Au réveil, ce fut pire...

mamselle-bulle

A minuit j'ai déposé un verre de vodka près de ta photo.

Et puis j'ai mis une claque à la bouteille. Pour toi.

Là au milieu de la soirée, entourée d'amis.

Les souvenirs sont revenus. Le sentiment de culpabilité aussi.

J'ai bu à outrance, à m'en rendre malade.

C'était pour moi la seule façon d'atténuer la douleur.

J'ai fait le clown devant les amis.

Pendant que mon coeur se fissurait, lentement.

J'ai ressenti une forme de déchirure, silencieuse mais tenace.

J'ai regretté de ne pas pouvoir trinquer avec toi.

J'ai eu envie de prendre ma bagnole et de foncer au cimetière.

J'ai eu envie de boire sur ta tombe jusqu'à en crever moi aussi.

J'aurai voulu te rejoindre.

J'aurai voulu simplement te parler.

Simplement te prendre dans mes bras.

Simplement avoir l'occasion de fêter ton anniversaire.

Même quelques minutes.


Alors les copains ont commencé un karaoké.

J'ai gueulé dans le micro, sourire aux lèvres.

Pendant que mon âme se tranformait en chaos.

J'ai donné le change, amusé la galerie.

Tandis que des larmes coulaient à l'intérieur.

Les amis sont partis, le rideau s'est fermé.

Fin de la représentation.

J'ai alors pu lâcher prise.

Mon corps est venu me rappeler combien il avait mal.

Secouée par une violente nausées, j'ai couru dans la salle de bain.

Je me suis agrippée aux toilettes et j'ai dégueulé ma rage.

ça ne m'était pas arrivée depuis un sacré bail.

J'ai eu le sentiment de vomir chacun de mes organes.

C'était atroce. Atrocement douloureux.

Quelques larmes ont coulé, discrètement.


J'ai senti que les forces m'abandonnaient.

Alors je me suis agrippée aux toilettes pour ne pas m'écrouler.

Je me suis accrochée longtemps et avec force.

Et puis j'ai eu envie de lâcher prise.

J'ai repensé à nos souvenirs, c'était beau.

J'ai eu envie de me laisser aller.

Mes jambes sont devenues côton.

J'ai lâché prise quelques minutes.

Je me suis effondrée sur la porte coulissante et j'ai fermé les yeux.

Je me suis sentie bien, je me suis sentie loin.

C'était chaud, confortable. J'ai même cru te voir un moment.

Et puis elle est arrivée, certainement inquiète de ne pas me voir revenir.

Elle a ouvert la porte coulissante sur laquelle j'étais adossée.

Comme alertée par quelqu'un, peut être toi.

Je me suis retrouvée allongée par terre d'un coup.

Drôle de retour à la réalité.


Elle m'a aidé à me relever et puis je l'ai remercié.

J'ai allumé le robinet, et plongé ma tête sous l'eau froide.

Puis tant bien que mal, j'ai réussi à m'écrouler dans le lit.

Je me suis endormie en ayant mal partout mais surtout à l'âme.


Au réveil, ce fut pire...


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