Belle Rose Epine

marishla

Il pleut ! Une pluie fine et monotone tombe depuis plusieurs jours ! Inlassablement elle lave et relave les trottoirs gris, les toits pentus, la cour de graviers. On l’entend sur les serres résonner comme une musique de sons cristallins qui ponctuent le temps, ce temps qui s’écoule inexorablement !

Sous ma couverture de grosse laine et ma capuche,  je patiente ! Tout le monde dort paisiblement en ce début d’après-midi d’automne, les chats sous leur hutte de fausse fourrure, tout emmitouflés de chaleur, les chiens dans leur panier, dans la douceur de leurs longs poils noirs de groenendael,  même les ouvriers et  les employés de maison, tout le monde fait la sieste. Les champs sont inondés. La brume a envahi les bâtiments qui semblent poudrés comme une photo d’Hamilton ; pudique sous son imperméable ruisselant, Aurore passe. Depuis une heure au moins elle passe et repasse devant moi, jetant un regard furtif  à chaque fois, sans jamais  dévier de la route qu’elle s’est tracée. J’espère ses passages réguliers comme on attend un miracle, qu’elle tourne sa ravissante tête vers moi, que ses yeux bleus cristal se plantent dans les miens, que son corps tout entier s’avance en ma direction et qu’enfin elle me parle, qu’elle me caresse, qu’elle m’explique !                                                                        

L’orage ponctue le silence de ses notes lourdes, maintenant la boue gicle du sol en grosses boules qui s’écrasent mollement. Aurore, sous son bonnet qui cache un pansement et dont les longues  boucles de  cheveux mouillés  ruissellent sur les manches de son ciré, porte des bottes maculées de vase qui avancent avec peine. Elle s’introduit sous le porche, ne paraissant pas se soucier du mauvais temps, alors que je grelotte. Elle me fixe avec ce regard que je ne connais pas empreint de tristesse, flou, plein de larmes.

_ Pardon, pardon, ne cesse-t-elle de répéter !

Ma jambe bat plus fort, les muscles chauds lancent des pics comme des cris de douleur, la plaie saigne lentement, elle me rappelle que je souffre mais,  je vis ! …

Epine, Rose Epine c’est mon nom, en référence  à la star bien connue de tous,  de tout le milieu hippique, en tous cas, Roquepine !  Une jument célèbre pour ses prix d’Amérique, m’a-t-on raconté ! Dans le haras, on souhaite une naissance qui donnerait une pouliche aussi parfaite, aussi douée, c’est un rêve pour qui possède une écurie, pour qui a de grandes ambitions, et ici, on n’en manque pas, de l’ambition ! Le propriétaire choisit avec un soin méticuleux les palefreniers avec lesquels on a un contact étroit et journalier, et les entraineurs qui nous en demandent toujours plus. Pour moi c’est un peu différent, je suis née le jour des cinq ans de la fille aînée de la famille et lui ait été offerte en cadeau. Maman m’a toujours dit qu’en cette journée de fête, où de nombreuses personnes étaient invitées, Aurore a beaucoup pleuré, mais pleuré de bonheur.

Tous les jours suivants elle venait me voir et me prodiguait des soins sous l’œil attentif de mon soigneur, elle s’intéressait passionnément à cet être vivant qu’on lui avait confié  et voulait s’occuper de tout, au fil du temps j’étais devenue sa meilleure amie. Lorsque j’ai eu six mois, j’ai changé d’herbage, je ne tétais plus tellement le lait de maman et j’avais l’impression d’être une grande. Aurore m’accompagnait  dans ces champs verts et jaunes, elle se cramponnait à ma nuque, et riait. Elle riait si fort que parfois elle me faisait peur. J’avais l’impression qu’elle en perdait le souffle, j’étais effrayée à l’idée  que d’un coup tout s’arrête. Elle  s’agrippait à ma crinière et courait avec moi, mais j’allais beaucoup plus vite qu’elle et elle revenait souvent de nos folles équipées les genoux en sang, malgré tout, elle ne paraissait pas se décourager facilement, et un jour, vaincue par tant de volonté et d’audace, je la laissais monter sur mon dos. Je savais d’instinct qu’il fallait faire très attention car ma cavalière était un bien précieux. Curieusement personne n’est jamais intervenu et c’est, toutes les deux, totalement affranchies, que nous dévalions les pentes douces de la propriété.  

