Brigadier-chef

Hervé Lénervé

Accueil, je pouffe, d'un Commissariat de Police.

Bonjour monsieur. C'est pour signaler la disparition de ma femme.

Mais, vous n'êtes pas déjà venu, vous ?

Oui, pourquoi, c'est limité à combien ?

Non, non. No limit. Mais pour le même motif, c'est rare.

je suis venu plusieurs fois, c'est vrai, mais pour des femmes différentes, voyez vous.

Et vous en avez retrouvé ?

Vous, non. Moi, pas mieux. Aucune. Oh, mais j'ai arrêté les recherches. Il est un temps pour chercher, un temps pour oublier. Il faut savoir tourner la page, il y a prescription.

Exactement ! On ne va pas les chercher, toute notre vie, alors qu'on ne sait même pas où elles sont. Faut pas être con, non plus. Et puis, qui nous dit qu'elles ne vont pas revenir, un jour.

Toutes en même temps ?

Ca c'est déjà vu.

Ca ne m'arrangerai pas. De toute façon, j'ai pris mes précautions.

Vous avez raison, monsieur. On n'est jamais trop prudent.

Une chape en béton armé dans le garage pour la résistance et un isolant pour les mauvaises odeurs.

Elle est armée avec quoi votre chape ?

Que de l'arme blanche.

Alors, dans ce cas, ça va. Bon, je note votre avis de disparition et je vous dit à la semaine prochaine.

Non, la semaine prochaine je ne pourrai pas venir. Je me marris. Même en y mettant du mien, ça va faire juste.

Pas grave, à plus tard, alors.

C'est ça ! Merci, brigadier.

Chef. Brigadier-chef.

« On peut dire qu'ils ne sont pas très perspicaces ces plaignants. Ne pas reconnaître un brigadier-chef, d'un simple brigadier. On ne les engagerait pas dans la Police, ceux-là. »

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