C'était le plus beau jour de ta vie...

        C'est le grand jour, celui qui séparera mon regard dévasté et ton sourire apaisé. Tout le monde s'est apprêté avec le plus grand soin, de longues robes et des costards chicos portés par ceux qui ont fais partie de ta vie. Mes bottes sont pleines de boue, entachées comme les sentiments que j'ai pour toi. Les autres me dévisagent, au fond de moi je sais qu'ils voudraient que je disparaisse. Les cloches de l'église se mettent à résonner et la longue voiture qui t'amène se gare lentement au bas des marches.
        Le silence règne quand tu traverses l'allée, les premières larmes se mettent à couler. Ton regard caché par le voile ne laisse rien transparaître. Je ne sais pas si tu as distingué ma présence au milieu de cette foule mais, moi je ne t'ai jamais vu aussi belle. 
        La messe est interminable, c'est une vraie torture que de te voir devant l'autel, calme et silencieuse. La dernière fois que je t'ai vu, tu pleurais toute la misère du monde et là, c'est comme si tout avait changé. Envolés les problèmes, tout aller mieux: les insultes, les coups, les longues journées prostrée dans une chambre mourante. Qu'est ce que j'espérais?! Comme si j'aurai pu t'apporter le bonheur, moi, un pauvre hère.
        Les images défilaient dans mes pensées et je ne voyais plus le temps passer, je n'arrivais pas à décrocher mes yeux de tes lèvres rouges, cette couleur te vas si bien. Ta robe tombant jusqu'à tes chevilles, ces talons hauts qui t'avaient si souvent donné envie de ne plus marcher. Tout ça ne sera bientôt plus que du passé, le seul endroit dans lequel tu serais contre moi, la joue sur mon épaule.
        Quand vint la fin de la cérémonie, le sol n'avait même pas recueilli la moitié des larmes que tu as versées malgré ta jeunesse. J'aurai aimé admirer une dernière fois tes yeux en te présentant mes hommages mais... le cercueil est fermé.