Bar Bar-jo

tang22

                                                Bar Bar-jo

          Je pense avoir vus de mes yeux le lieu le plus insolite qu’il m’a était donné de voir. Alors que je vivais ma vie, tranquillement, comme d’habitude. Alors que je me tissais un réseau d’amis, que je chercher à faire des relations pour enrichir ma vie. J’ai rencontré un homme déjanté du nom de Jean-Gabriel. Un gars plutôt normal à première vue. Il s’appel Jean-Gabriel donc, il est plutôt petit, physique banal. Mais c’est le genre de personnes vers qui on est attiré. Le genre de personnes avec qui on a envie d’être amis. Le genre de personne qui a l’air vraiment délirant !

          Je l’ai rencontré dans le cadre du boulot en forçant un peu le contact. Car des fois, on peut passer à côtés de bonnes rencontres et de bons moments juste parce qu’on n’ose pas, parce qu’on n’essaie pas, ou peut être même car on s’en cogne. Mais, en manque de « freestyle » dans ma vie, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie d’être pote avec lui car j’étais sur au fond de moi que je pourrais vraiment me marrer avec lui. Bien me torcher la gueule, faire un bon paquet de conneries, découvrir des trucs de fous. Car il est vrai en même temps qu’il est plus âgé que moi. Mais des fois tu peux tomber sur un dingue, un peu comme la rencontre entre Edward Norton et Brad Pitt dans Fight Club. Un apport réciproque en terme de conneries ! Un élan qui vous pousse l’un l’autre à devenir déjanté.

          Après le boulot, à midi, il me proposa d’aller boire une bière. Je réponds ok ! Pourquoi pas. Les amitiés se forgent souvent en buvant un coup. Mais là je ne pensais pas qu’il s’agissait de boire un coup dans ce sens-là. Je montai dans sa voiture et il m’emmena non pas dans un bar, mais dans un Carrefour Market. Je lui dis d’un air étonné que je pensais que nous allions boire une pinte dans un bar. Il me répondit ne t’en fais pas, avant on va s’acheter quelques bières. Arrivés dans le magasin, il prit un panier et le chargea d’une douzaine de Maximator. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une bière de 50cl extra-forte ( à peu près 12 degrés) vendu en canette à un prix dérisoire. La bière des alcooliques et des SDF. J’adore, plus jeune je me les enfilais par trois ou quatre dans les parcs de la Rochelle, en plein soleil, chaude et sans bulles. Une tu n’es pas bien, deux tu vas encore moins bien, trois c’est presque la fin… Revenons-en à nos moutons. Devant la rade de Brest, assis sur un banc, chacun sa bière à la main, les autres dans la poches plastiques posée à nos pieds sous un soleil de plomb. Et oui, il peut faire beau et chaud en Bretagne.

          Il commence à me raconter sa vie. Me raconte des conneries sur sa jeunesse, me raconte des anecdotes sur lui et sur ses amis d’enfance du fin fond de la campagne Bretonne. Il me raconta l’histoire d’un de ses amis de 20 ans à l’époque, qui vivait dans une exploitation laitière avec ses parents. Il me raconta qu’une fois ce feu jeune homme en question tenta de se masturber dans une tireuse à lait électrique. Le genre de tireuse qu’on trouve dans les grosses exploitations, le genre, euh, industriel… Je ne vous raconte pas la suite et je vous épargne le détail. Je pense que le mot « feu » fut utilisé à bon escient. A ce moment-là, tu ne sais pas trop si cela est drôle ou non. Non-content de m’avoir raconté une des histoires les plus marquantes que j’ai pu entendre, il continua avec d’autres histoires de plus en plus sordides et insolites à la fois. Douze Maximator à deux plus tard.  Je suis dans un état pas possible. Inimaginable.  J’ai pourtant l’habitude de me mettre cher mais là, en plein soleil, à 13h30, le ventre vide…

          Jean-Gabriel me proposa de nous rendre dans son bar favori. Ayant déjà eu un aperçus de ce phénomène, j’étais si impatient à l’idée de voir dans quelle genre de gourbis il pourrait m’emmener. Après 15 minutes de marche épique dans les rues de la ville. Il s’arrêta, se retourna vers moi, pointa du doigt une ruelle plutôt inquiétante et me dit « Là ! » Nous avons commencés à nous engager dans la ruelle et nous sommes rentrés dans le bar. Une petite  description détaillé s'impose je pense…

