Au musée

bleue

Ne grimpez pas sur les socles des statues antiques pour vous servir de leurs organes virils. Il ne faut pas toucher aux objets exposés ; ni avec la main, ni avec le cul. Pierre Louÿs

L'Age d'Airain…. Elle avait commencé par reconnaître ces fesses pommelées, ces cuisses musclées, ce ventre. Elle n'osait regarder ce sexe un peu trop petit à son goût qui ne ressemblait pas à celui de l'homme qu'elle connaissait. Elle s'était « prise d'amour » pour la plastique magnifique de cette statue. Apparemment, le modèle de la sculpture, c'était un soldat, un Auguste (elle sourit en lisant la description et les conditions dans lesquelles l'œuvre avait vu le jour) dont les « attributs » avaient été ôtés. Non, il ne s'agissait visiblement pas de ses attributs sexuels. On parlait là de son uniforme, de ses chaussures. Il était donc nu, comme un ver. Au départ, il portait une lance. L'arme avait été retirée mais le mouvement du bras qui la portait conservé : il y avait juste plus d'ampleur dans le geste. Elle admirait la musculature à peine saillante et harmonieuse.

Elle regarda sa montre. 16h, déjà : cela faisait un bon quart d'heure qu'elle était face à lui, au 5è étage du Musée d'Orsay. Elle calcula mentalement que si elle voulait de contempler le petit chef- d'œuvre au Jardin de Rodin, il était temps qu'elle se mette en quête d'un Uber ou qu'elle saute dans un métro. Elle avait envie de pouvoir profiter de lui à l'extérieur, comme s'il était nu, juste pour elle.

Peu de monde, finalement, à l'entrée du musée. Il était clair que payer 4 euros pour passer à peine une demie- heure entre les sculptures du jardin attenant au bâtiment, c'était un peu cher. Munie de son billet, le cœur battant, elle rejoignit cette statue qui la troublait tant.

Heureusement, plusieurs moulages en avaient été faits. Celui de ce musée avait été envoyé à Tokyo (c'était la première fois qu'une statue de Rodin rejoignait le prestigieux National Art Center). Les admirateurs de l'Age d'Airain n'y perdaient pas au change : un autre moulage, en bronze, lui aussi, mais dont la couleur était beaucoup plus grise que la version qu'elle connaissait, trônait sur un socle du jardin. Dommage, se dit- elle, la peau de cet homme lui paraissait moins souple, moins douce, moins jeune et moins ferme…

Elle avait tellement rêvé de pouvoir l'admirer à l'extérieur qu'elle s'était figurée qu'elle le retrouverait bien mis en valeur entre les rosiers du jardin. Au final, non, il était simplement juché sur un socle, comme s'il avait « peur de déranger ». Il y avait tout de même un vieux banc face à lui.

Quand elle l'aperçut, son cœur fit un bond dans sa poitrine. La sculpture n'était pas surélevée. Quand elle se mettait sur la pointe de pieds, elle pouvait le « regarder dans les yeux ». Le moulage était à peine plus grand qu'elle. Après avoir repris ses esprits, elle s'assit sur le banc, le cœur battant.

Elle retrouvait avec plaisir ce ventre, ce bras dont le biceps saillait, cet air frondeur même si les yeux paraissaient clos. Elle le contempla pendant de longues minutes.

C'est comme dans un songe qu'elle entendit l'alerte de la fermeture du musée et du jardin. Mais elle n'en avait pas encore eu assez. Elle quitta le banc, se déplaça vers l'arrière de la statue pour à nouveau en admirer les fesses, les cuisses, les mollets et le dos. Elle s'imaginait déjà partager le lit d'un tel spécimen… Combien cela lui donnerait de plaisir…

Derrière le banc, il y avait une azalée rose. Et c'est tout naturellement que plongée dans ses pensées, elle se laissa aller contre l'arbre en fermant les yeux. Les fleurs sentaient bon. De ce parfum d'été chaud, un peu prégnant. Elle était enivrée par les fragrances. La tête lui tournait.

Elle ne se rendit pas compte de l'arrivée du gardien qui était chargé d'avertir les derniers visiteurs que le moment de quitter les lieux était arrivé.

Dans un premier temps, celui- ci lui toucha le bras. Elle ne réagit pas.

Il avait peur de sa réaction le découvrant. Il s'assit donc à côté d'elle silencieusement.

Il était attendri de découvrir cette jeune femme qui, le nez en l'air, humait les effluves d'azalées.

Il était attendri aussi de constater que sa poitrine se soulevait et qu'un petit sourire léger s'esquissait comme un vent frais sur ses lèvres.

« Prends- moi, mon bel amant… »

Dans un souffle c'est ce qu'il avait cru entendre, mais n'était- ce que le fruit de son imagination ? Pourquoi une inconnue lui murmurait- elle cette invitation ?

