Charlie: 12-0 pour la France en noir.

elixir

Pas besoin de vous expliquez toute l'horreur du drame d'hier puisque c'est maintenant sur toutes les lèvres, à la télé, à la radio, sur internet ou les journaux, partout on répète ce mot: Charlie. 


 Pourtant, pour être honnête, l'hebdo Charlie, je n'en avais pas vraiment entendu parler avant hier -et c'est bien navrant, de l'apprendre dans de telles situations-. C'est à peine si j'avais vue quatre ou cinq dessins, de loin sur la toile et peut-être quelques uns dans mes manuels scolaires. Alors c'est vrai que je ne peux pas vraiment comprendre ces gens effondrés, les connaissant depuis longtemps pour leur humour et admirant ces artistes, qui se servaient de leurs crayon avec intelligence et talent. Mais je crois que l'important, c'est qu'au-delà des artistes assassinés et déplorés, ce sont des hommes innocents qu'on a tué pour des bouts de papiers. 


Comment parler de ça correctement? Est-ce qu'on pourrait utiliser des mots suffisant pour qualifier l'ampleur de ce qu'il s'est passé hier? Je ne serai pas ne mesure de vous répondre, à un moment je crois que les mots ne peuvent plus dépasser le silence, comme celui qui a eu lieu aujourd'hui. Mais je pense aussi qu'il faut quand même malgré tout communiquer pour se souvenir, parce que oui: on ne pourra jamais dire à quel point c'est un acte touchant de prendre douze vies, d'écraser la liberté d'expression pour laquelle tant de combats ont dû avoir lieu. On, peut importe notre nationalité, nos origines et nos croyances, a besoin de se rappeler. Pas pour les martyrisés et réanimer la haine, mais au contraire pour se rassembler et se battre contre elle. Il ne faut pas laisser le but de cet attentat affaiblir pour tout ce auquel Tignous, Cabu, Wolinski,  Bernard Maris et Honoré ont dénoncés et sont morts, aussi bien que pour Elsa, Frédéric, Ahmed, Franck, Mustapha, pas moins innocent ou important qu'eux. Deux hommes pour douze morts et onze blessés (pour le moment du moins), ça n'a décidément pas de terme approprié.


Après si ça ne vous dérange pas, j'aimerais vous dire pourquoi je parle de ça maintenant. Et c'est d'abord parce qu'aujourd'hui, ce qui m'a choqué et qui m'a permit de bien réaliser l'ampleur de tout ça, c'est de voir notre professeur arriver en noir, avec des cernes immenses et des yeux rouges. C'est l'un des meilleurs professeurs que j'ai pu avoir, autant pour son désir d'enseigner que pour sa joie de vivre. D'habitude, il parle de l'actualité quand c'est important et pourtant, il n'a pas dit un mot sur l'attentat. Je pense qu'il n'en avait vraiment pas besoin vu l'ampleur des événement, mais c'est ça qui m'a donné un premier vrai choc. Dans le couloir, mon amie m'a dit avoir vue sa mère rentrée les larmes au yeux, pour lui demander d'aller accrocher des bougies dehors. A midi, on nous a demandé une minute de silence, avec la voix solennelle des hauts-parleurs, celle-là même que pour l'affaire de Mohamed Merah et ceux dans la cantine ont levé leurs stylos. A midi et demi, c'était la foule sur le parvis de mon lycée, des bougies allumées, des pancartes/papiers collés au grillage "on est tous charlie","je suis charlie" et un en plus gros: "Parce qu'il y a toujours des connards pour voler au-dessus des fusils". Et enfin, pour finir ma journée, c'est notre professeur d'histoire qui avant de passer au totalitarisme en a parlé. Il nous a montré les journaux sur son bureau, le figaro en noir à la place du rouge, mais aussi ce journal (l'équipe) qui selon lui retranscrivait au mieux les faits d'hier parce que le public qui y était dessiné, c'était nous. Il nous a longtemps parlé et très justement avant de nous lire le discours du ministre de l'éducation:

http://www.education.gouv.fr/cid85278/lettre-a-la-suite-de-l-attentat-contre-l-hebdomadaire-charlie-hebdo.html, qui était plus qu'approprié ici. Puis il nous a demandé si on voulait dire quelque chose, notre déléguée s'est levée et nous a prié de ne pas faire l'amalgame entre ce qu'il c'était passé et le fait d'être musulman. C'était eux  après tout, dont on avait à tort user le nom de leur dieu alors que ce n'était pas ce que transmettait le Coran et la religion des autres musulmans. Un autre élève s'est levé, il a précisé que demain toutes les mosquées aux alentours feront des prières.

Charlie, beaucoup de mort, beaucoup d'injustice et de larmes mais aussi, j'espère, beaucoup de leçons à en tirer. Certains ont su bien mieux en parler que moi, exprimer quelque chose d'important: 

(http://blog.marcelsel.com/2015/01/07/je-ne-suis-pas-charlie/), pourtant j'ai essayé de vous en parler aussi avec ma vision, parce que justement ça m'a donné l'envie d'user de ma liberté d'expression. Ils ont assassinés trop de personnes, nous ne pouvons maintenant qu'essayer d'assassiner la haine et l'intolérance. Pour citer mon professeur d'histoire, "ce journal est significatif, car c'est maintenant à nous d'inverser les chiffres du haut".

Signaler ce texte