Contrat d'Avenir, Promesse Tenue

Cyan Liore

(1er Décembre)

Le réveil sonne, hurle, stridulant à mes oreilles comme un criquet. Il se prend une mandale comme de coutume ; comme à l’accoutumée il bascule de la table de chevet et comme chaque matin ou presque je regrette aussitôt car il me faut me baisser pour le ramasser et éteindre sa fichue sonnerie, laquelle je me promets de modifier… comme chaque matin. Je me traîne au bord du lit, position crapaud ensommeillé, pas encore prêt à me livrer à la journée à venir. Une tape sur l’épaule de ma compagne.

« Mm », fit-elle.

Signifiant que je devrais revenir plus tard la sortir du lit. Je me lève.

En dégustant mollement mon petit déjeuner, les yeux à moitié fermés – à se demander comment je fais chaque jour pour épargner la moquette de mes tartines beurrée –, je me fais la réflexion suivante : comment font les gens qui se douchent le matin ? Ma tête lourde comme un parpaing pivote côté salle de bain, où j’entends faiblement le jet de la douche. Où trouvent-ils l’énergie de se mouiller, risquer le frais après une nuit douillette, au chaud ?

Moi, je suis du soir pour ce genre de choses. Poisseux, souvent exténué après le travail, je prends un plaisir indescriptible à me décrasser.

Emilie quitte la salle de bains et vient m’embrasser sur la joue – j’ai la bouche pleine. L’odeur de gel douche de sa peau emplie mes narines.

« ’Jour m’amour, dit-elle.

– ’Jour chérie.

– T’as encore mis du dentifrice sur le robinet.

– Ouais, répondis-je avec vigueur.

– Tu devrais…, et elle indiqua la salle de bains embuée. T’es tout crade pour aller au boulot.

– Lavé hier soir. Suis propre. Toi crade hier, pareil ce soir. » Après quoi je lui retourne ce qu’elle sait prendre sur mon visage matinal pour un sourire. « Mais je t’aime, malgré tes défauts. »

J’en ai de la veine, l’entendis-je badiner en se postant devant l’armoire. Du coin de l’œil je la regarde se défaire de sa serviette de bains, dévoilant son corps nu qui se dandine face au choix de la tenue à enfiler. Emilie ne déjeune jamais le matin. Encore un truc dont j’ignore comment elle fait. A sa place, je ne tiendrais pas jusqu’à midi. Depuis deux ans que nous vivons ensemble, j’ai abandonné l’idée de la convaincre de changer cette habitude.

On habite un petit appartement à deux pas de Paris. Trois arrêts de train et nous y sommes. Quand on peut, on fait le trajet ensemble. Ce sera pour une autre fois.

« A ce soir. » Ses lèvres effleurent les miennes.

« Passe une bonne journée », répondis-je tout en nouant soigneusement mon nœud de cravate.

Je lui succède six minutes après.

La matinée s’écoule telle une nappe de boue hors d’une rivière en crue. J’ai peine à me concentrer. L’écran de l’ordinateur débite son jargon et ce que je comprends parfaitement d’ordinaire m’est nébuleux, difficile d’accès. C’est arrivé subitement, à un moment j’ai réalisé mon état patraque… porté par des cannes pour toutes guibolles. J’ai d’ailleurs manqué de me vautrer par terre en quittant mon siège dans l’intention d’aller aux toilettes me rincer le visage. Je ne suis pas bien doré de nature mais je me trouve plus palot qu’hier.

Le repas améliore un peu les choses. J’écoute mes collègues discutailler des récents problèmes d’informatique qui nous accablaient depuis la semaine dernière, d’une oreille distraite.

« Hého. Lucas ? »

« Hein, quoi ? » fis-je.

Samir me regarde de biais. « Je t’ai demandé ce que t’en pensais. Mais tu écoutes pas, hein ?

– Pas vraiment. Désolé. Je ne suis pas en forme aujourd’hui.

– Des soucis avec madame ? intervient le voisin de Samir, Marc, notre gros joufflu de service qui dépotait en informatique. Oh oh…

Je secoue la tête : « Du tout. Tout va bien avec ma dame.

– C’est bon, y’a aucun mal à ça, insiste-il.

– Tu me gonfle, Marc. » J’engloutis une autre bouchée de purée – verte, qui a eu l’idée saugrenue de changer le teint solaire de la patate en vert ? Soudain détonne dans toute la cantine le cri d’alarme d’une voiture de police lancée au triple galop. Ou peut-être est-ce une ambulance.

« Ca n’arrête pas depuis ce matin, fait remarquer Paul, mon voisin, blond vénitien au caractère de mousseline. Si je compte bien, ça fait six fois.

