Au ban de la socialisation

Hervé Lénervé

Je me sentais un peu fatigué, je me suis assis sur un banc.

-         Tenez, mon ami ! Désolé, je n'ai que ça, comme monnaie.

-         Mais je ne fais pas la manche !

-         Oh, excusez-moi, vu votre état, je croyais que vous mendiez la charité chrétienne.

-         Quoi, mon état ?

-         Vos vêtements.

-         Quoi, mes vêtements ? Je m'habille dans un style sport et décontracté, c'est tout ! Les trous et les tâches sont vendus d'origines.

-         Admettons, mais votre mine fait peine à voir.

-         C'est parce que je sors d'une peine d'amour.

-         Admettons, mais regardez, le soleil brille de nouveau, les oiseaux chantent de renouveau.

-         J'ai une mauvaise vue et je suis sourd comme un pot de fleurs fanées.

-         Tenez prenez mon obole, l'argent ne change rien, mais je ne peux rien vous donner d'autres et comme on dit, c'est le geste qui compte.

-         Alors, ne dites rien, faites le geste la main vide et passez votre chemin.

Des fois, cela vient lentement, on ne s'en aperçoit même pas, on se clochardise par manque d'intérêt aux autres, à son image, à soi-même, à la vie en général et même en particulier. C'est insidieux et c'est ainsi Dieu !

Dépression, quand tu nous tiens par la barbichette, on gagne à chaque fois, tu es bien la seule à rire à ce jeu-là.

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