Comptes de Noël

Jean Claude Blanc

                                     Comptes de Noël

 

Vitrines achalandées, tout à portée de main

On musarde fin décembre, dans les beaux magasins

Des monceaux de jouets au pied d’arbres saupoudrés

Bien sûr ça fait rêver, nos tendres marmousets

On évite en chemin, ceux qui sont en galère

Qui doivent faire la manche, pour manger à leur faim

Ça peut rompre le charme, à toutes nos lumières

Même qu’on est plus très fier, de passer, l’air de rien

Noël, enfant Jésus, il est né dans la crèche

On oublie les gamins, leurs parents dans la dèche

Eux doivent se contenter, d’un frugal fricot  

Qu’on daigne leur offrir, au stand des mendigots

Cruelle contradiction, dans nos façons de vivre

Les uns se creusent la tête, qu’est-ce que je vais offrir                      

Quand d’autres se demandent, comment vais-je survivre

On n’est pas tous égaux, certains sont mieux lotis

Dans ma maison douillette, facile de m’indigner

J’ai honte, plus qu’à mon tour, de rester sans bouger

Egoïste, amnésique, j’ai voilé mon regard

J’ai décidé ce soir, de m’y mettre dard-dard

Fouillons dans nos greniers, et dans tous nos tiroirs

Des joujoux en souffrance, y’a plein nos placards

Nos gosses ont poussé, comme des grands gâtés

Pour eux c’est périmé, n’en ont jamais assez

Le gamin dans la rue, qui a la goutte au nez

Retiens de sa maman, sa façon de mendier

Te réclame instinctif, quelques menues monnaies

On fuit son doux regard, par culpabilité

Dès que l’hiver arrive, ressurgit la disette

Plutôt nous jette au nez, ceux qui sont à la diète

Contrariant nos projets, de paix et d’espérance

On ne veut plus penser, des autres, leur souffrance

Suffit pas de gémir, ni de se lamenter

Il faut même tout de suite, ensemble s’y coller

Partager quelques mots, un peu notre butin

Car tous nos miséreux, s’enflamment pour trois fois rien

Période symbolique, qui est pour nous sacrée

La corne d’abondance, n’est jamais épuisée

On confond trop souvent, fric et félicité

La générosité avec la charité

Dès demain, c’est prévu, on va faire nos emplettes

Les boutiques, le dimanche, vont ouvrir sans trêve

De tas de gourmandises, emplirons nos caddies

Même si on doit jeûner, jusqu’à l’Epiphanie

Abondance de biens, il parait ne nuit pas

Quand le buffet est vide, cependant guère le choix

Soit on va chaparder, la bouffe au bon marché

Soit on se tire un balle, pour ne plus en baver

Moi, j’ai fait comme tout le monde, en père attentionné

J’ai gavé mes enfants, d’étrennes et de poèmes

De lyriques chansons, qui disent que « tous on s’aime »

Aujourd’hui, j’ai la honte, mieux fait de la fermer

Dans des dépôts miteux, s’entassent les rebuts

Faut se débarrasser de ce que l’on veut plus

Chacun se fend d’un don, ça lui a rien coûté

Faut offrir en cadeau, un brin d’humanité

Bien sûr pas de rubans, ni de paquets dorés

C’est l’intérieur qui compte, et surtout le symbole

Question d’avoir les boules, il faut pas déconner

Pour ce qui est de l’affection, ce n’est pas notre rôle

Parait que cette année, les français sont prudents

Ils vont faire leur marché, juste au dernier moment

Pour avoir des remises, faut se montrer patient

Les pauvres ont de la chance, en ont pour leur argent

Tout tombe au bon moment, la neige au rendez vous

Les ruelles de la ville, illuminées partout

Ne manquent que le traineau, Père Noël et ses rennes

Nos belles illusions, sont tenues en haleine  

Les misères quant à elles, ne sont pas de la fête

Dans les asiles de nuit, on les parque comme des bêtes

Jamais on les convie, à la messe de minuit

Avec un bol de soupe, ensemble communient

Nos tendres petits mimis, ils ont bien de la veine

Sont nés du bon côté, du côté de la scène

Devant la cheminée, se disputent les présents

Quand d’autres se les gèlent, en pleurant en silence

Je rêve d’une cité, de gosses insouciants

Qu’on comble de plaisirs, préservant l’innocence

Y’a les enfants des rues et des enfants choyés

Foutue communauté, elle est bien partagée

JC Blanc              décembre 2012

  • Oui, c'est bon partager des textes bien écrits et qui sonnent juste ... mais qui est encore capable d'imaginer ouvrir sa porte un soir de Noël à un inconnu sale et dépenaillé pour lui offrir juste un peu de lumière...

    · Il y a presque 12 ans ·
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    marie-roustan

  • Cette fête est le malheur de nombreux enfants depuis trop d'années. A supprimer ! On verra quand les gens seront égaux en droit et leurs enfants avec. C'est de la poésie quand on ral.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Diverses 016 465

    Robert Andre Lautrey

  • Vous avez raison quant a la France d il y a vingt ans. Aujourd hui les momes ici ont de la chance d etre nes dans un pays dit riche, combien d entre nous aurons du mal a faire plaisir a leurs enfants en ce magnifique noel 2012 ! Car vivre dans un pays riche ne veut pas dire qu on l esttous loin s en faux. on veut nous culpabiliser pour les tres pauvres mais on oublie les nouveaux pauvres dont on cache honteusement l existence. Ces francais moyens qui ne sont soutenus par personne et qui essaient d exister encore sans plus croire au pere noel !
    Joyeux noel a tous et que vos voeux soient exauces.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Coquelicots jolis 54

    Sylvie Palados

  • Ya pas de culpabilité à avoir parce qu'on a la chance d'avoir un Noël magique. Il ne faut pas oublier ceux que le sort (la société de consommation ?) ignore, c'est sûr. Tu parles des dons de manière assez cynique et j'avoue que ce point là m'échappe un peu. Offrir un jouet qui dort dans nos placards n'est pas un geste de pitié pour moi :)
    (bref, je raconte encore ma vie dans un commentaire. Le texte en lui-même est plutôt fluide et percutant en tout cas, il ouvre le débat !)

    · Il y a presque 12 ans ·
    Avatar 500

    laracinedesmots

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