Dans la cour

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Le terre a mélangé ses âpretés à l’eau. Des cailloux baignent, dociles, dans le seau . Je la regarde, ma sœur, ma compagne, mon meilleur que moi .

 

Elle prépare, un pli ourlé sur son menton, les yeux partis, la bouche ouverte, sa pitance fabuleuse. Ses mains se multiplient et parfument de réel les égarements de ses souhaits.

Il y a quelque part, entre ses doigts et elle, une alchimie furieuse qui la mène en silence à oublier l’épreuve de ses jours à grandir. Noirs, brume flottante, ses cheveux galopent au gré de ses sursauts

 

La poupée, délicieuse, attend.

 

Elle a faim.

 

Habillée toute oblique, elle fixe obstinément les périples pétillants de cette chair vivante, si semblable à la mienne. Ma sœur, ma cadette, lépidoptère étrange, va et vient, affairée ,si soucieuse à mon renoncement. Abandon passager de mes prémices femelles.

Papillons, couleurs éparpillées, petites filles pirouettes, rejoignent le spectacle éphémère d’une mère en avenir. Incrustées, dans l'aussitôt vivant, elles piaillent, s’affolent et s’enflent de raison.

Là, je laisse, désolée , les oiseaux fondateurs de monde.

 

Je pars, je passe mon carquois, j’agrippe mon arc, j’enfourche mon pur sang et je cours débusquer les blêmes mangeurs de terre.

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