Carpe diem

aile68

M'acheter des fraises, des rondes, des carrées, des qui grimpent sur les murs des prisons, je n'ai jamais été une mauvaise élève même si je galérais dans certaines matières, toujours les mêmes... J'excellais, je me baladais, je croyais naïvement que le travail ce serait les vacances pour moi, un peu prétentieuse, non? Quand on est jeune on ne se rend pas toujours compte... On grandit avec des illusions, on s'imagine des trucs, et puis un jour on veut troquer sa vie contre une autre, qui élargit notre point de vue, notre horizon, notre milieu ne nous suffit plus, mais on ne peut pas sortir de son milieu m'a-t-on dit, ça dépend... Il aurait fallu un coup du destin, un coup du sort. Bref. ça n'arrive pas tous les jours. Je voulais rencontrer de nouvelles expressions, de nouvelles langues, dialectes, de nouveaux langages, un garçon, un seul, pour la vie... 

M'acheter des fraises, des belles, des moches, toute biscornues, avec la couleur de la vie, de la passion, sentir bon l'odeur des cafés où je passais le matin pour aller au lycée, trouver de la poésie à chaque coin de maison, de chalet, être sensible à la beauté, aux différents contrastes de la vie, "nuance", j'aimais bien ce mot, ça résonnait un peu comme un credo en moi, une philosophie de vie, c'est encore vrai aujourd'hui. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir, on m'a dit un jour que la vie c'est gris, à toi d'y apporter ta nuance, ta couleur. Apprendre à faire des "bébés roses", des "indiens", ces boissons qui colorent le monde, lui apportent du plaisir, de la fantaisie, pour tromper le spleen du dimanche quand on rentre de balade. Ecouter les paroles d'une chanson comme s'il en allait de notre vie, comme si ça allait sauver la planète. J'aime l'expression "melting pot", le mot "cosmopolitain", toutes ces richesses humaines et culturellles que certains récusent, refusent sans honte, sans vergogne.

Doucement prendre de l'âge, savoir ce qui est enfin essentiel, ne garder que ce dernier en soi et dans sa propre maison, les fraises poussent aussi bien en terre que sur un balcon, leurs racines sont fragiles comme la vie, le monde, la planète. Et comme le disait le poète:

"Cueillons les fleurs de la vie".




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