– Ca a commencé ce weekend, corrige Samir avant de vider sa canette de coca. Puis il place sa main devant sa bouche. Am’dullah… Il reprend. J’ai entendu les sirènes, genre une douzaine de fois ce weekend, et pendant super longtemps. Je me suis demandé s’ils ne faisaient pas tous les pâtés de maisons du quartier. Ca a même réussi à me réveiller, moi. Je dors comme un bébé. »

Il adopte ensuite un air effarouché, nous dévisageant l’un après l’autre : « J’y suis pour rien, je l’jure ! Je surfais sur des sites internet étrangers quand la bombe a sauté. »

On se marre. Marc s’apprête à nouveau à nous faire la démonstration de sa maladresse, et sans doute sa stupidité, en nous gratifiant d’un commentaire sordide, mais Paul lui fait comprendre en silence de la boucler.

Six heures. Dur dur. J’ai fantasmé toute la journée sur les draps de mon lit, et sur une semaine de congés déposés là tout de suite. Mon état du soir est meilleur que ce qu’il était au matin, mais j’ai hâte de rentrer à la maison. Sans compter mon ordinateur, qui est manifestement dans un état pire que le mien. Il serait temps que le service technique s’en occupe, pensé-je en prenant mon manteau et ma sacoche, concluant que je n’avancerai pas plus aujourd’hui.

Sur le départ, mon chef m’approche. « Un instant », me demande-il. La fatigue se lit sur son visage. Lui-même est affecté par les pannes de matériel, il dit se démener pour arranger ça, seulement il reste qu’il y a un boulot à faire et des délais à tenir, donc :

« En attendant que ça passe, il faudrait que vous avanciez chez vous. Il s’empresse d’ajouter : Je suis certain que ce sera pour une courte durée. »

C’est Emilie qui va être contente. Dire que je voulais me coucher tôt.

Dans le train, je m’enfonce dans mon siège de sorte à me prémunir au mieux des projections de ma voisine d’en face, qui tousse à m’en faire mal. Je remarque qu’elle n’est pas la seule. La faute à ces permutations soudaines de température. J’imagine que j’ai dû chopper un truc ce matin pendant le trajet, quelqu’un a dû me refiler le bébé. Merci bien messieurs-dames. Je capte à la volée une conversation fort instructive : il apparaît que nous ne sommes pas la seule boîte à déplorer des problèmes informatiques. Bon nombre d’entreprises seraient dans la même situation, et aussi des particuliers apparemment. C’est vrai que mon ordinateur personnel débloque également depuis plusieurs jours, idem pour celui d’Emilie, et nos amis au téléphone nous ont fait remarquer la même chose. Cela ne se limiterait donc pas à l’informatique, c’est l’ensemble du réseau électrique qui aurait un coup dans l’aile.

Si j’ai bien tout suivi (et vu la pêche que j’ai rien n’est moins sûr), c’est la faute au soleil, qui serait entré dans une phase particulièrement active. Cela brouillerait nos systèmes électriques.

Le soleil. Ah ouais ? Quel sale petit con celui-là.

Au fait, songeais-je distraitement en plaçant ma main devant ma bouche comme un bouclier dérisoire à la toux de ma voisine, n’approche-t-on pas de la présupposée fin du monde ? Je jette un œil sur ma montre : 1er Décembre. Je me surprends à accepter l’apocalypse, du moment qu’elle attende la fin de mes vacances l’été prochain pour se manifester. Invasion de criquets ou chute interminable de Pampers usagées, patientez huit petit mois s’il-vous-plaît.

« Ne t’approches pas trop de moi », dis-je en fixant les petits caractères sur l’écran de l’ordinateur.

Emilie fait une moue. « On habite ensemble. Si t’as attrapé une saleté, je finirai bien par l’avoir aussi.

– J’aimerais quand même l’éviter.

Elle s’accoude sur mes épaules. Son regard s’attarde sur l’écran.

– J’espérais qu’on aurait du temps pour nous ce soir, déplore-elle.

– Moi aussi. Mais c’est la merde au boulot et Bibi doit faire ses devoirs à la maison.

– Dommage… » Puis elle se penche sur moi, glisse ses mains le long de ma poitrine et me susurre quelques mots bien choisis à l’oreille.

« Rahh, enrageais-je. Putain de soleil de merde !

– Soleil ? De quoi tu parles ? »

Je lui rapporte ce que j’entendis plus tôt.

« Ah oui, fait-elle, puis elle s’assoie sur le canapé et allume la télé.

– Tu étais au courant ?

– J’en ai entendu parler, oui. Mais ne je savais pas ce que ça valait. Tu sais, on dépend moins de l’informatique en puériculture que dans ton métier. Mais bon. Ah, d’accord. D’où la friture sur la ligne téléphonique. Et quand est-ce supposé s’arrêter ?

– Aucune idée. Le 20 Décembre peut-être.

– C’est le 21 ! me reprend-elle. Et tu ne devrais pas te moquer, Lucas. Il y a des phénomènes dans la vie qui nous échapperont toujours. »

Comme le fait que tu te douches le matin et que tu ne petit-déjeune pas, je pense sans le formuler.

