Coccinelle ou, la frontière
Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké
Il y avait frontière. Entre elle et lui.
Elle, la Mexicaine.
Lui, l'Américain.
Il y avait frontière. Entre elle et lui.
Elle, la stratège.
Lui, le têtu.
Les frontières étant donc d'autant physiques qu'intellectuelles. Pourtant, ces deux êtres avait un destin commun.
C'était à l'occasion d'un congrès à Mexico quant au réchauffement climatique et son effet sur les coccinelles qu'ils s'étaient rencontrés. Il était l'un des premiers orateur, elle était de service à asseoir les gens. Une ouvreuse contre un intello, rien de choquant en ce temps selon lui ; qui vouait une véritable terreur envers le peuple mexicain qui selon lui, était fainéant.
Il commença son discours avec bravoure tant il avait appris son sujet. Il s'apprêtait à entendre ses confrères, mais c'est qu'il avait chaud, sous les spots et les néons et sous l'effet du stress. Il se releva de sa chaise pour aller se chercher à boire.
Et c'est, regardant ses pieds ; il ne souhaitait toujours pas voir un visage mexicain ; qu'il se buta les pieds dans une nappe et se renversa au passage quelques centilitres de vin sur son costume.
C'est alors qu'elle vint le cueillir, elle la mexicaine, elle la stratège. C'est qu'elle le zyeutait depuis un moment déjà et qu'elle le suivait depuis sa descente du podium. Elle était donc forcément là pour, à l'aide de son mouchoir de rose bombé, lui nettoyer le col qui le rendait là assez..."piccolo" (chacun son racisme).
Rires, de la part de la jeune femme. Fulminations, de la part de l'homme. Il n'allait pas se laisser ridiculiser par cette demoiselle qui n'exécutait là même plus son rôle d'ouvreuse ! Et quelle gourde, au lieu de lui nettoyer la tâche voilà qu'elle l'avait étendu à tout son cou et nuque. Têtu dans ses convictions, il ne voulait plus avoir à faire à elle.
Mais c'est alors qu'il se dirigeait aux toilettes pour soigner "le mal" qu'elle le suivit de son côté obstinée. Elle fit fi du panneau des WC pour hommes et l'y suivit. Elle, la non farouche, lui sauta alors au cou pour l'y dévêtir, et pouvoir passer plus facilement de l'eau sur la veste et la chemise.
Il maugréait sur place. Il ne la regardait même pas mais pestait de son état.
Mais elle n'en avait guère à faire, elle avait trouvé là son idéal masculin. Un homme brillant, beau et élégant. Elle saurait le convaincre de sa sensualité. Elle n'en doutait pas.
Et c'est toute à sa bouderie que notre homme ne remarqua même pas qu'elle portait une barrette à cheveux en forme de coccinelle. Comme quoi, elle n'était pas arrivée dans ce forum au hasard, elle n'avait pas pris le premier travail trouvé ; elle avait de l'intérêt pour le sujet.
Voyant que l'homme se laissait entièrement faire malgré toutes les plates quasi insultes qu'il lui lançait, elle se permit de prendre alors ses deux mains. Et de les guider sur ses cheveux, jusqu'à sa barrette.
Et elle de lui dire : " Vous allez partir demain. Gardez cette barrette avec vous, ce sera un souvenir de moi ".
Notre homme allait-il capituler ? Il continuerait de maudire, mais il semblait avoir changé de voix... Ce fut, sans mentir, la première fois qu'il regarda alors une mexicaine dans les yeux. Et ce qu'il vit le détonna. Un regard bleu azur affirmant par contraste son type méditerranéen par sa longue crinière noire.
Il en était tout chamboulé. Il avait désormais les mains dans ses cheveux et il ne se rendait pas bien compte qu'une bouffée de phéromones lui grouillait le ventre.
Mais voilà que les applaudissements se firent retendirent. Le colloque en arrivait là à sa fin. Il se détourna de la jeune femme pour remettre sa chemise. Et quand il revint vers elle, elle avait déjà disparu.
Il ne restait, devant le miroir et sur le robinet que la petite barrette. Il n'avait aucune autre possibilité de retrouver cette étrangère qui l'avait là, rendu coup de foudre. Il partit la chercher en vain, dans la salle.
Dans son avion du retour aux States, il se rendit alors compte d'une chose : s'il voulait la retrouver, il faudrait qu'il aille à toutes les conférences et événements concernant les coccinelles au Mexique. Et, à ce stade là, renouer ainsi avec son "ennemi".
Ce n'est qu'au bout de quelques semaines que, n'y tenant plus, et se sentant en harmonie amoureuse aux cheveux qu'il avait caressé, certes un peu de force, qu'il ne trouva qu'une solution à sa désespérance : déménager à Mexico.
Une fois les cartons faits, une fois arrivé sur place il ne fit pas la mou devant la population mexicaine, au contraire ; elle lui prenait toute sa captation.
Combien de chances avait-il de la retrouver ?
Comme quoi, l'on peut guérir du racisme en relevant la tête de ses pieds. Et par amour, bien sûr.
Il avait quitté son ancien job. Désormais, il était à Mexico à créer une start-up d'entreprise de rencontres amoureuses qui portait le nom de "Coccinelle".
Il n'y avait plus qu'à l'attendre.
J'ai adoré ton histoire Alice ! Le beau "ténébreux" mais raciste a baissé sa garde, c'est bien ! Et le voilà tout changé avec un regard neuf sur cette autre culture ! Et puis une belle histoire d'amour se dessine.Bravo ma belle !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Magnifique ! Original, philosophique, et plein d'espoir.
· Il y a plus de 8 ans ·Sy Lou
Charmante histoire ! -))
· Il y a plus de 8 ans ·Natacha Karl
Quelle jolie histoire
· Il y a plus de 8 ans ·Les coccinelles portent bonheur, c'est bien sûr !
li-belle-lule