BELLE

C'était une fin d'après-midi de juin, il faisait beau, le ciel était parsemé de petits nuages blancs, la chaleur était étouffante, on manquait d'air, pas le moindre petit brin de vent.

Plongée dans la lecture de mon roman, je n'avais pas vu le temps passer, il était 17 heures, c'était l'heure d'aller chercher mon fils à l'internat, l'école était fini, les grandes vacances débutaient. Me décidant à quitter mon fauteuil où j'étais confortablement installée, je pris les clés de ma voiture. 

Circulant sur une petite route de campagne, roulant les vitres grandes ouvertes afin d'avoir un peu d'air,  je traversais quelques villages déserts. Au bout d'une vingtaine de kilomètres, je pénétrais dans une forêt. L'air y était plus respirable avec l'ombre que me procuraient les arbres.

Tout à coup, juste après un virage, j'évitai de justesse en faisant un écart, un chien, couché à moitié sur la route et le bas-côté. Heureusement il n'y avait personne qui arrivait en face.  Cette pauvre bête avait l'air mal en point mais n'ayant pas le temps de m'arrêter, en continuant ma route je me dis que je m'arrêterais au retour si elle était encore là.

En arrivant à l'internat tout en embrassant mon fils je lui racontais mes péripéties, nous mettions ses bagages dans le coffre de la voiture et ceux d'un de ses copains que nous raccompagnions chez lui.

Nous reprenions la route, j'étais préoccupée par ce chien, j'avais peur qu'il se fasse renverser par un véhicule. Nous entrâmes  dans la forêt et là, j'aperçus  la bête, elle ne bougeait plus.

Je me rangeai sur le bas côté, mon cœur battait la chamade, mon fils descendit de l'auto, je lui dis de faire attention on ne le connaît pas, il est peut être  agressif, blessé ou pire encore, Mort !

Il s'approcha doucement, ouf ! Le chien bougea la tête, c'était un labrador, il était très faible mais lui lécha les mains, il s'aperçut que c'était une femelle, elle était soumise, elle se laissa regarder les oreilles et les pattes arrières, elle n'avait pas de tatouages mais des blessures au niveau des cuisses qui ressemblaient à des brulures de cigarette, elle était très maigre, on pouvait compter ses côtes et ses vertèbres.

J'ouvrais la portière, et sans hésiter elle monta difficilement sur la banquette arrière, après cet effort elle posa sa tête sur les genoux  de Quentin, l'ami de Geoffrey (mon fils).

Je m'arrêtais à une boulangerie pour prendre du pain, Geoffrey lui en donna de tous petits morceaux, elle avait très faim !

Nous déposions Quentin chez ses parents et nous dirigions chez notre vétérinaire pour voir si elle ne serait pas pucée. Il nous reçu très vite et ce, sans rendez-vous. Il l'examina soigneusement, elle ne portait pas de puce d'identification, il confirma mes doutes sur ses blessures et ajouta qu'elle avait été battue et qu'elle n'avait pas mangé depuis plus de huit jours. Il nous conseilla de l'amener à la mairie comme c'était un animal trouvé ce que nous fîmes.

Arrivé sur place, nous nous sommes adressés à une hôtesse d'accueil et lui avons expliqué notre situation, que nous avions déjà deux chiens et un chat et qu'il n'était pas possible pour nous de la garder. Elle nous répondit que le service de la fourrière était fermé et qu'il fallait l'emmener à la SPA de BERGERAC mais vu l'heure tardive elle serait fermée elle aussi.

N'ayant plus le choix, nous prîmes la décision de l'emmener à la maison. Arrivé sur place, le plus dure restait à faire, il fallait convaincre mon mari de la garder ce qui n'était pas une mince affaire. Il argumentait et donnait des tas de raisons pour l'amener à la SPA dès la fin du  week-end ou de la rendre à ses propriétaires s'ils se manifestaient. Enfin tombés d'accord, il nous restait plus qu'à faire les présentations de la chienne aux autres chiens.

Tout d'abord ils furent venue la sentir en émettant des petits grognements, elle les laissa faire en se soumettant à la plus âgée, même le chat lui avait rien fait, du coup elle pénétra dans la maison et se coucha sur le tapis. Nous commencions par la nourrir et l'abreuver par petites quantités et toutes les heures afin de réhabituer son estomac. Elle passa la première nuit dans la chambre de mon fils couchée aux pieds de son lit, elle ne le quittait plus.

Le week-end passa à toute vitesse et le lundi arriva avec une bonne nouvelle, mon mari avait décidé que nous la garderions. Depuis Belle c'est le nom que nous lui avions donné vit heureuse dans notre foyer en compagnie des autres animaux que nous possédons. Cela fait trois ans que ma fille Séverine l'a officiellement adopté et dès qu'elle s'absente, Belle est triste sa petite maitresse lui manque. Geoffrey a reprit le chemin de la FAC et ne manque pas de lui faire de gros câlins dès qu'il rentre à la maison.

Depuis un autre petit pensionnaire est arrivé dans notre foyer, c'est un gentil petit chien prénommé Hoocker, Belle à son arrivé l'a adopté de suite, mais je vous raconterai son histoire un autre jour.