Ce monde absurde

Philippe Girodier

Ce monde absurde

Jean : Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont droit à la vie au même titre que nous !

Béranger : A condition qu’elle ne détruisent pas la nôtre. Vous rendez-vous compte de la différence de mentalité ?

Jean : Pensez-vous que la nôtre soit préférable ?

Béranger : Tout de même, nous avons notre morale à nous, que je juge incompatible avec celle de ces animaux.

Extrait de « Rhinocéros »

Pièce écrite en 1958 par Eugène IONESCO

J’ai inventé un scénario :

Je ne suis pas sûr que Ionesco aurait osé se lancer dans une œuvre aussi absurde :

Ce serait des gens qui intellectuellement seraient en capacité de soigner le cancer. Seulement, ils n’auraient pas assez d’argent et alors, ils mourraient !

Alors, il y aurait un fou qui dirait :

-« Et si on laissait de côté l’histoire d’argent. Si on mettait tous les moyens à disposition des chercheurs pour leur permettre de travailler. Ils ont besoin d’un appareil hors de prix ? On s’en fout … dans cette opération, l’argent n’existe plus ! On met tous les moyens sans se préoccuper de la balance économique, du CAQ 40, de nos 3 A, de la bourse, des actionnaires, des nations, des profits, des lobbies … Bref, on ne s’occupe que de l’aspect humain.

La question à se poser n’est pas « est-ce qu’on a assez d’argent ? » mais plutôt « Sommes-nous assez intelligent pour venir à bout de cette saloperie ? ».

Réponse des gens normaux :

-« Ah ben oui, mais non ! C’est pas du jeu ! Pourquoi pas soigner gratuitement les Africains, tant qu’on y est ! Et puis, y’a qu’à leur supprimer la dette qu’ils ne sauront jamais rembourser vu qu’ils en payent les intérêts depuis des années ! Et les autres maladies, hein ? Tu y as pensé aux autres maladies ? »

-« Ben effectivement ! Imaginez-vous que j’avais d’autres projets ambitieux à propos du réchauffement de la planète, de la disparition des espèces, et puis régler le problème des sans-papiers, des SDF, des frontières, des enfants qui meurent de faim ou de dysenterie, des guerres, de l’esclavage, des génocides, des pauvres du monde entier … Enfin, toutes ces conneries qui minent le monde. Je crois qu’à vivre pour le fric, on en oublie de vivre pour … vivre ! »

-« Tais-toi, pauvre cinglé ! »

Alors, l’Homme continua à faire mourir ses entreprises pour leur donner de la valeur en bourse et à faire mourir les Africains pour leur voler leurs matières premières et leur main d’œuvre.

Il inventa le « Téléthon », « les restaurants du cœur » et « les pièces jaunes de Bernadette » et continua de mourir et de laisser mourir … la conscience tranquille !

The end

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