CET INCONNU A MOI
le_gallicaire_fantaisiste
Il faut croiser les gens, il faut les entendre, il faut les écouter interpréter la vie à cette manière qui marque les esprits d'interrogations subtiles, d'impressions indélébiles, d'humilité et d'émotions qui vous bouleversent à la manière du tremblement des terres.
Cet inconnu à moi, déchire à la voix, la tristesse des solitudes humaines.
Il tremble.
" Face à Dieu qui priait ", évadée des gouffres profonds, il élève sa voix rebelle à hauteur d'homme.
Quelle est cette fragilité qu'il a fait sienne ? Marquée par la rage, portée par l'amour quand s'abat la haine, il cingle le sort à ne reculer que pour toucher du cœur son propre vertige. Alors il toise de son œil noir l' injustice du sort et d'un sourire, l'ironie du juste pardonnée par la force des mots, il rachète l'offense du bourreau.
" Désormais " il me fait face, seul, debout dans l'obscurité. Il se tient devant moi qui arrive, moi qui débute, moi qui commence à parcourir la vie, cette réalité fugitive inscrite dans une époque qu'il a fixée dans un sillon noir et blanc et qui va grandir à mesure que je vais grandir. Il m'a appris comme un livre ou comme on ne comprend pas les hommes sans savoir les écouter.
Chaque mot, chaque intonation mais encore chaque silence, chaque mouvement de son corps, chaque battement de son cœur veut dire et le souffle qui sort de ses poumons brise plus fortement les murs que l'espace est réduit.
Tout en chantant pour lui-même, comme on console sa propre peine, il m'interpelle. Il est de ces êtres qui sont libres dans cette vie-ci. Il est venu avec les yeux si grands ouverts qu'ils voient la forme humaine qu'a pris cette souffrance qui s'obstine à s'accrocher aux corps perdus. Un père, un homme, une mère, une femme. Toutes les puissances, toutes les désillusions et la ligne de l'espoir à laquelle il pend son complet bleu du dernier cri, toujours un cri d'amour " au dernier jour de nos jours ".
Il est debout sur cette scène qui fait le tour de la planète depuis que les temps révolus s'écoulent dans les torrents du présent, qui continuent la boucle.
Il a saisi l'instant, il l'a reproduit, il l'a répété à tue tête, il est l'histoire et à la fois le présent de nos vies, depuis toujours il fait front.
Il a "juré que ce lien tiendrait jusqu'à la fin des temps" et ce faisant il m'a rassuré dans mes incertitudes : Monsieur Charles Aznavour.
Le Gallicaire Fantaisiste