Contre jour

luthia

Tu te souviens de ce weekend là ? Ce long weekend de quatre jours. On avait fait le pont ; on avait fait le mur. Le chat est allé chez ta mère, le téléphone sur messagerie. 
Tu te souviens ? On avait pris les valises ; on avait pris le large ; on avait pris le train.
Le train-couchette. Tu avais râlé un peu : « Un lit superposé avec quatre inconnus ! C’est ça pour toi des vacances romantiques ? »
On avait beaucoup rie du bruit, des odeurs de sandwich
aux œufs, du sempiternel bébé hurleur du compartiment d’à coté.

J’ai pris des photos, pleins, pour avoir des souvenirs, des choses à montrer. Toi ; tes lunettes de soleil et toi ; les valises tes lunettes de soleil et toi. Nous en contre plongé, contre jour, contre l’autre. Le mouvement du train donne un flou artistique magique fantastique « fantasmagorique » comme tu dis. Il te rend, toi sur la banquette, si désirable mais inaccessible.

Arrivé à Rome. Mal dormis, les lunettes cachent tes cernes. Et ce petit hôtel, t’en souviens-tu ? Il était typique et bruyant, près d’une pizzeria. Je nous revoie titubant dans la rue, ivres de la fatigue de l’explorateur et du lambrusco, si frais qu’il passait tout seul ! Les photos ne sont pas droites mais ça fait artiste.

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