Au loin, nous entendons les sirènes de la police. Ou d’une ambulance.

« Tu vois, reprend Emilie, ça, c’est peut-être un signe.

– En tout cas c’est pas Samir, il nous l’a juré. »

Dans mon dos, elle hausse un sourcil interrogateur, puis s’enfonce dans le canapé, contrariée. Au bout d’une minute, elle lâche enfin :

« C’est peut-être un signe.

Cessant un instant de taper sur le clavier, je tourne la tête et observe le programme qui passe à la télé. Secret Story, si je ne m’abuse.

– C’est que tu te mettes à regarder cette daube qui est un signe.

– T’avais qu’à me faire l’amour », baragouine-elle.

Soudain, et comme pour donner raison à ma chère et tendre, toutes les ampoules de l’appartement s’éteignirent. En moins d’une fraction de seconde, nous sommes plongés dans le noir complet. A travers les fenêtres, l’éclairage de la rue semble avoir subi le même sort. J’entends alentour les protestations du voisinage s’élever comme un envol d’oiseaux.

« Ah ! » s’exclame Emilie. Je sens que je n’ai pas fini d’entendre parler de cette coïncidence. De ce signe, mes excuses.

Nous dirigeant dans l’appartement à l’aide de l’écran de nos téléphones portables, nous nous immobilisons devant le disjoncteur. Ca n’aide en rien et, en éteignant l’un après l’autre les interrupteurs, nous nous résignons à passer la soirée dans le noir, jusqu’à ce que l’électricité daigne revenir.

Faute du salut alimentaire que constitue le four à micro-ondes, Emilie et moi nous contentons de manger les aliments froids du frigo, à savoir fromage, barquettes de carottes râpées, de céleri rémoulade ou de salade niçoise, suivi d’un sachet de jambon blanc déjà entamé et d’une paire de fruits chacun. Un repas nourrissant quoique sommaire. Le tout éclairé aux chandelles. Comme quoi ça peut servir d’être romantique.

Puis nous faisons l'amour.

« Bébé ? dit Emilie, blottie contre moi dans le lit.

– Mm ?

– Si la fin du monde arrive vraiment, je veux qu’on soit ensemble pour le moment où. » Elle ajoute, après un silence : « Te moque pas. »

Je finis par le lui promettre. « Mais il n’y aura pas de fin du monde mon cœur. Pour ça, faut attendre cinq milliards d’années. On a le temps. »

« RIEN DE PIRE QUE L’IGNORANCE », déclara alors une voix semblable à un vent froid sur un épiderme détrempé.

Je bascule en sursaut sur le côté du lit, comme Emilie pousse un cri de surprise. Devant la fenêtre, se découpe faiblement une silhouette aux épaules larges, manifestement assise sur une de nos chaises.

« RIEN DE PIRE », réitéra glacialement la voix.

Sur la table de chevet, le réveil matin affiche 0.01.

(2 Décembre)

Je me place aussitôt en position défensive, à cheval sur le lit.

« Comment êtes-vous entré ? »

L’intrus semble considérer ma question avec intérêt.

« TU VEUX DIRE : « Pourquoi ne suis-je pas sorti ? » me retourne-il avec ma propre voix. Exactement ma voix.

– Comment ?

– Ne suis-je pas sorti ? »

Ma répartie reste bloquée dans ma gorge. Je n’intègre pas ses propos. Je tente de trouver une contenance, mais d’instinct je réalise que je n’y arriverais pas. Aussi je demeure planté là. Solide comme un roc.

« Foutez le camp », parviens-je à articuler.

Ses doigts s’animent sur le dessus de ses cuisses, comme impatient.

« BIEN, fit-il. COMMENT ALLEZ-VOUS ?

– Quoi ?

– JE CONSTATE QUE LA SANTÉ NE VA PAS FORT. IL VA FALLOIR VOUS Y FAIRE SEMBLE-T-IL. QU’EN EST-IL DE L’HUMEUR ? »

J’explose : « Mais que nous voulez-vous à la fin ?

– Vous saluer c’est tout, répond-il avec une décontraction déconcertante en empruntant à nouveau ma voix. Alors, l’humeur ?

– Je vais bien, elle va bien, putain tout le monde va super bien !

– VRAIMENT ? »

Je distingue sa silhouette s’animer vaguement. Est-il en train de rire ? Je me déporte à gauche et saisit d’une main ferme la lampe de chevet. Derrière moi, Emilie est pétrifiée. Je lui dis que tout va bien, que je vais tout arranger.

L’intrus s’éclaircit la gorge. « COMME JE DISAIS À L’INSTANT, IL N’Y A RIEN DE PIRE QUE L’IGNORANCE. CE DOIT ÊTRE LE PLUS MÉPRISABLE DE VOS TRAVERS. » Ses yeux me sont dissimulés mais je sens peser sur moi son regard. « QU’ES-TU POUR DÉSAVOUER L’ENTROPIE DU MONDE, HEIN ? »

Je n’ai définitivement rien à répondre à cela. Qu’auriez-vous répondu à ma place ?

