Ça commençait mal

Il y avait du monde dans le tram. Pas plus que d'habitude en fait mais je me sentais exposée.

Manteau ouvert, je me sentais nue. Je me suis recroquevillé un peu contre le mur et j'ai regardé.

Être discrète était la dernière de mes préoccupations.

J'ai eu l'impression de passer mon après midi dans ce tram, en compagnie de ces inconnus que j'ai quitté un peu moins inconnus.

Le soleil se couchait, et moi, j'étais là, à regarder ces têtes fatiguées.

Quand j'ai senti les larmes me montaient aux yeux, je me suis encore un peu plus recroquevillée.

Il s'est assis à côté de moi. Enfin, il était assis là depuis un bon nombre d'arrêts mais je ne l'avais pas vraiment remarqué.

Il sentait bon. Son parfum était un peu fort mais il sentait bon. Pas trop l'homme viril, pas trop les fleurs. J'ai eu envie de lui faire un câlin. M'accrocher à lui, tout simplement.

Juste parce que je me sentais soudainement très triste, qu'il sentait bon et que j'aurais aimé me sentir protégée un petit peu, juste un peu.

Tout le temps qu'il est resté à côté de moi, j'ai eu envie de me serrer contre lui et de fermer les yeux.

Et puis, il s'est levé. Le tram a ralenti. Et il est sorti.

Comme ça. Aussi vite.

Ça m'a fait tout vide, à côté de moi. Personne n'est venu le remplacer. Comme si il avait laissé trop de souvenirs et que personne ne se sentait assez fort pour le remplacer.

Ça m'a fait drôle. Il m'a manqué.

C'est drôle de se dire qu'un inconnu m'a manqué. Qu'il me manque toujours un peu. Que j'aurais aimé le connaître un peu. Juste parce qu'il sentait bon ce soir là.