Bouc émissaire

Avez-vous remarqué, que les avant-propos, depuis ces derniers temps, sont impertinents, voire grossiers. Il va falloir que j'en parle à mon nègre. Il y a du laisser-aller.

***

- Ah, vous, voilà, vous, je ne vous avais pas revu, depuis le décès de votre grand-mère.

- C'était ma femme.

- Oui, bien sûr, on les confondait souvent dans le quartier à cause des moustaches.

- Autrement, vous attendez donc, un heureux évènement, cher voisin ?

- Pardon ?

- Oh, je suis confus, je pensais que vous le saviez. Je le tiens du boucher qui le tenait du charcutier, qui le tenait de l'épicier, qu'a tout vu. Facile, il y était aussi. Hé bé, on peut dire qu'elle aime bien, les métiers de bouche, votre dame.

- Merde, moi, je n'ai rien vu venir !

- C'est normal, les gens n'osent pas venir vous en parler.

- Ah, tout le monde le sait, alors, pour ma femme ?

- Oui ! Tout Le Monde. Ça commence même à s'étendre sur d'autres planètes.

- Autrement, je change de sujet. Vous le saviez-vous, que votre chat, c'est moi qui l'ai tué ?

- Non ?

- Si ! Et votre chien aussi.

- Et vous, votre tortue, c'est de la merde sa carapace, ça n'résiste même pas à la masse de 5 kg. Toute plate, on aurait dit un smiley.

- Merde, j'ai crevé les pneus à l'autre con du 26 pour rien, alors ?

- De toute façon lui, l'autre con du 26, il roule trop vite. Il a écrasé mon chat.

- Puisque je vous dis que pour le chat, c'est moi !

- M'en fous ! Je me suis dégoté un vieux lance-rocket anti-char de la guerre du Golfe, jamais servi. Boum ! Plus de char et plus de l'autre con du 26.

- Ça c'est vrai ! Quand on a un coupable dans la tête, rien ne pourrait nous en faire changer. Même si, preuves à l'appui, on vous en donne un autre sur un plateau. Ça fait partie des invariants de la tête. (Les psychologues connaissent bien ce phénomène d'entêtement des proches et même de l'opinion publique, reconnu comme un invariant de la tête.)