Danser

aile68

Danser sur les tables en Espagne, Carolina le faisait bien, s'allonger au soleil sur la murette du lycée, elle aimait ça aussi, je l'ai laissée dans un coin d'Italie, mariée à un jeune qui est devenu avocat, elle aurait aimé que je vienne fêter ça moi aussi, mais j'étais coincée en France, si j'avais voulu je me serais débrouillée pour y aller mais ma satanée sagesse m'en a empêchée. Je n'aime pas cette sagesse là, dans la vie il faut oser faire certaines choses même si elles semblent un peu déraisonnables, ça me fait penser au professeur du "Cercle des poètes disparus" qui exhorte ses élèves à "sucer la moelle de la vie", à vivre véritablement. Si j'avais osé je serais allée en Autriche aussi, je me suis arrêtée  chez une amie à Trento, une ville italienne pas loin de la belle Autriche, c'est déjà pas si mal. C'était ma période "internationale", l'année d'avant j'ai baigné dans un melting pot qui m'allait très bien, même petite j'aimais ça, je sais qu'au-delà de la frontière on pense à moi, je suis ici et là, telles des pièces de tissu cousues en un patchwork léger léger qui me chatouille la peau quand il m'effleure. 

Le raccommoder ce patchwork, ici et là, avec des bouts de souvenirs, ce qu'il me reste de plus beau pour continuer à vivre et à rire quand il me chatouille. Il n'a jamais cessé cet appel de l'étranger, et dans mon être et dans ma peau, parfois il me saisit si fort qu'il creuse un vide dans ma poitrine. J'y retournerai un jour, dans un an, dans deux ans, mais j'y retournerai. Et puis après je serai telle une bulle d'air, heureuse et légère, qui vole, qui vole... On m'a ramené un jour, du sable d'Alicante, en Espagne, le sable je l'aime dans mes baskets après qu'on est revenu de vacances, ça me rappelle combien ma vie a été douce et sereine pendant ce temps-là, même si c'était le temps d'un week-end.






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