« À FORCE DE CRIER AU LOUP, ON NE CROIT PLUS À SA VENUE. PUIS QUAND IL SE PRÉSENTE À LA PORTE, TOUS CRIENT AU LOUP… AS-TU DÉJÀ… OH, UN INSTANT. »

Non loin on entend un bris de vitre puis un cri inhumain. Puis un choc, bruit de métal sur le sol, de tôle défoncée. Aussitôt retentit une alarme.

« DEMEURÉ », renifla l’intrus.

Si les circonstances avaient été autres, je me serais précipité à la fenêtre.

« Qu’est-ce-que c’était ? demande Emilie.

– UN HOMME VIENT DE SE DÉFENÉSTRER.

– Oh mon Dieu !

– TU TE MÉPRENDS.

Puis il lève la main à sa bouche, et c’est alors, et seulement alors que je m’aperçois qu’il tient ce qui semble être un mug.

– JE NE SUIS PAS DIEU. EN VÉRITÉ, J’IGNORE QUI IL EST. SANS DOUTE IGNORE-IL QUI IL EST LUI-MÊME. » L’intrus s’interrompt le temps de siffler une gorgée. Il pousse un soupir de satisfaction. « EXQUIS. J’AI HORREUR DU CAFÉ SOLUBLE. VOUS AVEZ BONS GOÛTS. J’APPRÉCIE.

– Ravi qu’il vous plaise. » Mon café. Salopard. « Bon, si vous avez rien d’autre à nous dire, poursuivis-je sans assurance, je vous prierais de sortir. On a besoin de sommeil.

– OH, J’AI BEAUCOUP À DIRE. MAIS TU ES RAISONNABLE, LUCAS – TU L’AS TOUJOURS ÉTÉ. NOUS REPARLERONS PLUS TARD. JE TE LAISSE AVEC ÉMILIE. »

Nos noms – il connaît nos noms ! Cette information se fraie un chemin incandescent jusqu’à mon cerveau à la vitesse de la lumière. Je vais pour lui demander comment lorsque

« Aow ! » La lumière soudaine brûle nos yeux, nos mains à leur secours tel un paravent. Je demande à Emilie si ça va. Elle me dit que oui.

Il nous faut bien plusieurs minutes pour nous habituer à la luminosité de la chambre. On a dû oublier d’éteindre un interrupteur. Je ne me rappelle pas avoir oublié un interrupteur.

L’intrus s’en était allé. La chaise où il s’était assis, quand je suis allé la manipuler, ne trahissait aucune chaleur qu’un corps chaud est supposé laisser derrière lui. Pire, je la trouvais froide. Je ne trouvais également nulle trace du mug dans lequel il avait prétendu s’être servi de notre café, ni par terre, ni sur la table, ni dans l’évier. Il n’en manquait aucun dans le placard de la cuisine. En revanche, on avait touché au café. La cafetière était chaude et le parfum de café flottait encore légèrement dans l’air.

Emilie m’appelle. Je la rejoints à la fenêtre puis regarde de l’autre côté de la rue, sur le trottoir où se massent une dizaine de badauds. De l’étage où nous nous trouvons, nous voyons parfaitement l’objet de cette agitation : le corps d’un homme manifestement tombé par la fenêtre. Je remarque aussi que le courant est revenu dans la rue.

Au loin hurle la plainte d’une ambulance. Ou est-ce une voiture de flic ?

« C’est horrible, soupire Emilie.

– Qu’est-ce-qui lui a pris ?

– Il a dû glisser et basculer par la fenêtre. » Elle s’emmitoufle dans son pull et me désigne un des étages surplombant la scène macabre. L’intégralité du balcon consistait en une baie vitrée. « Avec l’élan… »

Une ambulance et deux voitures de police finissent par arriver sur les lieux. Ne trouvant rien de plus approprié à faire, j’enfile moi aussi un pull puis vient prendre ma nana dans mes bras. Ses doigts s’enlacent dans les miens et tous deux nous demeurons, ainsi que bon nombre de riverains, à notre fenêtre, dans la froidure de l’hiver, craignant de revenir à la pénombre avec ce qui s’y tapit.

Aucun de nous n’arrivera à dormir cette nuit.

Le matin venu, je suis mort. Pas littéralement, non. Je rectifie : mort de façon figurative. Je suis épuisé, claqué, bon à rien pour au moins vingt-quatre heures. Ni Emilie ni moi n’avons vraiment dormis de la nuit, pelotonnés l’un contre l’autre dans l’attente des premières lueurs de l’aube. Elle avait alors la tête d’une femme que le sommeil a boudé. Quand j’ai la tronche d’un mec qui digère mal un truc, mais sans le moyen d’évacuer.

