Cheveux de charbon et yeux d'émeraudes

Caïn Bates

       Elle a les cheveux plus sombre que les plumes d'un corbeau et les yeux plus verts que les plaines d'Irlande, son sourire est enjôleur et son visage rayonne d'un douceur apaisante. J'ai rencontré pour la première fois cette petite fille une nuit de solitude amère. J'étais une nouvelle fois assis sur un muret non loin de chez moi, le regard vide fixant les rues désertes et obscures, écoutant la symphonie relaxante du silence. Je la vis lentement marcher vers moi d'un pas calme, elle semblait danser seule, le bruit de ses chaussures apportait une musicalité lancinante qui rythmait les accords du ballet des voitures lointaines. Elle s'arrête devant moi et avec son plus beau sourire, elle m'adresse un signe de la tête et s'assoit à côté de moi. Elle ne dit pas un mot, fixant elle aussi le mur crasseux qui nous fait face.         
        Les minutes semblent légèrement plus longues, la lumière toujours plus lointaine. Sa petite main se pose sur la mienne, sans aucune hésitation elle l'agrippe et se remet debout. Je la regarde, étonné, lorsqu'elle se met à tirer sur mon bras. À peine le temps de me lever, elle avance déjà sans même se retourner pour vérifier si je la suis. Au fur et à mesure que l'on progresse, ses pas deviennent moins réguliers, elle semble même parfois disparaître durant quelques secondes. Nous ne croisons personne, les rues sont vides à cette heure et je ne m'inquiète en aucun cas pour elle, pour le moment, j'essaie juste de me repérer et de retenir mon itinéraire pour revenir chez moi. Après un court instant d'inattention, je m'aperçois in extremis que je suis face à un mur, la petite fille à complétement disparue. 
      J'entre aussitôt chez moi, parcourant rapidement le chemin inverse qu'elle m'a fait emprunter. Je ne la vis plus après ce soir là, du moins, plus pendant mon sommeil.

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