Avec d'infinies précautions, il commença de lui caresser le menton, juste pour que son sourire continue d'exister. Elle soupirait d'aise. Il passait un doigt lentement sous son visage, de gauche à droite et de droite à gauche. Le sourire s'élargit un peu, le corps se détendit, la tête se rejeta en arrière, offrant tout loisir à l'homme de s'occuper de la gorge de la jeune femme. Cette poitrine qui bougeait de manière plus manifeste était une véritable invitation aux baisers. Avec toujours autant de douceur, il déposa ses lèvres à la naissance des seins de l'inconnue. Cela provoqua un petit frisson.

« Hmm… Tu es délicieux, mon bel amant… Ne t'arrête pas… »

Encouragé, l'homme se concentra alors sur les cuisses de la belle endormie… Elles étaient à peine écartées. Il était certain qu'il lui serait impossible d'y fourrer la main. Par contre, deux doigts avaient la place et le loisir de s'introduire entre les jolies jambes et de remonter…

Le souffle de la jeune femme s'accélérait. Il y avait même des petits gémissements qui s'échappaient de ses lèvres.

Les doigts de l'homme continuaient leur trajet. Ils étaient à présent à la lisière du sous- vêtement. Tout ceci l'excitait énormément. Il se demandait jusque quand le « petit jeu » allait durer, si l'inconnue, se rendant compte de son aplomb à lui, n'allait pas lui flanquer une bonne claque ou hurler quand elle reprendrait conscience…

Mais pour le moment, les choses étaient simplement très douces, même si quiconque approchant aurait pu trouver la situation complètement déplacée.

Elle haletait, à présent, les cuisses ouvertes, tandis que les doigts de l'homme, ceux de sa main droite mis à part le pouce, s'insinuaient près de son sexe. Ils écartaient les lèvres humides et s'introduisirent dans l'antre trempé de l'inconnue.

« Hmmm, tes doigts en moi, c'est divin… Ne t'arrête pas, mon bel amant »

De sa main droite, maintenant, il taraudait son vagin. L'excitation montait en lui aussi. De sa main gauche, il soutenait le dos de la belle endormie. Il se sentait durcir, de plus en plus. Il ne disait rien. Il retenait ses grognements et ses soupirs. Et pourtant, combien il aurait voulu pouvoir se lâcher un peu. Le plaisir n'allait plus tarder à arriver, ni pour elle, ni pour lui…

Afin d'en finir, avec délicatesse et doigté, il atteignit le point G de la jeune femme et commença de le masser. Celle- ci poussa un petit cri, se raccrochant à lui, complètement chavirée…

« Oui… oui…. Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii…. »

Son éjaculation à lui fut simultanée. Comme il n'avait pas pris soin de retirer son pantalon et son boxer, il s'y répandit abondamment…

« Comme tu es bonne » furent les seuls mots qu'il prononça. Il était tellement éberlué de la force de leur orgasme qu'il ne put rien dire d'autre. 

Ils étaient à bout de souffle l'un comme l'autre. Elle, toujours perdue dans ses rêves pour son bel « âge d'airain » et lui, les doigts et le sous- vêtement trempés…

Il s'agissait à présent, de ne pas se faire trop remarquer. Il aurait eu des difficultés à justifier l'état un peu somnolent mais repu de la jeune femme toujours endormie et le sien n'ayant pas encore retrouvé tout à fait son calme.

C'est donc avec mille précautions qu'il souleva l'inconnue et que très dignement, il se dirigea vers le bâtiment du musée…

« Tu nous ramènes la Belle au Bois Dormant ? » lui demanda un de ses collègues en scrutant le visage du « bel amant » avec curiosité… « Je ne savais pas que tu avais cet effet soporifique sur les jeunes filles… »

Le gardien rougit, déposa la jeune femme dans un canapé à l'entrée. Le collègue alla chercher un verre d'eau et un sucre. Il tapota les joues de la belle endormie pour la réveiller et quand celle- ci ouvrit les yeux et qu'elle les vit tous deux penchés sur elle, la première chose qu'elle dit fut « L'Age d'Airain est un homme parfait… ». Elle leur sourit et ayant bu quelques gorgées du verre qui lui était tendu, elle soupira « Demain, je reviens. Ce sera à mon tour de m'occuper de lui… ».

Le gardien, n'osant la regarder, sentit le désir monter à nouveau au creux de son ventre. Des fermetures de musée pareilles, il en voulait bien tous les jours. Il se demandait néanmoins ce qui se passerait le lendemain, quand la visiteuse s'assiérait sur le banc face à ce fameux « Age d'Airain » et qu'elle attendrait qu'il prenne vie pour le gâter à son tour…. 

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