Mon caractère serein et docile a fait de moi une bonne fille et  Aurore aimait bien ça ! Je l’apaisais et la rassurais aussi, car j’étais son extrême contraire. Personne ne lui refusait rien, ni moi ; Tout ce qu’elle désirait, elle l’avait, elle était aussi déterminée et véloce, que j’étais patiente et prudente, aussi futée que j’étais timide, aussi bavarde que j’étais silencieuse. Elle me racontait ses joies et surtout ses peines, j’étais la meilleure des confidentes, elle savait que par moi, elle ne serait jamais trahie, et que je ne la contrarierai en aucune manière.

A son adolescence elle cherchait un miroir, une validité à son identité, à sa beauté, à son intelligence, je ne lui faisais aucune ombre, à l’inverse de certaines de ses amies, pourtant j’étais d’une beauté assez exceptionnelle, moi aussi. Ma robe noire et feu luisait, flamboyante, mes jambes longues et fines étaient musclées et galbées à souhait, et ma crinière était si lisse qu’elle m’en faisait des tresses portugaises magnifiques.

Aurore prenait de l’assurance, au fur et à mesure que son âge le lui permettait, elle si fragile, si gracile, me tenait alors fermement, s’agrippait à ma crinière, et hurlait « hue ! » à tue-tête. Dans ces moments-là  elle était si légère sur mon dos que je ne sentais plus aucun poids, j’avais l’impression d’être seule ou qu’à nous deux nous n’étions qu’une ! Je galopais sur les pâturages d’herbe grasse, la végétation  était douce à mes sabots, Aurore me laissait libre de mes courses, elle ne me guidait pas, parfois je m’aventurais où les vaches paissaient et mes pas claquaient au rythme de ses appels de langue, affolant les bovines  brouteuses et leur veau. C’était l’époque heureuse de nos jeunes années.

Puis ses études l’éloignèrent du domaine quelques temps, je ne saurais dire combien, pourtant, régulièrement elle me rendait encore visite et nous reprenions nos courses, là où nous les avions laissées…                                                                                                                                                                                      La La prestance de mon écuyère, son allure fière et digne, ses costumes ajustés, envisageaient sans doute de nouvelles  gloires, car  peu à peu elle me préféra d’autres pur-sang,  jusqu’au jour où, j’avais onze ans, le poitrail dressé, la crinière libre, me  ruant de bonheur dans l’enclos,  je la vis passer sur le dos d’une pouliche, ou plutôt d’une jument de trois ans et quelques mois, dont on vantait à l’envi les prouesses prometteuses. Mon sang se glaça à cette vision infidèle qui fut la première d’une longue liste où se disputaient les faveurs de ma belle, nombre d’hongres noirs, pur- sang anglais ou lusitaniens aux robes grises ou baie.                                                                                                             Je trépignais de n’être plus désormais, qu’un cheval de manège pour tous ces amateurs qui ne me différentiaient même  pas des mâles. A force de tourner dans les carrières, je devenais folle et je sentais bien qu’on m’approchait avec crainte. Je n’aimais pas les enfants, en fait je ne les aimais plus, ils me rappelaient tout ce bonheur enfui et j’avais  du mal à ne pas les envoyer boule diguer le long des barrières.  Je me maîtrisais tant bien que mal en  rongeant  mon frein, mais mon enthousiasme se diluait dans le temps et l’espace qui me séparaient d’elle.                                                                                                                                                     Mon Mon amazone qui me montait jadis à l’ancienne lors de défilés, portant des robes à crinolines pour les circonstances et m’harnachant de broquart ou de velours ornés de guipures d’or, me boudait, ou pire, m’ignorait !                                                                                                                                                                    Je Je me demandais ce que j’avais pu faire pour mériter son courroux, mais il semblait que c’était plutôt ce que je n’avais pas pu faire qui m’infligeait son désamour. Son école prestigieuse de Versailles lui ayant  donné le goût de l’excellence, de la danse, de l’escrime, mon Aurore devenue une jeune fille accomplie a vu son niveau d’exigence ne cesser de s’élever.                               Pour ma part, j’étais devenue une vraie fougueuse  indomptée, c’est aussi ce qu’elle a aimé chez moi, en grandissant, ce goût de la liberté, que je lui donnais, et  qu’elle m’offrait sans partage. Je ne me laissais diriger que par elle, les rares fois où je n’avais  pas le champ libre, les seules fois où nous ne galopions pas à bride abattue, mais aujourd’hui elle demande de la précision, de la voltige, du dressage de haute école, d’obéir à des ordres stricts, de sauter des obstacles fabriqués, des haies rouges qui n’ont rien en commun avec les bosquets que nous  franchissions sans même y penser. Je ne la comprends plus, elle ne me comprend plus, je ne comprends plus rien !