        Dans cette sombre ruelle, même en pleine journée ensoleillé. Tout était plutôt sale. Ça sentait l’urine si fort qu’un cœur fragile aurait eu la nausée. Il y avait du vomis par terre et je pense même avoir vu un étron… Une porte en bois décapé par le temps qui avait l’air de ne tenir debout que par magie. Au-dessus de cette porte, une plaque en bois où était inscrit « Bar de l’Avenir ». Jean-Gabriel poussa la porte…

          Nous sommes entrés. L’atmosphère était humide, moite, enfumé et sordide. Le bar en bois d’une bonne longueur était là pour rappeler que nous n’étions pas dans une cave déserté depuis la nuit des temps. Mais que nous étions bien dans un « commerce »… Jean-Gabriel connaissait tout le monde lui. Il allait de table en table en saluant chaleureusement tous les pochtrons, les appelants même par leurs prénoms. Leurs serrant la main, je fis de même un peu gêné, un peu désorienté. Tout le monde fumais et buvais. A 14 heures, en France, dans le pays des lois,  malgré la législation, nous étions dans le bastion de «  ceux qui s’en branlent ».  La musique semblait venir d’une autre époque, si loin que je ne pourrais même pas vous en dire plus. Nous nous sommes installés au bar sur de vieux tabourets en bois bancales dont la surface semblait coller sur mon jeans. Jean-Gabriel me raconta qu’il passait pas mal de temps ici. Que le patron était extraordinaire, qu’il était surhumain. Il me disait que le patron ouvrait son bar à 7 heures du matin et qu’il le fermait à 02h00, selon la fréquentation. Il ne respectait rien, laissé ses clients boire, fumer, vomir et même baiser dans le bar laissant la trace de leurs ébats en toute insouciance… Le matin, il servait ses clients en peignoir de bain, enquillant les uns derrière les autres les premiers whiskey matinaux de la journée. Pourtant étrangement, il veillait toujours à être bien habillé le soir. Un homme étrange…

          Bière après bière, après moultes péripéties ou autres bagarres de bar en mode « Far West ». Une vieille femme genre vieille pute fatiguée et usée, infâme, le rouge à lèvre bavant sur les bords de sa bouche, les cheveux gras, la jupe courte et le bustier si vulgaire qu’elle semblait sortir tout droit de Pretty Woman version prostituée délabrée… Elle était vraiment affreuse, désagréable à regarder. En entrant dans le bar elle commença à faire la bise à tous les clients. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur… Peur que mon tour vienne. Ouf ! Soulagement, elle passa juste à côté de nous, fit la bise à Jean-Gabriel et m’esquissa un petit, « Bonjour jeune homme. » Elle s’assit au bar à ma gauche. Elle sentait le vieux vin décanté. Elle commanda deux Whiskey et une pinte. Je pria ! Pour l’une des premières fois, Dieu aurait pu m’aider.

          « Seigneur, faites que cette abomination n’ait pas commandée ces verres pour nous. Faites que cela soit pour elle. Faite qu’elle ne me regarde pas. Je vous en supplie. J’aiderais les enfants de Somalie, j’irais à l’église, je donnerais à la Croix-Rouge. Je vous en supplie » ! Prière exhaussée. A peine les verres posés sur la table, elle but les deux shots de Whiskey coup-sec ainsi que sa pinte. Laissa sortir un énorme rot et commanda dans la foulée un ballon de rouge. « Hey Gégé ! Met moi un ballon steplait ! » Le patron rétorqua qu’il voulait bien mais qu’elle avait déjà une ardoise de 120 euros et qu’il faudrait songer à payer. Elle le regarda, l’œil farouche, titubante. Le patron lui dit alors qu’elle pourrait payer autrement. Sans aucune réflexion ni hésitation, elle passa derrière le bar, se mit à quatre pattes, baissa le pantalon du patron et commença à lui faire une fellation…

          Je n’en croyais pas mes yeux ! Unbelievable! Une scène irréaliste. Le plus surprenant dans cette histoire, c’est que les clients continuaient à entrer dans le bar. A coups de deux trois personnes. «  Salut Gégé !! » Personnes ne semblait dérangés ou surpris par la situation. Il continuait à discuter avec ses clients avec cette femme à ses genoux en train de « s’occuper de lui ». Il n’avait pourtant pas l’air très excité ou très comblé. Soudainement, il la repoussa et lui dit « roo et puis merde, en plus j’arrive même pas à bander allé dégage ! » Il se reboutonna, la femme quant à elle retourna s’assoir à sa place, pris son verre, elle but une gorgée. Elle reposa son verre, nous regarda puis elle dit « Vous avez vus ? Prenez en de la graine les jeunes ! »

Histoire véridique. Unbelievable!

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