Dans un violon

poulpita

Chaque mot comme une scie sur la peau. Cicatrices à vif. Les fraîches, les anciennes. Le chaudron de cailloux brulants, à chaque bouchée. La croix sur les épaules. Vas-y souris. Vas-y, sois-toi. La date, l'heure, comme des poignards, chaque ligne, comme des seaux de glace. Mais vas-y. Souris. Ya rien là.

Dehors. Vite. Je vrille. J'explose. Je brûle. Je me couche.

Je m'écris depuis le brouillard, le magma de mes pensées. Trop à l'étroit. Trois. Quatre. Cinq. Six. Le doute se déverse comme un torrent, misère ordinaire. Un endroit où le moi et ses doubles combattent, inséparables. A chaque coup, je perds. Je m'écris depuis les terres de la confusion, où rien de pire ne peut arriver.

Dedans. Doucement. Je tais. J'étouffe. J'abandonne.

Je m'écris depuis les terres pour me rassurer. Me dire que quelqu'un me lira. Je sais moins de chose chaque jour et je grandis quand même. Je croyais n'avoir rien commandé. Souhaité que rien, ni personne ne bouge. Pour prendre le temps de réparer la machine. Ou pisser dans un violon.

  • Je ne te vois pas : tu es trop loin,
    je ne connais de toi que ce que tu écris,
    en équilibre incertain , tu parcours ton monde
    avec la parole des terres lointaines .
    Tu as extrait du chaudron des cailloux brûlants,
    et tu les répands sur tes pages,
    entre des seaux de glace.
    Les doubles se combattent, et pourtant inséparables,
    à la façon des volcans en Islande,
    fournaise fumante
    dont une face reste couverte de neige.

    Comment peut-on distinguer les cicatrices à vif,
    de celle de ton sourire ?
    Vas y : égrennes le doute, mets en route la machine,
    grincement des bielles, doigts dans la prise ,
    pendant que je reste immobile :
    j'ai déjà fort à faire avec le magma de mes pensées,
    alors, si chaque ligne se dilue,
    je comprends de moins en moins de choses ;
    et j'arrangerai les mots à ma façon
    pour que je m'invente un chemin ,
    et que de l'envers je fasse un endroit.

    -
    RC - mars 2018

    · Il y a environ 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • Merci pour ce cadeau. Tout est bien mélangé ici. Pardon si je te confuse plus encore, moi ça m'a rendue très claire :)

      · Il y a environ 6 ans ·
      La libertad   schiele

      poulpita

  • Rien n'est inutile, ce texte bien écrit, montre la peur en même temps que le souhait d'être écouté, entendu. Croire qu'on sait de moins en moins chaud jour est faux. C'est un écran de fumée... L'enseignement que la vie nous apporte s'arrête au moment du dernier souffle.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Pas mal du tout.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

  • Ici l'équilibre est parfait et la chute, inattendue. Vous surprenez. Persévérez!

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

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