Hier, elle est venue me chercher dans le box et m’a confiée à un groom que je ne connais même pas, ce qui n’est pas son habitude, puisque c’est toujours elle qui me soigne, me prépare, me panse, et m’équipe. Elle a daigné me poser le tapis et  la selle mais n’a pas examiné  le mors de la bride nouvelle qui s’enfonçait atrocement dans ma mâchoire. Elle m’a caressé furtivement la joue avant de me monter  et m’a conduite dans un enclos réservé aux chevaux qui concourent. Ses yeux devaient briller car le son de sa voix était tremblant.

_Allez ! Avance ! Tu peux y arriver ! Tu dois  y arriver !                                         Et à son  claquement de langue je suis partie au trot. Je sentais ses mollets  se coller fort sur mes côtes, elle bandait ses muscles outrageusement à m’en faire mal, pour me faire comprendre que c’était maintenant ou jamais, que quelque chose se passait d’important, voire de vital pour moi ! Nous avons galopé en grands cercles, sur de nombreux tours,  puis en lignes droites, mes muscles commençaient à chauffer, et ma crinière perlait de sueur, au fond il y avait une haie de bois, toute blanche pas très haute, je subodorais qu’elle voulait que nous la franchissions, ce jeu d’enfant me faisait presque hennir de joie ou d’étonnement, mais je n’avais pas envisagé qu’à intervalles réguliers, un homme sorti, je ne sais d’où, ajoutait de la hauteur à cette barrière . Elle ne me faisait pas peur puisque je sautais depuis toujours des  palissades et autres clôtures bien plus impressionnantes. Je ne voyais pas où ils voulaient en venir.

Malgré que les sauts n’étaient pas gigantesques, je commençais sérieusement à fatiguer, mais Aurore dont le fessier devait être devenu douloureux n’en avait cure, et s’acharnait réellement. Raisonnablement nous aurions dû faire une longue pause, je ne sais ce qui lui prenait de manquer autant d’empathie et de prudence, ça ne lui ressemblait pas, rien de cette journée ne semblait cohérent. Nous nous trouvâmes une énième  fois  en bout de piste, ce dernier saut je ne le sentais pas, comme une intuition de ne pas faire l’ultime tour, celui que l’on perçoit  insidieusement fatidique mais dont on a du mal à faire fuir les sirènes ; Seulement ce n’était pas moi le maître du jeu, c’était elle ! Et dans un élan de désespoir, nous nous lançâmes, je crois vraiment à corps perdu, sur cet  obstacle final, mais arrivées au point de non-retour, ce fut plus fort que moi, je me cabrais en plein élan et nous fîmes une chute épouvantable.

