anegdottes N° 2
Pawel Reklewski
anegdottes N° 2
N'étant pas au lycée , probablement en vacances, je dois préciser qu'à mon époque il y avait trois moi de vacances scolaires et rien le reste de l'année, quand je dis rien c'est rien.
Je ne comprends pas pourquoi toutes ces coupures d'aujourd'hui... un cancre de toute façon ne peut pas être fatigué et celui qui travaille a soif de connaissances alors pourquoi lui faire perdre son temps. J'accorde deux semaines pour le ski, mais pas tous en font et pour moi c'était une torture.
J'avais une tante qui n'était pas ma tante mais qui était ma tante, une femme des montagnes de Pologne, c'est tout dire...
Moi, le club alpin Français elle m'y trainait été comme hiver. Une sportive la dame, ciocia , en polonais ça veux dire Tante, donc ciocia me trainait comme son propre fils de partout et comme j'était vaillant l'été je me débrouillais bien pour casser les œufs durs sur la tête des copains au moment du casse-croute.
J'avais un copain de classe dont le nom de famille était Sel, son prénom , je ne sais plus, c'est si vieux tout ça que les impressions restent mais pas forcément les mots.
Mon ami Sel était inscrit et les week-ends nous partions en car rendre visite aux montagnes des environs de Grenoble, et j'étais vraiment heureux d'être en sa compagnie. Nous marchions, camarades de classe et de randonnée, insouciants de nos existences naturelles, j'aimais sa mère aussi, je la trouvais belle et souriante et cela me suffisait pour être heureux jusqu'au jour où Sel ne vint pas au car du dimanche.
Ce jour là je pris pour la deuxième fois de ma vie je ressentais la solitude, j'en étais triste et désemparé et me rendais compte combien l'amitié existait , une première leçon d'existence.
J'existais parce que l'autre existait et sans lui, bien qu'entouré des autres et de ciocia, je savais que je n'étais plus moi-même, je n'étais plus ...
Réputé enfant solitaire le nez dans les livre et idiot en classe, je ne comprenais rien à ce que l'on m'enseignait, il fallait apprendre par cœur et là rien à faire : je ne savais aucune leçon.
Visiblement je ne comprenais rien , et , l'hiver quand nous chaussions les skis ... !
Ciocia me prêtais des skis en bois: du hickory avec des fixations à câbles et lanières de cuir.
Ils sont très bien allez tu fais ce que je te dis et tu me suis.. En fait personne ne parlait assez bien le français pour arriver à me faire skier sans catastrophe ni perte de temps pour démêler skis jambes et petit personnage soufrant de contusions...
Déjà le ski c'était une galère , une autre solitude , la troisième, celle dont tu as envie de te débarrasser en n'allant plus le dimanche prendre le car pour faire plaisir à ciocia.
Le seul moment de détente c'était le casse-croûte mais vraiment autant de désagréments pour si peu de choses en récompense.
Nous avons traité deux solitudes , je vais vous parler de la première, juste là en dessous:
J'étais vraiment petit, je sortais de l'hôpital américain, grand brûlé je commençais mal la vie, adopté j'intégrais ma nouvelle maison, faisais connaissance avec mes nouveaux parents sans en prendre conscience.
Je ne me souviens pas de la transition, juste me revient à l'esprit que nous étions deux dans un berceau et qu'une infirmière nous sortait pour prendre le soleil quelques instants, le deuxième enfant j'en suis sûr ne pouvait être qu'une fille sinon j'aurais refusé cela va de soi...
Donc cela se passait au Maroc , je n'irais jamais plus en arrière dans mes souvenirs et si j'en parle c'est par crainte de l'oubli.
C'était en plein jour donc la sieste, et j'entendais mon bienfaiteur ronfler et cela me rassurait, mais il y avait le revers de la médaille qui était le silence entre deux ronflements , silences plus où moins longs qui me permettaient d' entrer dans des peurs de solitudes, déjà la notion de disparition , d'abandon occupait mon jeune cerveau.
Les silences était le lieu temporel de l'imaginaire à frissons, terreurs, réflexions et déductions, enfantines certes mais si humaines ce qui me pousse à croire qu'enfant nous avons pour les choses essentielles un cerveau d'adulte.
Curieux que de ces premières rencontres avec mon père celles ci se soient faîtes dans la peur de la mort de l'autre et de ses conséquences directes sur ma qualité de vie ... Un gamin d'un an ça vie avec intensité et seul quelque évènements sont majeurs, les autres sont des besoins que les parents par peur de mal faire créent.
Je me suis toujours contenté du minimum , mais celui là fût extraordinaire...