Assasin(s).

june

Août 1992. Les rues de Londres sont désertes. Pleines de poussière. L'air est lourd et chaud. La nuit va bientôt tomber. Seule, une personne erre. Elle se demande où aller, quel chemin prendre. Bientôt, les etoiles empliront le ciel. Pour l'instant, le soleil se couche. La tension est palpable, elle émane de la seule personne se trouvant là. Le poids de la culpabilité emplit l'atmosphère. Pourquoi ? Qu'a t-elle fait ? Les questions se posent, l'angoisse augmente et devient insoutenable. Si quelqu'un arrivait, trouvait la meurtrière tapie en son être ? Un bruit. Elle tressaille. Elle se met à courir, d'un coup. Loin. Loin de ces rues sales, de ce désert presque asphyxiant. Les néons grésillent légèrement sur son passage. Elle souffre. Elle aimerait crier, mais sa gorge est nouée. Elle tombe, s'écroule à terre et ne cherche même pas à se relever. Tout est à l'intérieur. Les larmes, les cris. Tout. Les pensées volent, tout se bouscule. Des images, aussi. Du sang. Du sang sur ses mains. En un mot : Assassin. Un mot qui la poursuivra, à présent. Pleine de poussière et de sang. Elle attend qu'on l'achève, que vienne sa sentence. Pourtant, elle ne veut voir personne. Faire sa justice. Ou plutôt la justice de quelqu'un d'autre. Elle est amère. Amère de se laisser encore vivre après de tels évènements. Elle rassemble ses esprits, se relève puis entend quelqu'un arriver. Un imperceptible buit de pas, qu'elle entend toutefois puisqu'elle guette. Le bruit se rapproche. Elle ne bouge pas. L'ombre de la personne se plante devant elle. Tout va bien, et plus rien ne va. Une voix grave commence à parler.

- Jane, je suis très fier de ce que tu as accompli. C'est parfait. C'est exactement ce que je voulais.

Une voix faible, éraillée sort de la bouche de cette Jane.

- Ce que ... Vous vouliez ? J'ai tué beaucoup de personnes, et j'étais en plein ... cauchemar.

Le fait de parler l'a affaibli, elle s'appuie contre quelque chose de solide, à sa portée. Un violent mal de tête la prend. La bouche de l'homme s'étira en un sourire satisfait.

- Je savais que tu allais le prendre comme ça. Si ça n'avait pas été toi, c'aurait été quelqu'un d' autre ... Mais il se trouve que tu étais sur ma route, et que m'as fait aveuglément confiance, petite sotte. Les médicaments ont fait leur effet, à ce que je vois.

Jane veut le frapper, mais elle se contente d'essayer de rester en vie.L'homme continue de parler.

- Je fais ce que je veux de toi, la preuve, tu as tué ... Toute seule, comme une grande.

Il prononce ces derniers mots comme un père parlant à sa petite fille, d'une voix enfantine. Sauf qu'il n'est pas son père. Elle est juste le résultat d'une de ses inombrables machinations et ruminations d'esprit dérangé. Il lui a fallu cinquante ans pour parvenir à ses fins. Il voulait simplement tuer ceux qui l'avaient aimé. Parce qu'au fond de lui, il ne s'en sentait pas digne. Et qu'il avait envie de tuer. Alors il a recueilli cet oiseau tombé du nid, et l'a aidé. L'oiseau l'a cru, en toute naiveté. Jusqu'à ce jour ... Juste à verser un médicament.Sortant de ses pensées, il prend à nouveau la parole. Il s'appproche d'elle

- Tu vas te retrouver en prison, en prison tu m'entends ?

Il hurle à présent. Jane s'évanouit. L'homme s'agenouille et continue de lui parler.

- Tu vas me traquer ! Tu vas me traquer, ce sera exaltant ! Tu prépareras ton plan, tu t'évaderas et tu me retrouveras !

Il jubile, à la limite de la démence. Et il se met à rire. D'un rire terrible, déchirant. Un rire presque inhumain.  Il s'éloigne et la laisse inerte, gisant sur le sol.

Jane se réveille, menottes à la main, dans une cellule. Elle n'est pas surprise. Elle se sent juste épouvantable. Manipulable. Méprisable. Elle s'évade rapidement. Et, comme l'homme l'avait prédit, elle le traque, le traque, le traque ... Elle devient l'assassin de son propre assassin, de celui qui l'a poussé à ne plus jamais être la même ...

Elle erre dans les rues de Londres. Toujours désertes. Coupable. Jusqu'a la fin.

Signaler ce texte