Chaud, devant !

Hervé Lénervé

Je n'ose plus penser. Car, les gens lisent dans mes pensées.

Je m'en suis aperçu par hasard, à la terrasse d'un café. J'étais accompagné par une belle femme très digne à boire, un café pour elle, un cognac pour moi. Quand soudain ? Une pensée me traversa l'esprit : « Je me la ferais bien, la Duchesse des fesses en l'air. »

Ne voilà-t-y pas, qu'elle me sort de but en blanc, donc il ne compte pas  :

« N'y pense même pas. La Duchesse, elle t'emmerde ! » Merde ! J'avais pensé trop fort.

Ca fait peur. Si tout le monde peut entrer en moi, où me réfugier ?

La seule solution, ne plus penser.

Ca paraît facile comme ça, mais essayez, vous verrez, il n'y a rien de plus difficile que de ne penser à rien, au vide et quand on croit y arriver. Le néant est encore une pensée. Notre tête est pleine de pensées. Chacune veut être citée. Hé moi, moi, là, Hou-Hou, c'est mon tour ! Alors, ça se bouscule au portillon de la conscience. Si bien que même sans penser, on pense encore. L'esprit ne sait faire que ça et il ne s'en prive pas, le con !

Si bien, surtout, qu'aujourd'hui je me trimbale partout avec une lessiveuse en inox, garantie anti-ondes télépathiques, sur la tête. J'aurais dû faire des trous pour les yeux, je me cogne partout.

BING !

- Oh, pardon madame, je ne vous avais pas vue.

- Comment cela ! « l'autre vieille morue, devant » ?

L'inox, ça ne vaut rien, je vais essayer un pot de fleur en grès.

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