« 40.5, dit-elle après avoir retiré le thermomètre de sous mon aisselle. Tu devrais rester ici. »

Une fois n’est pas coutume, j’avais pris une douche le matin.

« Et toi, c’est pas risqué d’aller à la clinique dans ton état ? je demande.

– Je me ferais faire un checkup en arrivant. Et s’il y a le moindre risque pour les nourrissons, je rentre. »

Ayant évoqué une bonne partie de la nuit notre mésaventure, nous n’en reparlons pas. Dans le train, je somnole ; c’est à peine si j’entends la voix des autres passagers porter. Par contre, j’entends tousser. Ca tousse et ça tousse, comme une promesse. Je n’ai pas besoin de ça. Je crains que je n’y couperais pas. Pas dans mon état.

« La vache ! »

Moi m’écriant devant le spectacle de désolation qu’est devenu l’étage de l’immeuble où je travaille.

« C’est ce qui s’appelle se faire vandaliser », annonce sombrement Samir.

« Des casseurs ?

– A ce que j’ai entendu dire. Tu vois, le blackout d’hier ? Les mecs ont dû en profiter pour rentrer dans le bâtiment sans problème. Pas d’alarme donc pas d’emmerdes. Un pied de biche et roulez ! Ils ont sacrément dû se fendre la gueule, ces fumiers. En attendant, je ne vois pas ce qu’on va faire ; j’ai vu ton bureau : faut l’avoir vu avant pour savoir que c’était un meuble. Le mien n’est pas beaucoup mieux. Celui de Paul est… recouvert de merde.

– La grande classe », ajouté-je, écœuré.

Je vois Paul s’approcher de nous. Difficile de dire s’il est en colère. Son visage reste impassible en toutes circonstances.

De l’autre côté de l’open space, le chef observe l’air anéanti ce qui fut hier encore notre machine à café, regardant sa montre, puis la machine puis sa montre encore, avant d’errer parmi les gravas. Des pâtés de peinture maculent du sol au plafond de grossiers graffitis. Il enjambe au mieux les monceaux de feuilles de papier format A4, comme des mines anti personnelles consécutives à une authentique guerre.

J’ai peine à me représenter ma tête quand Samir m’apprend qu’il a, lui aussi, reçu la visite d’un intrus chez lui la nuit dernière. Quand il me détaille sa voix et son attitude, je n’ai pas l’ombre d’un doute. C’est lui. Ma mâchoire se décroche carrément lorsque Paul annonce avoir fait l’expérience identique. Marc, de retour après un savon en règle, confirme. Samir en remet une couche en précisant que c’est aussi arrivé à ses proches, de sa copine à sa famille, tout le monde était concerné. Paul dit avoir joint la police immédiatement après le départ du type ; après huit échecs, il avait expliqué l’infraction ; le flic au bout du fil avait pété une durite et l’avait menacé de poursuites si « lui et les autres connards » persistaient à encombrer la ligne avec leur canular.

Toujours selon Paul, les stations de radio auraient reçus des milliers de témoignages de ce type. Des milliers rien que pour les gens qui se manifestent à la radio. Je n’ose imaginer sur internet, quand bien même les pannes doivent limiter le trafic. J’en ai le tournis. Combien de domiciles ce seul homme a-t-il visité simultanément ? C’est de la folie furieuse ! Je cherche une solution dans l’alternative d’une hallucination collective due à l’ingestion involontaire d’un produit hallucinogène dans la nourriture, sans y trouver une meilleure issue.

C’est tout simplement délirant.

J’ai la tête comme un compteur. Un sac en jute remplie de boulons et de vis qui font cling cling cling ! Reposant sur le dos, en travers de notre escalier d’immeuble, je suis sonné. Je vois le plafond comme un mur, et remarque des détails qui m’avaient échappés.

Que s’est-il passé, au juste ?

Récapitulons : je suis rentré plus tôt que d’ordinaire. Le bazar au bureau était tel qu’on nous a dit de rentrer chez nous. On se retrousserait les manches demain, quand nos esprits seraient moins à vif.

J’ai reçu un appel en absence d’Emilie m’informant qu’elle ne rentrerait pas à la maison avant minuit - une heure. Vu les évènements récents, ça ne me plaît pas.

Je m'apprêtais à me déshabiller quand on avait sonné à la porte. A travers le judas, j’aperçus une jeune fille tout de gothique vêtue.

« C’est pour quoi ? » demandé-je, entrabâillant la porte ?

La gothique disposa ses mains derrière son dos comme lors d’une interrogation orale, puis déblatéra :

« Bonjour monsieur, alors voilà je me présente, je m’appelle Lolita, j’ai dix-sept ans, et je participe à un collectif qui s’intéresse aux rumeurs de fin du monde prochaine, et de la manière dont cela est perçu par les gens. De façon à réaliser un travail cohérent, nous proposons aux habitants de chaque quartier de la ville de participer à un sondage, que nous publierons prochainement sur notre site internet. Cela ne prend pas plus de dix minutes, monsieur, s’il-vous-plaît ! La tempête approche et nous devons nous entraider si nous entendons y survivre. »

De là, elle me présenta l’attirail du sondeur de la rue : support rigide, un cahier et un stylo. J’y discernais des caractères en pattes de mouches.

