Bleu nuit

Bleu, comme la nuit, quand le corps abandonne mais que l'esprit résiste,
quand résonnent encore au creux de mes oreilles
les mots tant redoutés, les mots qui mordent et blessent
paraissant innocents quand tu les as lancés.
Rouge comme le sang qui cogne dans mes veines et voudrait bien me fuir
pour me laisser enfin m'endormir à jamais
mais qui bouillonne et danse et m'emplit de chaleur
refusant de laisser s'installer le repos.
Une fois qu'est lancée la machine infernale, qui tourne et tourne encore
en broyant mes pensées, écrasant mes espoirs
rien ne peut l'arrêter, tant qu'il me reste un souffle,
tant que l'épuisement refuse de me prendre.
Noires, dans ma tête, les idées se bousculent et me giflent et me brûlent
quand insidieusement ton absence susurre
que tout n'est qu'illusion et que renaît encore
le spectre du mensonge venant griffer mon cœur.
Ô que la nuit est longue quand je laisse mes doutes submerger ma raison
ouvrant à mes démons la porte de mon âme.
Je me retrouve enfant seule et terrifiée,
abandonnée, trahie, au milieu d'inconnus.

Et c'est alors qu'enfin la lumière du jour vient caresser mes murs
éblouissant mes yeux qui pleurent puis se ferment.