Ce matin

deep_immaturity

Je me levais à 7h du matin. Je n'avais aucune obligation de le faire mais j'aimais être debout tôt le matin. L'odeur du café chaud chez mes parents, mes nombreux chats qui viennent me dire bonjour, tout était parfait. Si j'en avais le courage, je pouvais sortir dans le jardin, respirer l'air froid et pur de la campagne et écouter les oiseaux chanter. Ce matin là j'avais décidé de me faire jolie. J'avais enfilé une robe pull marron noisette avec des grosses basket. Une tenue mal associée qui ferait sûrement se retourner dans leur lit les créateurs de mode. Je me sentais bien, tout en buvant mon café je profitais des rares moments sans stress. Ma mère assise autour de la table avec sa cigarette en bouche lâcha un  « Encore un temps de merde aujourd'hui.  » qui m'énervait légèrement je dois avouer. Je n'aimais pas cette remarque, elle se permettait d'insulter le temps alors que je le trouvais très bien, le temps. Finalement j'aimais tous les temps pour ce qu'ils apportaient. J'aimais le bruit et l'odeur de la pluie, la chaleur du soleil, la pureté de la neige, le bruit calme du vent. Chacun avait une particularité, une odeur et une ambiance différente. Tandis qu'un chat miaulait, mon père lâcha un  « Ta gueule  » qui m'énervait lui aussi. Je me demandais pourquoi il parlait comme ça à ce chat qui n'avait rien demandé. Son miaulement je le trouvais mignon, et j'ai eu envie de lui rétorquer qu'il devait laisser le chat s'exprimer librement. Mais je préféra me taire, par peur d'avoir encore l'air d'une idiote dans un monde de bisounours ou d'une fille  « chiante  » qui se plaignait constamment. Ma mère ensuite sur cette bonne lancée lu à haute voix un article sur le journal   « Enfant mort étouffé avec une saucisse Herta.  » Cette nouvelle que j'aurais préféré ne pas connaître, me donnait d'abord envie de rire juste de la manière dont ma mère avait lu ça à haute voix comme si c'était quelque chose de rare dans ce monde. Ensuite elle me crispait quand je me mit à penser à cette scène et que j'imaginais la douleur et la culpabilité des parents. Je réfléchissais en me demandant ce que ça m'apportait de connaître cet événement. Je fus sorti de mes pensées par le bruit strident de d'une cuillère tombée sur le carrelage. J'essayais d'ignorer tout ce vacarme et de garder mon humeur positive et détendue. J'avais construit ce mur qui me permettait de garder le sourire quoi qu'il se passe ou dise. C'était assez difficile, j'avais tendance à être très sensible à mon environnement et petit à petit tous ces événements me tendait. Je trouvais ça dommage qu'ils ne réussissent plus à voir la beauté du monde et sa simplicité. 

  • Le bonheur étouffé ou broyé, Dieu merci mes parents étaient plus "classe".
    Coup de cœur pour ce texte plus triste qu'il ne paraît

    · Il y a presque 3 ans ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

  • C'est vrai qu'au bout d'un moment, la frustration s'installe et la beauté du monde se fane. Ceci dit, les parents vont-ils porter plainte contre Herta? et que vaut la vie d'un(e) enfant tué par une saucisse? Je rigole, mais j'aime beaucoup ce texte, je le trouve très sincère et résilient (c'est le terme à la mode, non ?), merci pour le partage.

    · Il y a presque 3 ans ·
    Avatar welovewords

    faustine

  • oh je connais bien ça. Merci.

    · Il y a presque 3 ans ·
    Lc

    Laurent Cacciatore

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