très bon Côte De Bourg mis en bouteille au château : « J’y crois plus. J’y crois plus t’façon, on a beau dire on a beau faire, y’a rien à faire. J’y crois plus ! »

Quand je bois je me répète.

Je ne trouverai jamais l’homme qu’il me faut tout simplement parce qu’il n’existe pas.

Alors je t’y vois déjà toi là bas par-dessus tes lunettes de lecture, en train de t’apitoyer sur mon désabus (ça se dit ça d’abord ?). Tout va bien pour moi, merci.

Comme on dit, bien qu’il n’y ait que moi qui le dise vraiment. Faute de trouver l’âme sœur, croiser le corps frère peut passer le temps dans la joie.

Alors si tu crois que d’ici les 6 prochains articles, je vais trouver l’amour ou au moins identifier un potentiel, je te le dis tout net tu cliques sur la petite croix là haut et tu cherches un autre blog.

Parce que cela n’arrivera pas.

J’espère que j’ai été claire. Ici on trouve une personne désabusée qui va donc penser à profiter de la vie. C’est le blog d’Elodie.

Sur cette mise au point digne des plus grands succès de Jackie Quartz, je te la souhaite bien bonne cher lecteur.

Publié dans : Je ne me plains pas je constate Mots clés : desabus deza trop bu  

***

Dehors, le soleil de 10h me nargue d’un air résolu. Peut-être va-t-il falloir sortir aujourd’hui. L’idée d’un petit déj en terrasse me caresse un instant. Cela devrait suffire à me faire lever. Quoique me dis-je en contemplant mon sexe en érection… L’attrait des plaisirs solitaires me tire de ma torpeur et me pousse à regarder sous mes draps, à tout hasard. Des fois qu’une donzelle s’y serait égarée, reliquat d’une soirée trop arrosée. Personne. Ou plutôt tout le monde puisque mon iPhone est là, pendu comme à son habitude à son petit fil blanc, connecté, prêt-à-l’emploi.

C’est à ce moment précis que le tonnerre éclate et soudain, il pleut.

Damned, me voir gâcher ainsi la perspective d’un petit déjeuner en terrasse me coupe toute velléité d’onanisme. Je suis dépité.

Je me tourne alors vers mon seul membre qui ne mollit pas : le téléphone.

De : Mathieu

A : Vincent ; Raphael

De deux choses l'une, soit tu es dispo pour un brunch, soit je me résous à me taper les résidus de ma dernière expédition en territoire Auchan (la vie, la vraie) en guise de petit déjeuner.

De : Vincent

A : Mathieu

Suis au bord d’un lac avec mon daron. 25 degrés petit !! On pèche, et on t’emmerde. Je t’avais proposé de venir.

De : Raphael

A : Mathieu

Pas le temps, trop de taf, mais je ferai bien une pause en lisant ta fameuse recette ! Tu m’avais promis ! Bizs

***

« Parfois, je me dis que je n’en ai rien à foutre de rien et que ça va finir par me poser des problèmes... ou pas … » écrit Elsa sur son mur facebook. Elle s’ennuie.

Levée trop tard pour faire quoi que ce soit d’intéressant, pas assez tard pour se recoucher.

Elle mérite bien cette année sabbatique. 2 ans dans une agence bancaire de Trappes, quand t’habites à Nanterre, ça donne le goût de la glande.

Et comme elle a que ça à faire, elle pense à Vincent...

Sa sœur lui a dit qu’il était trop beau, trop insaisissable. Qu’il fallait le snober un peu pour éviter qu’il prenne le dessus. Mais Elsa ne trouve pas. Elle le trouve plutôt super gentil et vachement accessible pour un beau gosse pareil. Enfin il se coiffe avec son cul quand même. Bon.

Du coup elle voit pas pourquoi elle répondrait pas à son mail.

De : Vincent

A : Elsa

Objet : Blog

Salut petite Elsa, dis moi t’avais pas une cousine blogueuse ? une copine ? C’est pour le boulot.

De : Elsa

A : Vincent

Objet : Re : Blog

Euh … inutile de me faire croire ke tu travailles le samedi pour obtenir qqch de moi. La preuve : www.elodie-moi-tout.com ;-) et c ma sœur pas ma cousine !

