Bye bye Johnny, Goodbye Johnny be good!

Bonjour, pour me présenter, je ne suis pas et je n'ai jamais été un fan de Johnny. J'en veux pour preuve ma cédétèque de plus de 850 pièces qui ne comprend pas un seul titre de ce chanteur emblématique du rock français, même si ni le rock, ni la rock'n'roll attitude n'ont jamais été pour moi français, d'ailleurs, si c'était le cas, ça se saurait. Non, même pas une compile ou un best-of ne comporte chez moi un titre de notre Johnny national! Pour moi Johnny a toujours symbolisé une certaine kitchitude, une ringardise assumée, n'en déplaise à ses nombreux fans que je respecte d'ailleurs infiniment. La musique a pour vocation de rassembler et non de diviser, même si les fans de Frank Michael auront toujours tendance à faire table à part devant les groupies de Marylin Manson, il s'agit pour moi tout simplement de divertissement et de gaudriole, … Bref, la musique, les arts en général, ça devrait rassembler les gens, plutôt que de les diviser, dans un bouillon approximatif de culture et de tolérance. Tout cela pour dire que même si Johnny a accompagné toute ma vie et que je le respecte pour cela et pour sa carrière, c'est pas aujourd'hui à 56 balais, que je vais acheter son ultime compile, ayant été bercé au Led Zep, Pink Floyd, ZZ top et autres Status Quo jusqu'à plus soif et un peu trop près du mur et ce, depuis ma plus tendre enfance.

Pourtant, un truc m'a interpellé l'autre jour, alors que j'étais terrassé par une des  premières grippes hivernales, ce qui me laissa tout le loisir de regarder longuement,  en large et en travers, comme un grand nombre de français de la France, l'hommage national rendu à notre Johnny, qui a laissé échapper son dernier souffle à l'âge de 74 ans après une vie tout de même bien remplie.  Il aura bien fallu qu'un jour cela arrive, Johnny, notre monument français de la France nationale, … ben il est mort ! L'on ne pouvait d'ailleurs pas passer à côté de la nouvelle, tant nos médias y allaient en hommages nécrologiques que même les sacro-saints spots publicitaires en ont été tronqués.

TF1 nous a donc offert en exclusivité et comme il se doit, la retransmission de ce dernier hommage populaire de la France française juste un peu avant que notre icône nationale rejoigne sa dernière demeure à 7000 bornes de la France lourdingue, des paparazzis et de la presse people, juste histoire de reposer en paix. Les autres chaines, nous ont donc abreuvées elles, d'hommages et de nécrologies jusqu'à plus soif et même que Michel Drucker, autre dinosaure médiatique, il a tellement pleuré que c'était certainement sincère.

Ce fut, je l'avoue, une belle cérémonie nationale. Même Jeanne d'Arc et Victor Hugo, y z'ont pas eu ça ! Des milliers de quinquas s'étaient rassemblés derrière quelques barrières symboliques pendant que d'autres défilaient en Harley Davidson  stéréotypées qu'ils se sont offerts avec leur rêve américain à eux, mais surtout avec leurs économies durement grappillées sur un smic de merde octroyé par le patronat français de la France d'en haut ! Et oui, une Harley ça coute un bras ! Et puis il y avait les officiels, les amis, les proches, tout habillés de noir, mâchouillant leur chewing gum entre deux larmes et un coup d'œil furtif sur leur Smartphone. Pas moins de trois chefs de gouvernement étaient là…

Et puis surtout, l'avez-vous remarqué ? Quel calme, quelle sérénité ! En effet, pas une bagnole incendiée, pas une vitrine explosée, pas de fumigènes, pas de CRS dépassés par des jeunes révoltés qui défoncent des camionnettes de flics. Pas un barbu, pas un seul blaireau à casquette illettré interviewé par Closer, pas de femen manifestant contre le machisme ambiant, pas un seul représentant de cette nouvelle génération de lumière … C'était presque trop beau et trop solennel pour être vrai. Et puis, il y avait aussi de vrais musiciens, sans boite à rythme et sans séquenceur ou vocodeur, de la bonne musique, du rock, du blues, de l'harmonica, des gens respectueux et pensifs qui se contentaient d'écouter, de se recueillir…

Bien sur, nous avons eu droit ensuite aux fausses vraies polémiques de la ligue des nouveaux intellectuels anonymes, véhiculées par Twitter et autres réseaux dits sociaux qui auront le seul avantage de faire quelques lignes sur quelques jours dans la presse PQ. Cela nous assurera au moins la fourniture de papier toilette jusqu'à Noël. Mais n'empêche, la mort de Johnny, ce dinosaure français, cela aura kanmême mit curieusement et vachement en lumière cette « vieille » France calme, aux idéaux perdus et aux visages pâles, qui sent aujourd'hui un peu le renfermé certes, mais qui existe toujours,… mais plus pour longtemps.

RIP Johnny !

Daniel - M.