ce lieu sans nom

christinej

J’ai touché le fond, le fond de mon corps. Ce lieu en perdition, ce lieu sans nom. J’ai trébuché sur ses imperfections, sur ses plis et recoins qui encombrent l’espace mais qui ne laissent qu’un vide encore plus grand.

J’ai touché l’infini de ma solitude, ressentit le froid qui y règne, la désolation de ce désert aride et mort. Le stigmate d’une blessure y trône, drainant la moindre parcelle de vie qui oserait si aventurer.

J’ai touché mes terreurs qui me crèvent le ventre, qui assombrissent tout les angles morts ou vivants d’un trait sinistre. L’angoisse y pousse comme une mauvaise herbe aux tiges hérissées d’épines, aux racines profondément ancrées en moi. Le poison de la peur y coule pour en faire un torrent de panique.

J’ai touché ma tristesse, cascade de larmes. Celle qui pousse a ne plus vouloir bouger, a ne plus penser et surtout a ne plus rien ressentir. Celle qui, avec ses griffes vous agrippe le cœur pour l’écorcher vif. Celle qui vous fait devenir rien, moins que rien. Simple flaque d’eau salée.

J’ai touché ma douleur, celle qui emprisonne mon corps, bourreau et tortionnaire. Usant de sa science pour faire naitre ma souffrance. Passant des fers chauffés a blanc, a la tenaille, aux lames de rasoirs toutes les parcelles, qui tiennent par des bouts de ficelles et forment, dans un équilibre précaire, le pantin que je suis.

J’ai touché mes rêves, cette légèreté de l’esprit. Ou l’horizon est un début, le ciel le recueil de mes pensées, l’herbe un lit d’amour. Ou juste le fait de penser fait voler, ou la joie se dessine sans fin sur les corolles des fleurs, dans la lumière chaleureuse d’une aube nouvelle, dans chaque battement de mon cœur insouciant et heureux.

J’ai touche trop souvent la noirceur, la solitude, l’amertume et les regrets dans ce lieu sans nom. Maintenant je veux y caresser la vie, prendre en mains mon cœur. Joindre le geste a la parole, avoir les mains libre et toucher le bonheur, mon bonheur.

Comme ta délicate petite main dans la mienne.

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