Asphalte

Sur une route biscornue, j'ai eu un bon taxi la Déprime, celle là, elle m'a plombé bien des journées. Elle est spécialiste des cafards dans le placard. Des plaintes et des lamentations sur une musique d'enterrement.

J'ai voulu revenir en arrière, rattraper l'Insouciance et l'Innocence. Mais chez la Nostalgie, j'ai pris des piles de souvenirs. Pas le choix, elle se disputait avec l'Avenir, qui m'a dit d'aller me faire voir. Inexpressif avec son masque noir.

Madame, la Prévoyance, que j'ai rencontré dans une impasse m'a parler de lui, m'a conseillé de trier les objectifs, de prendre une décision et m'a souhaiter la merde pour assumer les conséquences. Plus loin, j'ai dû apercevoir le Bonheur, voulu l'adopter mais apparemment son jumeau Malheur est beaucoup plus fidèle.

Cupidon m'est apparu, dans un carrefour, le con, il a oublié de me dire qu'il y'a une date de péremption.

-Ecoute p'tite, ma ligne aux cieux marche plus, mon taf dure depuis des siècles, et les gens croient à la foudre, alors que je ne fais que décocher des flèches .

J'ai discuté avec le Hasard, le pov' est désemparé depuis que la Chance joue solo. Et puis l'Amour est arrivé mais il était trop cher pour le garder. Il m'a mené vers l'Amitié et là ça été le bordel dans les panneaux de signalisation.

Au milieu, j'ai reconnu l'Empathie, elle était sympa, mais genre elle pince, tu dois jongler avec l'Égoïsme pour te sauver sinon elle te ruine avec sa Générosité.

Là bas, sur l'autre trottoir se trouve la Pitié et la Compassion, elles semblent mignonnes mais elles te renvoient ta propre nullité en feignant de s'y intéresser. Elles ont pris des cours du soir auprès de l'Hypocrisie. La Galère est bonne professeure mais après pour s'en débarrasser…

Pendant un moment, j'ai côtoyé l'Espoir, mais lui aussi c'est un menteur. Il m'a baladé de promesses en faiblesse selon lui Demain est meilleur qu'Hier… Il se transforme en un Aujourd'hui mégalomane et plus cruel. Je me suis consolée avec l'Honnêteté, un peu brûle gueule mais bonne copine.

Finalement,j'ai atterri dans le salon de la Haine. Et j'ai compris qu'elle était pas si conne, c'est juste qu'elle en a plein les tiroirs d'être pointée, du doigt. Une banale histoire de famille. Recluse et bouc émissaire de la cohorte des sentiments.

En fait, j'me suis barrée dans les hautes herbes, l'Amertume pousse sur le bitume..