« Loin de moi l’intention d’abuser de votre temps, poursuivit-elle, mais vous intéressez-vous au Ragnarok, au Mahapraraya, à l’Apocalypse ?

– Non.

– Pas du tout ?

– C’est exact. Ecoutez mademoiselle, je suis fatigué alors…

– Vous préférez crever ? »

A cours de patience, j’ouvris plus grand la porte pour lui dire d’aller se faire recenser chez Satan. Ah oui ! Je me rappelle.

C’est là que j’ai vu trente-six chandelles.

Des deux types qui l’accompagnaient et qui s’étaient planqués de part et d’autre de la porte. Judas de porte, comme tu incarne bien ton nom…

(3 Décembre)

 

Assis sur le bord du lit, je médite à ce qui est arrivé aujourd’hui. Le quartier est de nouveau privé de courant. Je tiens dans mes mains une chandelle, qui éclaire sûrement mon visage à la façon des films d’épouvante. C’est le souk dans l’appartement. Je n’ai même pas réussi à joindre le commissariat.

La batterie de mon portable est presque à sec. Consultant l’heure, je me dis qu’Emilie ne devrais pas tarder à rentrer. Je suis inquiet.

Quelques heures plus tôt, je me trouvais à moitié KO dans l’escalier de l’immeuble. Les mecs m’étaient tombés dessus comme l’éclair : j’avais reçu un coup de poing au visage, puis ils m’avaient balancé dans l’escalier.

Pendant qu’ils entraient chez nous, la gothique s’était penchée sur moi.

« C’est ça le problème avec vous, les vieux. Vous êtes tellement aliénés par le système que vous ne réfléchissez plus par vous-mêmes. Les signes sont pourtant là, juste sous votre nez, et vous voyez rien. Des millénaires qu’on en parle et vous vous en foutez. Ce n’est pas parce que ça a été reporté plusieurs fois que ça n’arrivera jamais. Cette fois, c’est la bonne. Tout converge, vous voyez ? Le héraut de la fin des temps est venu nous voir. Il annonce la fin de votre monde de merde. Des millions d’apparitions en même temps, si ça n’est pas une preuve !

« Moi, je suis pas décidé à mourir. J’y suis pour rien si le monde part en vrilles. J’ai pas à payer les pots cassés pour les fautes des générations passées. La pollution, les guerres, tout ça vient d’eux. On est la génération qui survivra à la tempête, comme Noé après le Déluge. La jeunesse représente l’avenir de l’Homme. Vous tous, vous êtes déjà des os. »

Tandis qu’elle m’infligeait les perles de sagesse de sa riche expérience infantile imprégnée de littérature fantastique, me parvenaient les bruits de pas de ses copains qui vidaient mon domicile. Je voyais assez bien l’idée générale derrière cette effraction : accumuler un maximum de biens pour surmonter les périls de la fin prochaine du monde. Ces attardés s’improvisaient voleurs pour démontrer à leurs aînés combien ils étaient plus sagaces qu’eux.

Ils étaient aussi trop confiants : j’étais certes groggy, j’avais peut-être mal encaissé ma chute dans les escaliers, fatigué et dans un morne état de santé, ils sous-estimaient la rage que suscite le spectacle de voir son appartement se faire vider sous son nez.

J'envisageais de les prendre au dépourvu lorsque

« Woah !! » m’écriais-je.

« Vous êtes malade ou quoi ? » fit la gothique après avoir fait un bond en arrière.

L’intrus se tenait derrière elle. Il posa ses larges mains de part et d’autre de ses épaules, puis se pencha et me dit :

« CETTE PETITE A UN SOUFFLE AU CŒUR FRAGILE, TU SAIS. »

Je ne le distinguais pas mieux que dans la pénombre d’hier. Comme s’il réfractait naturellement la lumière. Seulement, songeais-je en mettant à profit quelques anciennes lectures, un objet réfractant la lumière n’est-il pas supposé être invisible ? Je me surprenais à résonner sur cela dans un moment pareil.

« Deux fois dans la même journée, c’est trop ! Pourquoi revenez-vous ? demandais-je.

– JE NE SUIS JAMAIS PARTI, répondit-il. C’EST TOI QUI ES PARTI. C’EST VOUS QUI ÊTES PARTIS. PAS MOI. 

– Je reformule, alors : pourquoi avons-nous ces discussions ?

– C’EST MIEUX. », Il tourna la tête vers l’entrée béante de chez moi. « CES OBJETS DONT CEUX-LÀ S’APPLIQUENT À TE DÉLESTER ONT DE LA VALEUR À TES YEUX ? 