Bisounettes Elsa


De : Vincent

A : Elsa

Objet : Re : Re : Blog

Tu m’as eu cocotte. Je suis à la pêche et j’ai pensé à toi. Merci l’iPhone. Il n’y a que toi qui me retiens de jeter cette machine de l’enfer par dessus bord, tu le sais ça ?

Elsa sourit.

***

« Négligence… Triste repaire des parigots dont la course effrénée ne laisse pas de place au temps des courses, triste quartier sans le moindre épicier, triste Mathieu qui n’a rien à bouffer… » 

Je travaille à entretenir des statuts poétiques sur les réseaux sociaux. Quitte à y être… Et cela me réussit en général.

Celui-ci récolte son lot d’amateurs lorsque mon ami Vincent le commente :

Vincent Delâge : je t’emmerde, je t’avais proposé de venir …

Mathieu Morel : la pêche doit être bonne pour que tu sois en temps réel sur facebook ;-)

Vincent Delâge : Je sais qu’il pleut à Paris alors je n’ajouterai rien, ce serait petit de ma part

Alix Bélanger aime le commentaire de Vincent.

Ah si Alix s’y met, j’abandonne. L’orage dehors me donne envie de gronder. Je tâtonne à la recherche de mon paquet de cigarettes. Il en reste une.

Je suis enfin debout.  J’ai encore une amie que je peux gentiment stimuler pour qu’elle accepte de me donner son jus…

Plus de café non plus.

Putain de bordel de foutre de démon succube de vie de merde !

Faisons le point : frigo, cafetière, paquet de cigarettes et estomac à teneur réduite en contenu, l’heure matinale n’arrangeant rien, il ne reste qu’une chose à faire qui soit digne d’un intérêt quelconque : allumer l’ordinateur.

***

Salut lecteur. Si tu es là c’est que tu as cliqué sur « Qui suis-je » dans les onglets en haut. Et je t’en remercie.

Je m’appelle Elodie, j’ai 29 ans et si je ne pointe pas encore aux alcooliques anonyme c’est justement parce que je ne souhaite pas le rester. Anonyme, pas alcoolique, ça c’est un autre débat.

Dans l’ensemble, on me considère comme assez proportionnée, malgré la quinzaine de milliers de grammes qui alourdissent ma silhouette, plus grasse que gracile (ou gracieuse).

Enfin je sais que je suis assez engageante physiquement parlant. Le problème, c’est que je suis AUSSI intelligente, drôle et relativement épousable malgré ma propension à la chiantise. Du moins l’espère-je (comme disent les cairottes). Mais tous les efforts que je fais pour le faire comprendre reçoivent en écho la volonté (affichée en plus) de passer un moment entre mes jambes. J’en ai par dessus la tête. Et je ne parle pas de mes jambes. Enfin pas toujours …

Je n’ai toujours pas trouvé le moment où je passe d’une nana brillante et sympathique à une paire de lolos qui pourrait aussi arrêter de causer.

CERTES je suis blonde à forte poitrine. Oui mais moi je suis blonde à fort postérieur aussi, et pourvue de cuisses enviées par tout le troupeau destiné à remplir les gondoles du rayon charcuterie du Carrefour de la Porte d’Auteuil si tu vois ce que je veux dire (respire lecteur).

Mais faut croire qu’être ventrue n’est pas un obstacle, dès lors que l’on me complimente souvent sur mes yeux verts, ma peau douce, mes cheveux soyeux et une sensualité qui fait la fierté de tout le voisinage de mes fesses.

Plus jeune, je souffrais d’être laide, grosse, drôle... le syndrôme de la meilleure copine. Puis j’ai acheté des soutien-gorge push-up et les choses ont changé.

Quinze ans plus tard, je suis à tour de rôle : le fantasme adultérin de ceux qui en aiment une autre ; la récréation de quelques « amis » qui ne se lassent pas de constater à quel point notre relation est rare (forcément, le cul et l’amitié sans les entraves du couple, c’est une relation vraiment rare) ou celle à qui on avoue qu’on va se fiancer quand ça faisait une heure qu’on essayait de lui violer l’espace dentaire avec sa bouche…

***

De : Vincent

A : Elsa

T’es sûre que c’est ta sœur ? ;-)

De : Elsa

A : Vincent

C’est bien ma siste, mais elle cache un cœur de princesse sous des airs de vilaine, et moi c’est le contraire ;-)

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