C’est la crise !

Hervé Lénervé

Les temps sont durs pour tout le monde.

-         Accusé, vous êtes accusé d'avoir kidnappé six femmes pendant six ans, en leur réclamant un loyer exorbitant pour une cave sans aucun confort.

-         Faux ! J'ai installé l'électricité au gaz à mes frais.

-         Il n'empêche que les conditions d'isolement ont été jugées insalubres par la commission des droits de l'homme.

-         C'étaient des femmes !

-         Même ! Que plaidez-vous ?

-         Innocent, votre honneur !

-         On vous reproche également de les avoir violées quotidiennement.

-         Je ne suis pas un monstre, votre horreur, il fallait bien les distraire ! Si vous croyez que cela me faisait plaisir de faire l'amour avec des femmes sans aucune condition d'hygiène, des souillons repoussantes dans des hardes infectées de vermines.

-         Justement, parlons-en, pas d'eau courante, pour les besoins intimes. Une nourriture infecte et même pas Canal plus et Netflix.

-         Je ne roule pas sur l'or, votre honneur, j'ai tout fait, selon mes moyens, pour satisfaire mes pensionnaires.

-         Vous êtes un marchand de sommeil, monsieur ! Aussi, je vous somme de réhabiliter vos locaux de séquestration aux normes en vigueur, sous peine d'une amende de deux cent mille euros.

-         Putain, vous n'y allez pas avec le dos de l'écuyère, vous ! Où voulez-vous que je trouve deux cent mille chevaux ?  

-          Affaire suivante ! Assesseur, qu'avons-nous à juger à présent ?

-         Affaire 345, monsieur le Président. Le propriétaire d'un véhicule mal entretenu, accusé de mise en danger de la vie d'autrui, selon l'avis du syndicat des voleurs de voitures.

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