– Un peu oui !

– VAS-TU LES LAISSER TE DÉPOUILLER SANS INTERVENIR ? »

Ce n’est qu’alors que j’ai réalisé que j’étais incapable de bouger.

« UN MOUVEMENT SE MANIFESTE DANS LE TEMPS, déclare posément l’intrus. SANS TEMPS POUR ÉCOULER LE MOUVEMENT, TOUT EST INERTE… LUCAS, N’AS-TU PAS REMARQUÉ DEPUIS QUELQUES INSTANTS L’ABSENCE TOTALE DE SONS ET DE MOUVEMENTS AUTOUR DE NOUS ? CETTE FILLE QUI TE PARLE, ENTENDS-TU ENCORE SA VOIX ? »

Je me rendis compte que non. Il n’y avait plus aucun bruit. Plus rien ne bougeait. Sauf Lui.

« CELA REPRENDRA SON COURS HABITUEL DANS UNE MINUTE », dit-il. Il ajouta: « MAIS QUE PEUT BIEN SIGNIFIER UNE MINUTE QUAND LE TEMPS EST SUSPENDU, MM ? QU’EN PENSES-TU, TOI ?

– J'aimerais surtout savoir comment vous connaissez mon nom, et celui de ma compagne, avouais-je.

– UNE FOIS ENCORE TU TE TROMPES DE QUESTION, LUCAS. »

Il s’écarta de la gothique, ôtant ses mains de ses épaules. « JE T’ENJOINTS À TE RENDRE AU PLUS TÔT DANS UN CENTRE HOSPITALIER. AUTREMENT TU NE PASSERAS PAS LA SEMAINE.

– Qu’est-ce-que vous dites ?

– Comment ça « Qu’est-ce-je dis ? » ? répliqua la gothique. Je dis qu’on fait que vous détrousser, on veut pas vous tuer, mon pauvre vieux. »

L’intrus s’était volatilisé. Il ne restait plus que moi et les joyeux drilles qui me cambriolaient. Cette situation embrasa mon esprit. Je passais à l'offensive.

Aussi douloureux que ce me fût, je me redressais soudain, bousculant dans mon élan la gothique, qui poussa un cri de surprise. Déboulant dans l’appartement, je heurtais de plein fouet l’un des deux gars. Il portait mon lecteur DVD sous le bras, et celui-ci tomba lourdement au sol à sa suite. Mouais, le kit de survie de ces futurs survivants incluait opportunément quelque matériel ludique, histoire de se prémunir contre l’ennui durant l’hiver nucléaire à venir. Ils oubliaient un peu vite que cela aurait certainement raison du réseau électrique. Mais bon, qui s’en soucie ? Petits connards, songeais-je. Le gamin tenta de se relever. Je ne lui en laissais pas le temps et lui envoya la plante de mon pied nu en pleine face. J’en remis une couche pour être sûr.

Et de un. Derrière, la fille alertait ses copains. Ce faisant, elle rameutait aussi tout l’immeuble. Merci, cocotte !

Foutu pour foutu… je ramassais l’épave de mon lecteur DVD avec un air mauvais. Ne voyant pas le deuxième gars rappliquer, j’avançais à tâtons, le supposant planqué dans un coin dans l’intention de me surprendre. Qu’il eût pu se munir d’un ustensile de cuisine – au hasard un couteau – m’effleura, et je me figeais alors par réflexe.

J’entendis alors des voix s’élever comme la fille s’entêtait à s’égosiller ; à l’approche des résidents de l’immeuble, elle opéra une retraite stratégique, manifestement couronnée de succès puisque je ne la revis pas ensuite.

Je me remémore l’évènement, assis sur le lit, dans le noir. Le gars avait pris la tangente par la porte de la cuisine, se laissant sans doute glisser le long de la gouttière qui menait dans la cour intérieure. En restait un auquel j’avais entrepris d’enrouler autour des poignets et des chevilles du ruban adhésif afin de le tenir tranquille.

J’ai eu de la chance qu’une voiture de police fût disponible. Après avoir constaté l’effraction, je suis allé faire ma déposition au commissariat. J’ai un peu causé avec les flics ; ils m’avaient trouvé un capital sympathie à cause de la façon dont j’avais ligoté le délinquant. Ils m’ont ainsi confirmé le nombre aberrant d’appels reçus la nuit dernière signalant l’effraction du seul et même individu. Ils m’ont également, à demi-mots, recommandé à la prudence pour les prochains jours, avançant la hausse dramatique du nombre d’agressions à la personne sur tout le pays.

J’en ai pris bonne note et les ai remerciés pour leurs conseils.

Je veille jusqu’à ce qu’Emilie finisse enfin par rentrer. Je lui explique la raison de l’état de l’appartement, que j’avais commencé à nettoyer avec ce qui me restait de forces. Ceci fait, et après un repas aussi spartiate que la veille, je me laisse gagner par la fatigue, soulagé de la savoir auprès de moi.