J’étais allongée sur  l’herbe humide et rouge, mes tympans battaient  très fort, et une douleur généralisée me ceinturait, je tentais de basculer sur le flanc sans y parvenir, je restais là de longues minutes qui me parurent une éternité, la tête dans la poussière, les membres comme disloqués. Puis dans le champ de mes yeux brouillés je vis Aurore, les cheveux emmêlés, collants et écarlates, la bombe dans une main, me flattant de l’autre, tout en me demandant pardon.

Dans le van qui nous ramena péniblement à l’écurie, Aurore pleurait. Je cru saisir entre deux sanglots que son père avait décidé de me vendre pour la boucherie, puisque je ne pouvais pas lui rapporter d’argent, ne faisant ni concours, ni courses. Elle avait voulu lui prouver le contraire et bien que je n’ai jamais été préparée pour cela je pouvais très bien sortir mon épingle du jeu, je ne saisissais pas tout !  Mon âge, n’était pour elle pas un frein à des gains faciles, aux champs de courses  ou lors de concours d’obstacles régionaux. Elle avait imploré ma grâce auprès de son père  mais seule la preuve formelle de mes aptitudes aurait pu  le faire se  dédire.

Hélas pourquoi ne m’avait-elle pas prévenue, pourquoi n’avions nous eut pas plus de temps ?...

_Pardon ma Rose, je voulais tellement lui prouver que j’avais raison,  je te connais si bien, je sais parfaitement de quoi tu es capable, jusqu’à présent, étant mon cadeau, je pouvais n’être avec toi que pour le plaisir, et selon mon bon plaisir. Mais mes études  coûtent cher et je ne peux t’entretenir, aussi c’est le cœur déchiré que j’ai voulu te pousser le plus loin possible en espérant que les rapports que lui aurait fait l’entraineur qui nous notait, pouvaient le faire flancher. Hélas cet accident ! Mon père m’a dit qu’il n’arrive plus à te gérer et qu’il n’ose pas te faire faire des ballades parce que tu es trop impulsive.                                                                                                                                                                 Je sais que tu comprends parfaitement ce que je te dis, et j’en suis horrifiée !…     Lorsque le fourgon arrive Aurore est encore avec moi, elle ne l’attend pas, elle attend plutôt que la nuit vienne et qu’ainsi le départ soit reporté mais ses espoirs s’envolent lorsque des pneus crissent sur les graviers de l’entrée. Deux gaillards costauds en descendent, les larmes redoublent d’intensité et coulent en abondance sur ses joues, son père nous a rejoint, il parle au loin avec les hommes.

_ Je t’en supplie, père, ne l’envoie pas là-bas !  Elle est à moi, elle est plus qu’une jument, tu le sais bien, j’ai grandi avec elle, on ne peut pas permettre à quelqu’un de la tuer pour qu’elle soit mangée, ce n’est pas possible, tu ne peux pas faire ça, tu n’as pas le droit ! Si tu la laisses partir, tu ne me reverras plus de toute ma vie, jamais je ne reviendrai ici, tu m’entends ?…

La conversation se poursuit dans les cris et les pleurs, mais le maître quitte les lieux en laissant Aurore  face à son immense chagrin, et lorsqu’on m’emmène je n’essaie même pas de me rebeller, je suis sans aucune volonté et Aurore non plus qui pleure en me caressant le front.

Dans le camion il y a d’autres chevaux qui sont épuisés et tomberaient au sol s’ils ne se tenaient pas les uns contre les autres si serrés qu’il leur est difficile de respirer. Leurs hennissements découragés  traduisent la peur qui va grandissante et qui a atteint tout le troupeau, la route est encore longue, et certains ne la finiront pas debout. Il n’y a ni eau, ni nourriture, et nous pataugeons sur de la paille crottée. Ce véhicule est un tombeau ambulant, heureusement pour moi qu’il fait nuit, mais les autres animaux ont subi la chaleur toute la journée, ils sont en déshydratation et vont mourir sous mes yeux qui pleurent cette misérable existence, c’est affreux !

