Ce qu'il me reste de toi

Les kilomètres avalés, je suis maintenant loin de toi. 5 beaux jours consumés, les plus beaux sans doute. 

La nuit explose sur mes chaussures oranges. Le casque sur les oreilles, je suis seule au monde. Et puis ton vélo qui éclate mon champ de vision, ton pull rouge, le choc, nos lèvres. Je t'aime. 

L'eau froide sur mes seins, tes bras autour de ma taille, le goût salé de ta bouche et de ma peau. Le soleil qui caresse nos corps enlacés, l'amour un peu cliché de deux jeunes sur la plage, en été, ignorant le monde. Je t'aime.

Le relief de l'écorce sur ma colonne vertébrale, chaleur de ton torse contre ce T-shirt si doux, tes lèvres ont un goût sucré et la lumière est verte. Tes yeux, eux aussi verts, sont cachés derrière des verres noirs. Je t'aime. 

Une après-midi bleue qui commençait si bien, nos mains sur la dune, mes couleurs sur ta pellicule. Un casque qui chante Say Amen, mais ma tête s'est éteinte. L'étonnante douceur du soin que tu me portes, ton bras qui soutient mes hanches, les miens noyés sous ton pull rouge. Saveur de riz vinaigré et d'avocat, je me sens mieux. Caféïne et soupe miso avant de revenir te voir, fructose et encre bleue en attendant ton retour. Je t'aime. 

Surface d'argent où tonimage se reflète. Nu, tu te concentres sur le soin de ta barbe tandis que malicieuse, je laisse errer mes yeux gris sur les courbes de ton dos, ton torse, tes fesses. Tu le surprends, ce regard, et il met sur ton visage ce sourire que j'aime tant, amusé et attendri. Mes bras autour de ta taille, je sens tes muscles à fleur de peau, envie d'y planter mes crocs. Je t'aime. 

Nuit infinie après t'avoir tant attendu, je brûle d'être seule depuis quelques heures. Il suffit d'une seconde pour que déjà je te mange de baisers, te partageant l'ardeur qui bout en moi depuis un moment. Ma peau appelle incessamment la tienne, mes lèvres cartographient chaque parcelle de ton corps dont les formes exquises m'ensorcellent. Hors du temps avec toi, hors du monde qui se plaindra peut être du bruit, mais les yeux profondément plongés dans ton osmose. Je t'aime. 

Et puis des éléments. Ta voix que j'aime tant sur les rondeurs des mots russes, la texture de ta peau sous les lèvres, le frisson laissé en sillage par tes doigts volatiles, je t'aime, je t'aime. 

Voilà ce qu'il me reste de toi.