L’intrus ne se manifesta pas cette nuit là.

Le lendemain, nous nous appliquons avec Samir, Paul, Marc et tous les collègues, à classer le foutoir laissé par les vandales. Classement, rangement, classement, rangement. C’est laborieux, inintéressant, rageant, pénible. A nos côtés, les ouvriers d’une entreprise de nettoyage effacent les gribouillages sur les murs et le sol. Quelques pauvres heures de sommeil ne sont pas parvenues à me retaper. Je suis véritablement lessivé. Je ne cesse de repenser aux paroles de l’homme hier – à supposer que ce soit un homme. Pourquoi faudrait-il que j’aille à l’hôpital ? Cette recommandation ne m’affecterait pas outre mesure si elle n’était pas venue de Lui… Vu les incroyables talents qu’il a déployé sous mes yeux, je suppose que je serais bien avisé de suivre son conseil.

Même si je ne l’aime pas.

Le soir, ma douce et moi profitons d’une fiabilité provisoire du réseau électrique pour manger chaud. Les pannes successives ayant cassées la chaîne du froid, nous fûmes contraints de jeter la plupart des produits stockés dans le réfrigérateur. Pendant le dîner, je me promets de prendre rendez-vous chez le médecin pour faire un bilan de santé. Demain. Je n’aime pas ce qu’induit cette recommandation.

Affalés sur le canapé, on saute d’un programme à un autre, rassurés de retrouver la compagnie familière de la télévision plus que vraiment intéressés par ce qu’elle proposait.

Mon regard se pose sur Emilie : ses cheveux, son visage qui m’apparaît de profil, son nez à la retroussette avec lequel j’adore la taquiner ; le parfum de sa peau ; la chaleur de son corps contre le mien ; sa présence. Les fenêtres donnant vers l’avenir commun que nous désirons tous les deux. Je me penche sensiblement et lui glisse à l’oreille un petit « Je t’aime ».

Elle ronronne, puis se blottit davantage contre moi. Aucune Apocalypse ne me privera de nous, résolus-je.

Dix minutes plus tard, je n’en suis plus aussi sûr…

L’écran de la télé affiche en gras les mots :

« ATTENTION : ÉTAT D’ALERTE ! »

Passe une succession d’images montrant des députés catastrophés dans l’amphithéâtre de l’Assemblée Nationale. Des images d’un site « sensible » où aurait eu lieu un dramatique incident. Des journalistes et des scientifiques évoquent une pandémie à l’échelle nationale. Soudain, malgré nos pulls, nous avons froid.

Il y aurait eu des fuites sur internet malgré les précautions prises, aussi le Chef de l’Etat adressait-il un communiqué officiel au peuple français :

« Mes chers compatriotes… – je zappe les formules d’usage. La France a aujourd’hui à faire face à l’épreuve peut-être la plus cruelle qu’elle ait jamais vécue au cours de sa longue histoire (…) Comme vous le savez tous, la récente suractivité de notre astre a généré une quantité invraisemblable de défaillances techniques sur l’ensemble des installations du globe, du réseau électrique aux réseaux téléphoniques, de nos (…), saturant et endommageant les (…) protocoles de sécurité ne sont pas conçus pour faire face à un tel (…), dont les conséquences sont imprévisibles (…)

« Mes chers compatriotes, suite à de graves avaries, l’un des centres de recherche épidémiologique de notre pays a dernièrement relâché une quantité massive de… de bacilles infectieux… dans l’atmosphère. Euh, le périmètre de propagation ainsi que la gravité de l’in…fection, sont activement étudiés par nos plus brillants scientifiques (…) Nous vous informerons de l’évolution des (…). Il est impératif que le peuple français conserve son calme face à la (…) Déclare le couvre-feu (…) Humainement possible (…) Nous nous engageons solennellement à tout mettre en œuvre pour que (…)

Divers intervenants affirment ultérieurement que l’incident est survenu il y a plusieurs jours. En fin de semaine dernière, plus précisément.

Stupéfaits, emmitouflés dans nos pulls, Emilie et moi frissonnons. La France a froid comme jamais peut-être auparavant.

  • Texte proposé dans le cadre du concours "Apocalypse" d'Univers Poche.

    Comme à mon habitude (ce que ne reflète pas le très modeste nombre de textes que j'ai publié sur WLW - ainsi que leur qualité, je pense humblement) j'en ai fait un peu trop, et il m'a fallu supprimer des passages qui apportaient plus de cohérence à l'ensemble afin de ne pas excéder le maximum de signes autorisés. Un crève-coeur en miniature, bien que ça ait l'avantage de mettre en lumière des séquences du texte qui ne lui sont pas nécessairement utile, donc... :)

    · Il y a environ 12 ans ·
    Yellow night dream orig

    Cyan Liore

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