Les lueurs bleues d’une petite ville pointent à travers les grilles, je n’ai jamais été si loin de chez moi, si loin de ma mère qui finit ses jours au fond d’une écurie propre, sur de la paille sèche et nettoyée. Je n’ai même pas pu lui dire adieu ! Quelle place ont les animaux sur cette planète, et quelle place pour leur souffrance ?

On nous a sortis du camion sans ménagement, tirant sur les mors à nous arracher la bouche, poussant avec les pieds ceux qui ne descendent pas assez vite. Nous marchons au pas dans une fange humide et dégoûtante, où les excréments se mêlent à la poussière sale des villes. Devant ce hangar crasseux, des hommes portent des tabliers bleus maculés de sang. Dans la bouverie nous sommes, parait-il exceptionnellement, mélangés aux vaches qui mugissent d’une manière douloureuse ;  Les porcs qui couinent tout autant, eux, sont parqués. Les yeux ronds des veaux m’impressionnent par leur tristesse, ils sont comme moi, ils savent ce qu’il se passe derrière les murs, car aux cris que l’on entend on comprend parfaitement que la mort est au bout et que l’agonie est en anti chambre. Cette agonie qui semble longue, laisse échapper des appels désespérés qui nous rendent fous.                                                                             Comme je me voudrais  sourde !                                                                                                                                        Cet Cet amalgame de corps de bêtes apeurées, angoissées, conscientes de leur fin, exhale une sueur poisseuse et puante. Cette moiteur immonde  se mélange  aux relents de l’urine qui nous gicle dessus, à la bouse qu’on piétine, et au crottin que j’ai honteusement, moi aussi, évacué. Quelques animaux vomissent leurs tripes, je vis un cauchemar.                                                                                       Il n’est pas possible que les humains soient capables d’une telle barbarie, si Aurore voyait ça !

L’enfer c’est ici ! Puanteur, fracas,  cris de détresse, une vision d’apocalypse ! J’ignorais qu’il existait autre chose que les champs, les rivières, les arbres et les fleurs, et moi qui croyais que la carrière et le manège étaient des places épouvantables, je n’avais jamais rien vu, pauvre naïve ! L’horreur est bien sur terre, l’horreur est bien du fait des hommes, la barbarie n’est pas dans la chasse naturelle entre animaux pour se nourrir, la bestialité n’est pas issue des bêtes mais de ceux qu’on nomme pompeusement : Les êtres humains !

Une lourde porte métallique s’ouvre dans un grincement de rails rouillés, d’un coup une odeur lourde, âcre et pestilentielle en sort par vagues géantes, c’est à vomir ! Les hommes hurlent, ils nous frappent avec des bâtons dont le bout s’illumine dans une fumée grise et nauséabonde. Les  coups qui sont violents, brisent la moindre volonté de tenter de s’enfuir, des lames s’enfoncent dans les chairs comme les banderilles des toréros.  Les bêtes autour de moi, paniquent et courent de tous côtés, elles m’entraînent dans une valse folle, certaines tombent au sol et sont piétinées. Peu à peu on est dirigé vers une barrière où l’on s’y fait écraser, et on monte par un tunnel où il n’y a de place que pour une bête à la fois, vers le centre du hangar d’où vient la puanteur. Sur le passage je vois des carcasses de je ne sais quels animaux, baignées dans du  sang noir ! Mes jambes ne me portent plus, c’est le flot des autres qui avancent, qui me pousse vers ma fin.

Noooooonnnnnnnnnnn !                                                                                                                                                    Derrière la vitre de mon calvaire, la silhouette frêle d’une cavalière blonde se profile, mais déjà mes forces me quittent, elle arrive trop tard !

Les cheveux d’Aurore brillent dans la lumière à travers mes paupières presque closes, ses yeux bleus comme le ciel me fixent intensément, une brise tiède souffle sur mon nez et les longues mèches de mon toupet me brouillent la vue en dansant soulevées par le vent. Un parfum d’amour sort de la bouche de maman et m’enveloppe les naseaux.

Tout est calme !

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