Chronique emploi

Ce matin je reçois un mail m'invitant à lire des conseils émis par diverses structures publiques et associatives visant à aider les chômeurs à retrouver un emploi.

J'ai fondu en larmes au milieu, mélange rage et désespoir. Je sais c'est bête, mais il y a des idées passéistes et inhumaines qui m'étreignent le cœur, me semblent à mille lieues de ce qu'il faut faire pour aider ceux qui en ont besoin.

Par exemple, je lis que les femmes doivent se présenter à un entretien d'embauche en tailleur pantalon (pantalon noir + chemisier blanc), finalement dans la même tenue que les hommes. Pourquoi? Au nom de l'égalité des sexes? Quid de celles qui ont des fessiers rentrant mal dans les pantalons? Des cuisses potelées? Surtout avec cette mode des tailles basses...Et de celles dont je fais partie qui détestent les pantalons et n'en n'ont pas dans leur garde-robe? Et puis après, une fois le boulot décroché, que va-t'il se passer? Les femmes recrutées ainsi vont être condamnées à arriver chaque matin dans cette tenue? Ou une fois embauchées, que vont devenir celles qui auront décider de mettre une robe? Jolie? Gaie? Avec des volants et des fleurs? Des talons ou des ballerines? C'est quoi cette volonté de lissage des genres?

Viennent ensuite les recommandations de CV: ne mettre que l'essentiel pouvant donner des indications de compétences aux recruteurs, de préférence des références de boites ultra grosses avec leurs logos en tête de page. Je soupire! Comme si la vie, les maternités ou paternités, les accidents de la vie ou le travail dans des TPE ne constituaient aucun apprentissage substantiel! Quelle misère de se voir infliger des CV pareils, sans une once de personnalité remarquable visible. Tous pareils, bien lisses et rangés dans les petites boites des recruteurs comme des poireaux calibrés dans une cagette. Moi qui prône les vertus de la différence, le potentiel exceptionnel de chaque être humain, l'intérêt de la richesse du cœur, de la sensibilité, des qualités psychologiques, des acquis de la moindre expérience...combien je me sens loin de tout ce formatage.

Ensuite j'apprends qu'il ne faut pas poser de questions au recruteurs du style, "pourrais-je travailler en télétravail?" ce qui vient de devenir un droit me semble-t-il ou "le salaire est-il susceptible d'évoluer?" Pourquoi? Pour se faire embaucher et poser les questions une fois le CDI signé? Dans quel but? Tromper le recruteur? Se faire embaucher puis être malheureux comme les pierres chaque matin en allant bosser? Encore ces injonctions de ne pas être soi, de se plier tout petit comme un origami, de devenir une énième boite anonyme rangée sur une étagère avec une étiquette correspondant à un poste. Mais c'est quoi cette façon de considérer l'être humain comme un clone reproductible à l'infini, uniquement constitué de compétences techniques? Quid des polyvalents? Des sensibles, des créatifs et des artistes? Et dire que les recruteurs appartiennent souvent au service des ressources humaines...

Puis je lis en m'étranglant dans un rapport officiel que les femmes et hommes au foyer sont considérés comme des inactifs, notant par ailleurs qu'aucune enquête ne concerne ces "inactifs" s'ils décident de retrouver un emploi. Pas de cases pour les parents qui ont décidé de consacrer du temps à leurs enfants. Et pourtant! Je n'en connais pas un ou une qui a une minute de repos! Quel malheur! C'est bien un de nos problèmes, cette façon de penser que l'homme ou la femme au foyer est improductif. Alors qu'en élevant ses enfants avec soin, temps et patience, on réduit la consommation de surgelés, les frais divers de nounous, soutiens scolaires, gardes de vacances, cantines..., on développe leur vocabulaire, on évite qu'il regarde des âneries à la TV ou des pornos sur leurs téléphones, tout en contribuant à aider le conjoint salarié ou déclaré "actif". Heureusement que certains parents sont là le soir après l'école pour s'occuper des enfants et faire le repas, surveiller les devoirs, écouter les petits malheurs et bonheurs ordinaires, car quand l'autre parent rentre à 21h ou plus, qui s'occuperaient des enfants? De les coucher et leur lire des histoires, de leur faire des câlins et des bisous? Ces moments de l'enfance et de l'adolescence sont tellement précieux, c'est un tel job et tant d'énergies consacrées de conduire les enfants dans le monde d'aujourd'hui, que je crois bien qu'il faudrait créer une catégorie à part pour les parents s'occupant à plein temps et sans jamais de vacances de leurs progéniture, même une catégorie de super-actifs hyper polyvalents!

Très drôle pour finir, les recruteurs n'ont aucun conseil pour dire comment il faut expliquer dans un CV qu'on a élevé ses enfants ni qu'on pourrait prétendre parfois à plusieurs bacs, encore moins que parfois la maladie a engendré un trou dans le CV.

Je sais pourquoi je travaille à mon compte depuis des années. Je n'entre pas dans les cases et n'ai surtout pas envie d'y entrer, déteste en plus les pantalons! 

Ouvrez ouvrez la porte aux oiseaux...