Chut ! Finale.

Début avril 2018, le scientifique spéléologue Michel Siffre s’évada de la maison de retraite climatisée et sécurisée, située à La Souterraine, un trou dans la Creuse, où ses proches redoutant ses projets grotesques l’avaient casé.

Voulant vérifier son cycle nycthéméral, qui coïnciderait vus ses séjours précédents à celui d’un jour martien, il projetait de se coller secrètement au fond de la grotte de la Cocaliére, pour revivre sans faille ni Rolex, une expérience d'isolement total.

De nuit, opinel aidant, il extirpa de son oreille la puce RFID placée lors du sien, la déposa sur son oreiller, avant d’aborder par un passage souterrain, le tout-à-l’égout synonyme de liberté.

Alors en vain, on enrôla à ses trousses plusieurs drones, et fit appel aussi à l’analyse biométrique automatisée qui traita des péta-octets de vidéos ; mais en cette année du centenaire de l’armistice de la der des ders, les commémorations mobilisaient des effectifs amaigris, sans oublier le plan Hypervigi déployé devant l’intense tension internationale, réagissant à la répression frénétique des immenses mouvements populaires, dus en Europe : à la baisse drastique des salaires pour relocaliser, en Chine : aux cent faillites bancaires frauduleuses et aux élections truquées en Russie.

Heureusement la grande messe planétaire du ballon rond était attendue en juin à Moscou pour ramener le calme, en dépit des menaces de boycottage brandies, mais qui finalement s’éteignirent sous l’influence conjuguée des média et des sponsors.

Discrètement, après soixante-neuf nuits au trou, le prisonnier volontaire des stalagmites, jaillit à l'heure adulée du laitier, retrouvant le plancher des vaches et la voie lactée regagnant l’étable d’Apis.

Puis, monté sur un roc haut, Siffre dit "la taupe" embrasse l'horizon d’un œil encyclopédique : personne, seuls des moutons polis ferment le ciel face à un pré paré du lys royal, où maintenant las notre homme erre en quête de réseau.

L’i.Pid archaïque réveillé par les premiers rayons de soleil scintille, mais curieusement ne capte rien.

Après avoir dévalé le coteau entre les palmiers, il rejoint la D904, avale à pied la vallée si silencieuse avant d’enfourcher un tracteur chinois hybride, abandonné avec son contact déverrouillé sous l’héliolienne du champ de chanvre bio de la société indienne Karuturi, et ainsi fond sur le bourg le plus proche.

La Mairie-Ecole-bar-poste est fermée, ailleurs il ne voit dans les salons qu’humains se décomposant parfois dévorés par leurs animaux domestiques eux-mêmes fraîchement décédés.

Poursuivant, l’esprit à genou sa route désertée par les véhicules et les humains; pourchassé par des chiens devenus rivaux et surplombé par une volée tournoyante d’aigles; il va sans Galiléo suivant les panneaux rouillés vers Alès y trouver des survivants, confinés peut-être dans l’abri de la sous-préfecture.

Ayant trouvé le bâtiment officiel, il s’y engouffre et voit nez bouché, le poste de sécurité bourré de gardes immobiles putréfiés face aux écrans noirs, il tourne en rond autour des rayonnages et trouve soudain l’ultime circulaire non lue, qui prohibait la retransmission de la finale de la coupe du Monde de football, car un cyber terroriste russe aurait conçu un virus subliminal s’attrapant par simple vision d’un QRcode imprimé sur le gazon du stade, virus se diffusant ensuite par le regard, provoquant l’arrêt des connexions du cerveau disponibles.

Ne supportant la solitude que sous terre, désespéré, il grimpe sur le toit, saute, et arrivé à six mètres du sol sent sa poche vibrer. Fin