ASPERA AD ASTRA

Isabelle Leseigneur

Par des sentiers ardus jusqu'aux étoiles

Tout un programme, n'est ce pas.

Par des sentiers ardus jusqu'aux étoiles. Mais quoi de plus vrai. Comment atteindre les étoiles, si ce n'est que par un sentier ardu. Que le parcours est long, mais qu'il est bon le chemin quand la lumière se rapproche.

Faut-il juste le penser, l'imaginer, le croire faisable, pour enfin le rendre possible.

Oui, bien sûr, atteindre les étoiles ne peut se faire en un claquement de doigts. Bien sûr, pour cela, il faut déjà lever les yeux, pour les voir ces étoiles.

Alors, à regarder ses pieds, la tête plombée dans le quotidien, affairée à résoudre mille et une petites énigmes de la vie de tous les jours. Il faut du temps avant de relever la tête vers les étoiles. Avant de respirer suffisamment pour voir la beauté autour de soi, et non plus la misère de son petit nombril.

La beauté prenant le pas sur le reste, on finit par ne voir plus que ça, et au delà. Alors on est envahi par toute cette grâce que met la nature à notre portée. On ouvre enfin les yeux. Alors, on capitule, alors on bascule dans un autre monde, celui du tout.

Celui où le tout est en nous, où la beauté c'est aussi nous.

Alors, la petite misère n'est plus supportable. Elle ne peut plus, n'a plus lieu d'être, n'a plus sa place dans notre nouveau monde de lumière. Tout n'est plus "qu'ordre et beauté, calme, luxe et volupté".

L'invitation au voyage prend tout son sens. Le voyage vers les étoiles.


« L'Invitation au voyage »

BAUDELAIRE

Mon enfant, ma sœur,
   Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
   Aimer à loisir,
   Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
   Les soleils mouillés
   De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
   Si mystérieux
   De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

   Des meubles luisants,
   Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
   Les plus rares fleurs
   Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
   Les riches plafonds,
   Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
   Tout y parlerait
   À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

   Vois sur ces canaux
   Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
   C'est pour assouvir
   Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
   – Les soleils couchants
   Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
   D'hyacinthe et d'or ;
   Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


  • Ah les étoiles! C'est souvent là que se trouve ma tête!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Très belle, et très noble, invitation aux étoiles!
    Il me semble que, dans "Hernani" de Hugo, le mot de passe des conjurés est:"Ad augusta per angusta" (au sommet par les défilés). Ceci est valable pour tout chemin vers la beauté, par exemple: l'immense travail de préparation pour parvenir à un bel opéra, ou une belle sculpture!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Pour voir les étoiles, il faut la nuit ! Et moi, je préfère le jour, le jour où on voit les autres et les autres nous voient tels que nous sommes, en pleine lumière.
    Je comprends et partage l'esprit de ton texte sensible, mais plus que la chose regardée, c'est la manière de la regarder qui importe.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Js symbole

    jean-soluc

  • Et bonne saint François de sales...saint patron des écrivains

    · Il y a presque 11 ans ·
    V  82bd

    Isabelle Leseigneur

  • "On ouvre enfin les yeux. Alors, on capitule, alors on bascule dans un autre monde".

    Oui, il suffit parfois d'ouvrir les yeux pour basculer dans un autre monde où la beauté est la règle et non pas l'exception.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Francois merlin   bob sinclar

    wen

    • Merci cher Wen pour ta réflexion qui résonne comme un écho à la mienne.

      · Il y a presque 11 ans ·
      V  82bd

      Isabelle Leseigneur

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