Benji, c'est la vie.

ferenk

L'album 'Benji' du groupe de Mark Kozelek, Sun Kil Moon, est un bijou d'écriture intimiste et hyper-réaliste à l'humanité touchante et contagieuse.

          Dans son roman ‘Abattoir 5', après chaque évocation de la mort d'un personnage, Kurt Vonnegut ajoute cette phrase : « C'est la vie ». Dans son somptueux album ‘Benji', Mark Kozelek évoque des personnes décédées dans presque chacune de ses chansons, mais il chante surtout la vie. Avec douceur et respect, il témoigne de diverses disparitions, celles de proches, de moins proches, des victimes de Newton, d'un serial-killer…

         ‘Carissa' est la première pierre dans ce chemin de souvenirs entremêlés et poignants. Accords subtils de guitare, voix protectrice : ‘Oh Carissa when I first saw you, You were a lovely child'. Arrive le refrain repris en chœur : ‘Carissa was 35, you don't just raise two kids, and take out your trash and die'. Un hommage pour une cousine tuée par l'explosion d'un aérosol alors qu'elle sortait ses poubelles. C'est la vie.

          La puissance émotionnelle de cet album réside dans ces histoires particulières si justement esquissées qui sont autant, à la fois, d'échos universels et de reflets intimes de nos propres existences. C'est une opération à cœur-ouvert qui se joue entre musique, littérature et cinéma. Et c'est là où l'art touche le centre de sa cible, quand avec de simples mots et mélodies il arrive à émouvoir, quand il nous renvoie à notre condition et nous aide à nous redéfinir. Sans lassitude, doucement, écoute après écoute, gonfle cet espoir de retrouver foi en l'humanité. Beauté, grâce, amour. J'ai pleuré sur ‘Micheline'. C'est la vie.

9,5/10


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