Bonne fête maman! (4)

arthur-roubignolle

Bonne fête maman !



Pour un peu j'allais oublier de souhaiter sa fête à maman Roubi...


In-extremis j'arrive avant la fermeture de l'hospice, pardon de la « Résidence des Bleuets ». Charmante maison de retraite qui me coûte les yeux de la tête vu que ma mère a dépensé mon héritage en boissons, en voyages divers et surtout au bridge avec ses amies...


« Bonne fête mamounette ! »

- " Tiens ma jolie maman, c'est aujourd'hui dimanche, je t'ai apporté des roses blanches, celles que tu aimes tant..."


Pfff ! Hypocrite, ça fait quinze jours que t'es pas venue me voir. Tu me laisse dépérir dans cette maison de vieux, une honte !


Mais maman, j'ai pas le temps j'arrête pas de bosser, pour payer TA maison !


T'appelle ça une maison toi? C'est un mouroir oui, et y a que des imbéciles là-dedans, ils n'ont aucune conversation tous ces croulants et aucun  ne sait jouer au bridge. Je fais des parties de dames, tu te rends compte DES PARTIES DE DAMES !

Quelle déchéance !


Ne crie pas comme ça maman, il est vingt et une heure, et normalement je devrai même pas être là, les visites ne sont plus autorisées après vingt heures...


(Ma mère hausse les épaules)


C'est bien c'que j'dis, c'est une prison cette taule, une prison-mouroir. Enfin, tu pourrais me sortir un peu quand même, on pourrait aller quelque part, je sais pas moi au casino par exemple ?


Ah non, pas au casino maman ! On a plus de sous, tu m'entends ? (ma mère, quand elle ne veut pas entendre quelque chose, fait toujours semblant d'être sourde).

Tu m'entends maman? Oui je sais que tu m'entends, fait pas semblant... On a plus de sous, faut que je sortes 4000 euros par mois. J'ai été obligé de vendre ma collection de timbres, on peut tenir deux mois avec tout juste...


(Ma chère (et chère aussi) maman se tourne vers la fenêtre en m'ignorant...


Pfff, tu n'es qu'un égoïste, tu ne penses qu'à toi, et je suis sur que t'avais oublié que c'était la fête des mères aujourd'hui, je me trompe ?


J'ai laissé les roses sur la table, je suis parti discrètement, dans le couloir j'ai croisé la directrice, qui m'a dit : « Alors monsieur Roubignolle, elle va bien votre mère en ce moment, vous ne trouvez pas ? ».


Oui, oui, elle va très bien, merci...

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