Classiques.

Hervé Lénervé

Racine, Corneille et le troisième mousquetaire de Dumas qui était nul en chiffres et dont j’ai oublié le nom, versifiaient comme nous, nous marchons.

A cette époque tout le monde parlait en vers et contre tous, la prose n'avait pas été encore inventée, n'en déplaise au bourgeois gentilhomme, ah, ça me revient du coup, c'était Molière, le troisième gai-luron. Donc, comme l'écriture est une gymnastique et la gymnastique n'est pas une sinécure, les trois larrons étaient vachement fortiches pour écrire comme ils parlaient. Bien sûr, pour nous qui ne sommes plus spécialisés dans cette façon de discourir, c'est déjà miraculeux que l'on puisse écrire un poème d'une seule malheureuse strophe. L'inconvénient des rimes, c'est qu'on ne peut avoir qu'un nombre de phrases pair, d'où parfois une dernière phrase pour la rime qui semble superfétatoire du style :

Bergère, rentre à la maison

Avec tes pelotes de moutons.

Pour aider ton père à la fenaison.

Qu'il puisse de peloter les nichons.

La dernière phrase n'est là que pour la rime, car en ce temps-là, les parents n'avaient pas le droit de coucher avec leurs enfants.

Je vous raconte tout cela, uniquement pour que l'on cesse de s'émerveiller et que l'on arrête de nous poissonnier au nez, devant tant d'adresse à manier les rimes, je le répète au risque de me répéter de nouveau derechef, c'était l'état normal du parler ancien d'avant. Du gueux au PDG, tous rimaient avec la même aisance.

Maintenant imaginez ces acrobates de la rime rencontrant un gamin de nos banlieues, bien de chez nous, en train de planter ses choux dans la cage d'escalier de son logement social.

Racine - A vaincre sans gloire, on périt sans triomphe !  (Le Cid ou presque pas moins que pas loin.)

Le gamin - Laisse béton, bouffon !

Corneille - Ton parler est aussi indigeste qu'une tourbe faisandée aux palimpsestes.

Pourrais-tu nous expliquer la matière de tes vers.

Le vaurien - C'est facile, gros nase, tu inverses les syllabes. Béton pour tomber, fastoche mec !

Molière - Mais nous ne connaissons pas la matière du béton, nous ! Nous  ne connaissons que la pierre de meulière de nos maisons moues. Alors, je dis « laisse pierre » pour « laisse tomber » dis-je, alors ?

Le collégien - Bouffon, va ! Allez bouge !

-         Fonbou ? ça veut dire quoi de, pour signifier que quoi, donc, alors, Ô dit là, dit donc là-bas ?

Vous voyez, il a perdu de sa superbe le Molière, ses pièces seront bancales à présent, il a rudement bien fait de mourir tôt, car personne ne l'aurait lu ou à peine plus que les trois irréductibles qui ne me lisent encore que par fidélité mal placée et parce que je les paye une grosse fortune.

  • Je sui persuadé que comme moi, tu serras célèbre dans trois siècles. Un extraterrestre fera l’apologie des textes publiés sur WLW et en fera le fondement de sa culture et le fondement, c'est pas un gros mot :o)

    · Il y a presque 6 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • J’ai toujours su que je ferais quelque chose de grand dans le futur à titre posthume. Ça me fait une belle jambe de bois à titre prothèse. :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Hihihi

      · Il y a presque 6 ans ·
      Image de femme baroque

      anna-c

  • Lufefar ton cours mais fallait l'oser
    bon j'en profite pour ressortir ce vieux truc mnémotechnique de collégien pour se souvenir des auteurs du 17 e siècle

    ca ne sert que rarement mais on ne sait jamais

    "Une Corneille, perchée sur la Racine de La Bruyère, Boileau de La Fontaine Molière"

    en vers lents ça doit donner !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Image de femme baroque

    anna-c

    • Bonjour, toi ! Merci d’être revenue, fort à propos, en robe de cours ! :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Ou est la pub?

    · Il y a presque 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • Les annonceurs me boudent depuis un slogan qui n’a pas plu. « Renault, c’est la panne qu’il vous faut ! » :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Et Rousseau s'en fout l'éducation de son mimile n'est plus à faire !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Chainon manquant

    dechainons-nous

    • J’ai bien connu l’Emile, son éducation laissait à désirer, il avait toujours les doigts dans le nez. :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Tu confonds pas avec Gavroche celui qui reluquait le saints de la liberté !

      · Il y a presque 6 ans ·
      Chainon manquant

      dechainons-nous

    • Il aurait mieux fait de reluquer les seins de la libertine. :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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