Café turc

moujik

 La première chose qui m’est venue à l’esprit ce jour-là, c’est de prendre un café dans un bar surtout fréquenté par des Turcs, rue des Petites Écuries. Je revenais à la réalité par une porte dérobée, par un trou dans la palissade de mon quotidien. Ici, parmi ces étrangers,  au milieu de conversations dont je ne comprenais pas un mot, je me sentais bien, protégé dans mon isolement.

Tous les murs étaient recouverts de carrelage jaune pâle, indiquant une ancienne boucherie ou charcuterie. Le manque de toute décoration était frappant. Les marques des bouteilles poussiéreuses, égarées sur des étagères économiques, évoquaient des générations et des pays différents. Un poste de radio fatigué, vestige des années 60, s’épuisait à crachoter une musique orientale luttant contre les interférences. Par terre, les innombrables mégots expliquaient la fumée dense, sans que cela ne paraisse gêner les clients assis sur des chaises dépareillées autour de tables en formica. Les posters de ce que j’imaginais être des stars turques étaient collés un peu partout.

Il  ne faut peut-être que quelques bouts de scotch pour se sentir chez soi.

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