[CONCOURS] Comment Steve Jobs est-il devenu le nouveau Big Brother ?

Benjamin Didiot

Participation au concours d'u-chronique sur Steve Jobs. Si le pouvoir monte à la tête, pourquoi ne monterait-il pas à celle du plus grand génie de ce siècle ?

Chers lecteurs,

Avant tout je tiens à souhaiter que ce texte vous parvienne. Je l'écris sur une feuille de papier avec un stylo plume, comme avant, car mon MacBook Air reste bloqué et mon iPhone m'envoie toutes les secondes des alertes pour me rappeler d'aller voter. Le monde est différent grâce pour certain et à cause de lui pour d'autres, mais ce qui est certain c'est que cet homme ne compte pas arrêter de le changer.


L'heure de la fin souhaitée du scrutin s'approche. Elle concerne les humains du monde entier, et cette heure fatidique s'approche pour tous. En effet, depuis l'instauration du GMT-Jobs, il n'y a plus de différence de fuseaux horaires. Personne n'y croyait, on imaginait un bug dû à la nouvelle mise à jour, mais l'application Horloge ne présentant plus qu'une seule heure définissant la Terre ne subit aucune mise à jour qui aurait éventuellement réglé le “problème”. Quelques jours plus tard, Steve Jobs fit une conférence accompagné du G20, tous s'accordant sur le fait que les changements de fuseaux horaires étaient depuis toujours un rempart à la cohésion des nations et des hommes.

Ce fût, à mon amble avis, le moment le plus improbable de l'histoire de l'humanité.

Mais le message de paix était fort, et l'habitude se prit vite, les habitants de la Terre finissaient même par être satisfait, et l'engouement général à la nouvelle révolution venu d'Apple offrit à Steve Jobs le prix Nobel de la Paix quelques semaines plus tard.

Nous étions tous très loin d'imaginer jusqu'où irait ces changements. Un mois plus tard, tous les iPhones du monde reçurent un message de Steve Jobs, un salut amical. Simple geste sympathique ou signifiant une omniprésence terrifiante ? On n'en avait aucune idée. Mais maintenant, nous le savons, et il est bien trop tard pour tenter d'y faire quelque chose.

Un second message arriva trois jours plus tard. Il fixait un rendez-vous, aux citoyens du monde et non seulement aux journalistes comme à l'habitude, pour une conférence exceptionnelle de la marque Apple. L'événement serait retransmis sur trois chaînes télévision par pays, ainsi que sur un site internet crée spécialement pour l'occasion, une première pour une conférence de la marque, même si elles étaient déjà prisé par les internautes depuis plusieurs années.

Ce fut certainement la conférence qui changea définitivement le monde.

J'y étais, envoyé spécial pour un journal qui a aujourd'hui disparu, tout comme le reste des journaux plus ou moins indépendants, sauf bien sûr l'Apple Post, qui pour le coup n'est absolument pas indépendant, et entièrement rédigé par Steve Jobs lui-même.

Steve Jobs arriva enfin, sur une immense place bondée de monde. Vêtu de son col roulé noir et de son jean bleu, comme à son habitude, il s'efforça de calmer les hardeurs hystériques des spectateurs, s'impatientant de découvrir ce que même moi pensait être un nouvel iPhone.

Mais dès le début, moi et mes confrères sentirent qu'il y avait quelque chose de différent chez Jobs, une sorte de stress qu'il n'avait jamais eu, comme si l'enjeu dépassait cette fois les impératifs commerciaux de la marque à la pomme. Nos songes étaient fondés. L'enjeux était loin d'être commercial.


Je pense que je n'ai pas besoin de raconter ici toute la conférence. Mais l'important est aisé à résumer. Suite à de longues négociations et discussions avec tous les chefs d'États de la planète, Steve Jobs avait réussi à convaincre chacun d'eux de lui céder un peu de leur puissance, acceptant de faire campagne pour le nommer Chef Planétaire. Ma première réaction, n'ayant pas encore saisi la gravité de la chose, fut de tweeter ironiquement que ce nom était très modeste. Puis mon cerveau se reconnecta, et ce fût pour moi (et pour une grande partie des journalistes présents) un choc terrible. La perspective d'une domination mondiale était un cauchemar qui nous semblait à tous improbable et inimaginable, mais comme toujours Jobs a réussi où tous les autres ont échoué.

À la réflexion, il avait fait bien plus. Il avait réussi ce que personne n'avait même songé, tant cela paraissait impossible.


Après le lancement de sa campagne, chaque jour connaissait un nouveau rebondissement, une nouvelle révolution. Commençant par les iWatch donnant l'heure mondiale ainsi que se connectant avec iPad et iPhone, cela avait fini par amené sur Terre les iEyes, installés dans chaque villes, et combattant la criminalité en temps réel, surveillant chaque coin de rue et envoyant à la pourchasse des délinquant un service spécialement mise en place, et cela peu importe le délit commit. Cela rassurait tout le monde, et créait des emplois. Les habitants du monde, devant l'expansion impressionnante de l'omniprésence de ce genre de “produit” Apple et de l'influence sans précédent de Steve Jobs, ne semblait pas inquiet, mais satisfait.


J'étais effrayé, le monde était perdu.


Cela fait maintenant trois mois que je me bats. Je refuse d'aller voter pour Steve Jobs en temps que Chef Planétaire, et tant que certains irréductibles refuseront la tyrannie, l'élection ne sera pas officialisé. Il ne reste plus que quelques centaines d'humains qui comme moi, résistent, ignorent les message incessant sur leurs iPhones et se sont séparés de leurs Mac, qui commençait à se court-circuiter pour les obliger à aller voter. Mon iPhone commence également à le faire, m'envoyant des décharges jusqu'à ce que j'aille voter, et bien sûr nous n'avons d'autres choix que de voter Steve Jobs.


Steve Jobs is watching you.


J'appelle les autres humains qui comme moi résistent et s'efforcent de lutter encore et toujours. La liberté de la planète est en jeu. Je prie pour que cette folie s'arrête, et quand à moi, mes chers et fidèles lecteurs, je vous dit au revoir.

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