Chronique "Sa vie dans les yeux d'une poupée"

Marie Cornaline

Voici un thriller psychologique bien singulier qui mêle le candide et l’atroce, tant dans le récit que dans le ton employé. Deux âmes torturées se croisent, se comprennent, se mélangent. Dans un univers sordide et gore, c’est finalement une quête de paix qui se joue. Je n’en dirai pas plus sur l’histoire pour laisser au lecteur tout le plaisir de la découverte. Je n’aiguillerai que par 4 mots: démons, amour, regards, schizophrénie.

Ce qui est certain c’est que ce livre vous prend aux tripes dès les premières pages, impossible de le lâcher, il vous brûle, vous possède. Son emprise est telle que lorsque vous le posez, épuisé, il vous poursuit. Les personnages s’infiltrent dans vos pupilles, leurs voix, leurs réflexions, résonnent dans vos oreilles, il vous arrive même parfois de vivre une suite hypothétique de l’histoire. Ce livre joue avec votre sommeil paradoxal.

D’où lui vient donc se pouvoir? A mon sens, il ne réside pas seulement dans son histoire, qui en plus d’être un thriller est aussi quelque part une histoire d’amour, mais surtout dans le fait que l’Auteure arrive à faire fusionner en nous des sentiments qui à première vue devraient être contradictoires. On s’attache aux personnages à tel point qu’il nous arrive de les devenir. Et quand la démence de l’un d’eux vous habite, ça fait un drôle d’effet ; car plus ses actes deviennent barbares, plus votre amour pour lui grandit.

On se surprend à oser croire en un happy end impossible qui d’une certaine façon se concrétise. Effectivement, si ce livre se termine mal dans la forme, le fond lui reste à débattre.

Ingrid Desjours a pondu un thriller haletant mais aussi fin et touchant, qualités rarement mêlées dans les œuvres du genre.

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