Conchita 2032

« Bonjour madame, vous êtes en beauté aujourd'hui ! » Dis-je à la matrone bigouditée et boudinée dans sa nuisette de jour, qui venait de m'ouvrir sa porte.

-         Laissez-moi, petite madame, abuser d'une minute de votre précieux temps et je vous promets que vous ne regretterez pas, cette minute, présupposée perdue.

-         Bon, vite fait, alors, car je dois encore m'épiler le dessous des bras.

-         Très bien, vos aisselles vous pardonneront ce léger différé. Voilà, je vous présente l'aspirateur robot « Conchita 2032 » ! Qui va révolutionner votre vie. Cette merveille de l'électronique-informatique va découper votre mémoire en un avant et un après « Conchita 2032 ».

-         Bon, vite fait, alors, car je dois...

-         Très bien ! Regardez, je déverse sur votre sol, de la cendre, de la terre, de l'huile de vidange, de la bouse de vaches et du purin. Je répartis bien partout, pour vous montrer qu'il n'y aura aucun endroit oublié. Oh, mon dieu, mais quel chantier ! Heureusement que je viens d'acheter le dernier « Conchita 2032 », vous écriez-vous !

-         Bon, vite fait, alors, car...

-         Oui, je sais, vos poils poussent. Et maintenant miracle, je lâche la bête dans l'arène !

« Veuillez poser l'aspirateur au sol. »

Qu'est-ce qu'elle raconte, la machine, elle est déjà par terre. Ah oui, j'appuie sur ce bouton-là.

«  Ce bouton est factice, il ne sert qu'à faire jolie. »

-         Ha, ha, caustique, la coquine ! Bon, celui-là peut-être ?

-         Bon vite fait, alors, car...

-         Ne parlez pas pendant la manœuvre, voyons ! Ça perturbe « Conchita 2032 ». Allez, vas-y espèce de grosse feignasse !

« Aspiration, terminée. »

-         Quoi, terminée, tu n'as même pas commencé le boulot, connasse ! Putain, c'est bien de la merdasse ce matos asiatique de merde ! Bon, excusez-moi chère grosse-petite madame, un petit souci de capteurs, je dois renvoyer « Conchita 2032 » à l'usine pour une réinitialisation complète.

-         Vous ne reprenez pas vos cendres, votre terre, votre huile, vos bouses de vaches et votre purin ? Car je dois aller...

Cadeaux, petite madame ! Notre maxime-maison, « Un client qui sourit, c'est un client sans soucis qui dépensera ses sous sans souci de parcimonie. » Oui, je sais, c'est un peu long comme devise ! Allez, je vous souhaite un bon rasage des aisselles sous les bras du dessous, petite madame.