Chronique d'un ennui mortel - 4

kira

Lundi 16 Août 2010 -

Enfer et damnation, les clients aujourd’hui se déchaînent, je ne sais que faire, il faut rester agréable et courtois, réfuter mon obsessionnel cynisme pour les contenir sans faire de vagues. Je flotte dans mon fauteuil de cuir sans doute durement arraché à la peau d’un animal quelconque, puis tanné et poncé pour me galvaniser d’un confort approximatif censé être agréable, tout en imaginant à partir de la voix de mes interlocuteurs, qu’elle tête ces moutons de panurges assistés peuvent bien avoir. La médisance de mes collègues et leurs expressions grivoises ne parvient pas à m’arracher un léger rictus, il est 12h13, j’ai trop peu dormi pour me soucier de ces foutaises qui naguère ne me frôlerai pas même d’un poil pubien. Une vieille pie scande d’odieux propos bancaires pendant que je m’efforce sans grand mal à faire fit de toutes ces nuisances sonores : elle finira sans doute par manquer de salive, et ce pour ma plus grande réjouissance (cette fluette et stridente voix irrite quand même mon légendaire sang froid). Le café ruisselle dans mon organe digestif au rythme que mon portefeuille s’amincit, mes poumons saignent, mon souffle n’a plus cette odeur si particulière, mélange de dentifrice et de tabac. Je souffre du manque du membre manquant, je veux passer la main dans mes cheveux, mais de la longueur il n’y a pas…enfin il n’y a plus pour être pointilleux, cette vile teigne de coiffeuse ne faisant pas éloge à sa profession et m’ayant raccourci plus que raisonnablement une épaisse crinière châtain clair. Autour de moi, tout s’agite, tous se plaignent ou taille le bout de gras sur leurs incertitudes et leurs malheurs, pourtant leurs labeurs n’est pas si délicat que ça, alors je ris tel un dément, sans porter le masque de l’hypocrisie salariale. Bon, il est 15h50, il est temps d’aller a la pause cancerette.

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