Biographie dansante

lodine

Il fut un temps où l’on écoutait du Bowie dans des lieux alternatifs, mais c’est sur un air de Sheila et en faisant cuire des truites que ma mère a senti  les contractures du bébé qui arrivait.  Un an plus tôt, mon père l’avait cuisinée un peu trop vite : mon aîné avait à peine un an.

 Forcément, je n’ai pu être qu’une enfant puis une femme d’odeurs, de musicalité et de rébellion.  Ça tombe bien, dans le Nord, on en hume, des odeurs. Elles m’ont remuée, imprégnée à vie. Je les ai emportées dans mes valises.

Il paraît qu’il faut étudier, si on veut arriver à quelque chose dans la vie.  Bah, j’ai la moyenne en QI.  Celui de Bratt Pitt. J’aurai bien commandé un zeste d’intelligence en plus au Père Noël mais à ce niveau-là, il est pingre. Dommage. J’ai toutefois un avantage énorme : celui d’avoir plongé dans des univers divers, dont je me suis gavée.  Deux ans de prépa commerciale, deux ans de fac d’anglais et d’allemand après une école de commerce pas pour moi -erreur d’aiguillage. Un complément de logistique internationale et puis le grand bond dans la vie professionnelle où  j’ai d’abord ramé puis navigué en tenant la barre. Au bout d’un long canal rempli de conteneurs que j’envoyais transiter dans le monde entier, de livres d’arts que je faisais imprimer à Singapour, les portes de l’humanitaire se sont ouvertes  pour me donner le sentiment d’être utile. Tout en restant sagement assise dans les beaux QG de Paris. Oui, je suis gémeau.

Et puis j’ai atterri là où il fallait. A trente piges et des poussières. Dans l’univers de la formation, du cinéma, de la création.  J’aide les jeunes à rêver, bâtir des mondes, les concrétiser.

Lorsque la réalité du temps se glisse dans ma peau, lui demandant de muer, j’apprends à comprendre des expressions nouvelles (verre armé petite maille, oméga platine), je note les chevilles à fixer pour consolider les murs de ma maison.

Je me faufile dans ce chouette et grinçant rôle de maman, en riant bêtement des manies de mon enfant,  en la soutenant à tort devant le reste de la famille. 

Quand il reste des sous dans les tiroirs, les voyages m’apportent l’insatisfaction et la plénitude.  La grandeur du large que l’horizon ne termine jamais.  L’Inachevé reste une terre vierge qui ravit mes sens.

Je vis à Paris, du moins, en banlieue. C’est presque pareil. J’aime mon pays et le monde. Les écrivaines d’hier et les femmes de tête.  Les hommes et les pères responsables comme le mien. La fragilité et la douceur comme ma mère. La force rurale de mes grand-mères de 97 et 93 ans. La démocratie et l’humour. La tragédie de théâtre. L’Opéra Bastille. Les concerts de reggae et les cordes vocales des sopranos. La vitesse sur mon vélo dans les descentes verdoyantes, ou à bord d’une voiture en chantant des airs de reggae ou de Tina Turner, à fond la caisse. J’utilise ces matériaux de la vie pour composer.

J’écris depuis l’âge de 15 ans. Des résumés de bouquins, que j’échangeais avec mon frangin. Des poèmes, des ouvrages à moitié disparus. Une nouvelle a même fait l’objet d’une parution (les Bleus de Jef). Un ouvrage, Azad et Marian, a été publié en 2011 chez Edilivre, si mes souvenirs sont bons. Un nouveau roman est sous les feux de la rampe. Prêt à être montré.

Je m’appelle Laurence V. Je suis née dans le Pas-de-Calais, en 1973.

  • Bonjour Lodine,
    ta bio me semble sincère et droite, bien écrite, et ta vie bien ordonnée. C'est admirable.
    Quand tu es née, j'étais au Gabon pour une boîte de négriers ! Peu de chance, hélas, que nos destins se croisent. ;-))

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Yfig signature 3 300

    yfig

  • Oui, insurgez-vous. C'est important. ....
    Merci pour le petit commentaire.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Laurence vasseur

    lodine

  • Je m'insurge ! Paris et la banlieuse, ça n'a rien à voir. Très belle biographie sinon :-)

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Jean fabien2

    jean-fabien75

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